La facture des accidents routiers estimée à plus de 60 milliards de dinars

Hausse de la sinistralité routière de 30% depuis le début de l’année

La crise sanitaire du Coronavirus qui secoue le pays depuis le début de l’année 2020 a mis à plat l’économie nationale, impactant à des niveaux différenciés le marché financier, industriel, agricole et celui des assurances.

Ce dernier a vu son chiffre d’affaires chuter de plus de 5%, comparé aux bénéfices de leur activité réalisés en 2019. Si les compagnies ont réussi, relativement, à économiser sur le versement de cotisations automobiles, conséquence des restrictions des déplacements imposées durant la période de confinement de la population, aujourd’hui la totalité de leurs réserves (infimes) sont versées pour la prise en charge des accidents de la route, en hausse. Des dépenses dont la partie la plus importante restent, toutefois, à la charge du Trésor public. Un coût financier que l’Etat partage avec les sociétés d’assurance dans la prise en charge des victimes des accidents de la route. Ces derniers, auraient coûté, d’ailleurs, plus « de 60 milliards de dinars depuis le début de l’année sur le niveau national », a indiqué, avant-hier, le Président-directeur général (P-dg) de la Société nationale d’assurance (SAA), Nacer Saïs, sur les ondes de la Chaîne III, radio algérienne. L’Algérie enregistre depuis le début de l’année en cours une hausse inquiétante de sinistralité routière qui dévore les fonds de l’Etat et a mis à sec les caisses des assureurs, profondément touchés par la crise sanitaire.
L’augmentation de la mortalité routière en Algérie est constatée, notamment, après l’assouplissement des mesures de confinement qui a encouragé un retour massif et croissant des déplacements et de la circulation routière, ce qui a impacté la sécurité routière, en plus des mauvais comportements des usagers de la route. « Nous enregistrons une recrudescence des accidents de circulation, à hauteur de 30%, comparativement à 2020 », a fait savoir M. Sais, évaluant le montant global des indemnisations au niveau de la SAA, « à plus de 60 milliards de dinars jusqu’à la fin mai 2021 ». La facture des accidents de la route représente un lourd fardeau aux compagnies d’assurances et aux caisses de l’Etat qui prennent en charge financièrement l’indemnisation des victimes et des familles des victimes des accidents routiers en cas de décès. L’Etat alloue annuellement à la prévention et à la gestion des risques majeurs, en moyenne, une enveloppe financière de plus de 34 milliards de dinars, selon les déclarations du directeur de recherche, délégué national aux risques majeurs auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire, Hamid Afra.
Une partie de ce budget est destinée à la prise en charge des accidents de la route en constante hausse depuis des années. L’insécurité routière coûte trop cher aux acteurs socio-économiques, compagnies d’assurance qui affichent depuis le début de la crise un « taux de croissance négatif ». C’est ce qu’a assuré, au mois de mai écoulé le ministre des Finances, Aymène Benabderrahmane. Il a déclaré, pour rappel, que « c’est pour la première fois que le marché des assurances connaît un taux de croissance négatif », renvoyant cette régression à « la situation pandémique que connaît notre pays à l’instar de beaucoup d’autres pays du monde ». Le premier argentier du pays avait annoncé une baisse du chiffre d’affaires du secteur des assurances en 2020 « à 136 milliards de dinars, soit 6% de l’activité des assureurs, contre 144 milliards en 2019, soit une baisse de 8 milliards de dinars, en raison notamment de la crise sanitaire de Covid-19 ». Cette dernière a alourdi l’ardoise de l’Etat et des compagnies d’assurance publiques et privées qui crient leur détresse depuis des mois.
Dans une déclaration accordée à la Radio nationale, le premier vice-président de l’Union Algérienne de l’Assurance et de la Réassurance (UAR), Hassen Khelifati, , a indiqué que « beaucoup de morts ne sont pas recensés, et que l’Etat s’en occupait », expliquant que « il y a le coût financier qui est pris en charge par les assureurs, mais le chiffre le plus important est pris en charge par l’Etat directement chaque année avoisinant chaque année un (01) milliard de dollars ». Depuis le début de la crise sanitaire, certaines compagnies d’assurance n’arrivent plus à rembourser leurs clients ou les victimes des accidents de la route à cause de leur problème de trésorerie qui dure depuis le début de la crise sanitaire dans le pays.
Samira Takharboucht