Guettée par l’effondrement massif des indices économiques internationaux

La relance industrielle est la dernière carte de survie après la pandémie pour l’Algérie

Conscient que la crise sanitaire du Covid-19 actuelle déstabilisera son économie, l’Etat algérien a promis de revoir son plan de développement économique à travers le soutien de la production nationale et la réformation de plusieurs secteurs stratégiques en adéquation avec les objectifs et les enjeux qu’incombent la conjoncture internationale.

Une riposte légitime et logique étant donné que le pays vit déjà une crise économique et politique a conséquences multiples depuis plusieurs mois. La décroissance et le repli des investissements dans le secteur pétrolier en Algérie, actuellement, sont dus à une crise antérieure que le marché mondial vit depuis septembre 2018, impactant l’activité économique des pays dépendants de la politique rentière. La crise sanitaire a mis à nu les stratégies économiques et politiques du pays et a démontré en profondeur l’absence de gouvernance et le dysfonctionnement de la politique publique surplombée par la bureaucratie et le monopole par certains groupes industriels locaux du marché national, absorbant toute la demande et profitant des failles juridiques et le délabrement des systèmes de gestion pour construire leur empire monopolistique que les anciens gouvernants ont cautionné. Faisant ainsi émerger et imposer le diktat des lobbyings qui ont mis la main basse sur les secteurs industriels essentiels, notamment, manufacturier, automobile, technologique et pharmaceutique.
L’emprise exercée par ces groupuscules qui ont externalisé leur activité et profit sans générer la moindre ou à minima de valeur ajoutée n’ont fait qu’aggraver le déficit du Trésor public et transvaser les caisses de l’Etat avec leurs partenaires étrangers. Les répercussions aujourd’hui de l’ancienne politique de gestion du patrimoine économique national et la répartition des marchés publics s’abattent sur toute l’économie nationale, notamment, sur les entreprises publiques et privées qui se percutent aujourd’hui à une crise d’une autre dimension. En plus de la crise sanitaire qui a poussé certaines entreprises, notamment, les TPE et les PME à la cession, d’autres s’avèrent plus résistantes en dépit des difficultés financières et de la situation globale des finances publiques, mais la conjoncture actuelle impose de la sagesse et surtout des sacrifices pour mettre en place un plan d’urgence pour parer à tous les manques et éviter une crise économique éminente après la dissipation de l’épidémie.
Pour que l’économie algérienne franchisse la crise du capitalisme, certains experts économiques et financiers ont plaidé pour le soutien de la production nationale solide et rattraper le retard cumulé dans le développement des nouvelles technologies, moderniser les réseaux bancaires et surtout se passer de la politique rentière qui a démontré ses limites. Force est de constater que les efforts agressifs de certains industriels locaux, à l’instar du groupe pharmaceutique Saidal, de Gipex, de l’ENIE et plusieurs autres entreprises qui par leurs propres initiatives montent au créneau afin de soutenir l’Etat dans cette crise sanitaire et surtout aider à surpasser mutuellement cette période. L’effort de ces sociétés ne devrait pas être conjoncturel et instantané.
Il devra constituer un nouveau départ pour la production nationale et profiter de la conjoncture internationale où certains pays ne font pas face uniquement à la pandémie, mais également, à leur choix économique imposé par leur obsession du gain et de leader prôné par l’impérialisme néolibéral. L’Algérie devra, par ailleurs, se réjouir, par la force de circonstance, de ne pas faire partie de ces puissances qui devraient faire face à leur limite. L’exemple d’une économie épanouie nous vient de la Chine et l’Inde qui ont construit leur économie sans délocaliser ou externaliser leurs profits. Un modèle de gestion et industriel que l’Algérie devra adopter pour ne pas reproduire les erreurs du passé et considérer la rente pétrolière comme une ressource secondaire qui alimentera un fonds de secours comme était le cas avec le fonds de régulation des recettes (FRR).
Aujourd’hui, la réponse est simple soutenir le développement et la diversification industrielle ainsi que les entreprises de production petite ou grande, accompagner les porteurs de projets et instaurer s’il le faut un revenu universelle pour les travailleurs des secteurs stratégiques ou administratifs afin de soutenir la demande et le pouvoir d’achat pour couvrir le marché local avant de se diriger vers l’international. Mais aussi revoir et redéfinir les priorités nationales et réformer le secteur de l’éducation et de la santé afin de s’affranchir de leurs dysfonctionnements. Sans oublier, le secteur des nouvelles technologies et des énergies renouvelables qui attirent les porteurs de projets et les jeunes compétences que l’Etat devra prendre sous sa tutelle avant leur envol, également, collaborer avec les grandes entreprises en matière de sous-traitance pour ainsi réduire la dépendance du pays à l’importation. L’Etat devra trancher sur sa prochaine politique économique et abandonner définitivement celle de la dépendance et se fier à la débrouillardise des compétences nationales.
Samira Takharboucht