à la découverte des cratères météoritiques

Association «Lion de l’Atlas» de Djelfa

L’association des activités de montagne «Lion de l’Atlas» de Djelfa a organisé des sorties touristiques dans le Sahara algérien visant la découverte de certaines de ses merveilles connues par les seuls initiés, à savoir les cratères météoritiques de Madna (Laghouat), d’Amguid et de Tin Bider (Ain Salah), a appris l’APS auprès de ses responsables.

Le cratère de Tin Bider, situé dans le plateau du Tinrhert, à 340 km d’Aïn Salah, a constitué l’objet de l’une de ses sorties organisée, en mars dernier, par l’association avec l’aide d’un guide touristique de la région, et en coordination avec l’Office du parc national de l’Ahaggar, a indiqué le président de l’association Chouiha Abdelkader. «Cette aventure, qui nous a permis de passer deux nuits entières sur site, a été précédée par des préparatifs conséquents pour assurer son succès, dont un exposé pédagogique au profit des personnes qui y ont pris part, sur l’historique de cratère et son intérêt du point de vue touristique notamment», a-t-il ajouté, signalant, également, la prise de toutes les dispositions administratives y afférentes, dont les «autorisations nécessitées auprès de l’Office du parc national de l’Ahaggar, et la prise de contacts avec l’auberge de jeunes de la ville». L’expédition fut lancée de nuit en partance de la capitale de la Steppe (Djelfa) jusqu’à celle du «Didikelete» (Aïn Salah). C’est là qu’on changea de moyen de transport. On fit monter équipements et matériels à bords de 4X4, et l’aventure commença. La route jusqu’au cratère «Tin Bider», sis dans la commune de Feggara Zeoui en passant par les plateaux calcaires de Reg Aguemour et Asfer, était étayée de paysages lunaires d’une grande beauté.

Le cratère de Tin Bider, un phénomène géologique unique du genre
La position élevée et les anneaux concentriques de Tin Bider suggèrent une structure très complexe. Le cratère a été formé dans les dernières 70 millions d’années, peut-être à la fin du Crétacé ou au début du Ter. Son diamètre est de 4,5 kilomètres. Selon Hakim Chouiha, chercheur du domaine et membre de l’expédition, l’intérêt de cette sortie réside principalement dans la «prise de photos du site, car considérées comme rares, à l’exception de celles prises par satellite», a-t-il dit. Soulignant «la grande importance de cette expédition culturelle, qui nous a mené dans l’un des déserts les plus chauds au monde», M. Chouiha a également «loué le rôle et la contribution de l’Office du parc national de l’Ahaggar, qui couvre de vastes étendues géographiques, dont le plateau du Tidekelt», a-t-il observé. Le chercheur n’a pas manqué, en outre, de plaider pour l’impératif de l’exploitation de ce type de ressources naturelles détenues par l’Algérie, pour en faire une destination touristique de choix pour les amoureux d’aventures, et partant un facteur de développement durable, sans pour autant porter atteinte à l’équilibre de la nature. Cette initiative du club «Lion de l’Atlas», se veut une contribution pour la «promotion et valorisation du patrimoine naturel et géologique, à travers une dynamique touristique à mettre au service des populations locales», a-t-il ajouté. Pour Messaoud Bensalem, membre du même club, «cette sortie a été riche en informations et observations d’ordre multiples (géologie, agriculture, histoire, urbanisme, linguistique), grâce aux échanges effectués avec des habitants de la région», a-t-il assuré. En effet, les membres de l’expédition se sont fait accompagnés par un groupe d’autochtones, qui n’ont pas ménagé d’efforts pour leur porter aide et assistance dans cette aventure singulière, à leur tête le guide Ben Bahame Abdelkader. «Les cratères météoritiques sont des témoins vivants de changements géologiques et climatiques d’importance sur notre planète. Ils concentrent un patrimoine géologique unique», a estimé, pour sa part, Dr Bouakaz Aissaoui, professeur en archéologie à l’université de Djelfa et membre du club. Il a lancé un appel en vue de l’«étude des formes de vie dans le désert et à la réalisation de fouilles susceptibles d’aider à comprendre l’origine de la vie en Algérie», a-t-il dit, parallèlement à «l’encouragement du tourisme culturel comme facteur de développement du sud algérien», a-t-il plaidé.

Les caractères de «Madna» et «Amguid»
Selon Chouiha Abdelkader, cette aventure de découvertes palpitantes a commencé avec le cratère météoritique de Madna, situé dans la commune de Hassi Delaà de Laghouat. De 1,75 km de diamètre, et 60 m de profondeur, son âge est estimé à prés de 3 millions d’années. «La route vers ce cratère (60 km) était particulièrement difficile. C’était un véritable défi sous des températures étouffantes et des vents très forts» , a-t-il souligné. Le cratère d’Amguid est l’autre merveille géologique mise à jour, par le club «Lion de l’Atlas», après avoir demeuré pendant des dizaines années, connu d’un seul petit groupe d’initiés, à cause de l’extrême difficulté de la route y menant et de son ement. L’Amguid est un cratère d’impact météoritique plutôt jeune puisqu’il date de moins de 100.000 ans, selon les spécialistes du domaine. Il est situé sur le mont «Mouidir», qui est considéré comme une extension de l’Ahaggar. Son diamètre est de 550 mètres et sa profondeur d’environ 65 mètres. Ce cratère est parfaitement conservé, grâce à l’absence des chutes pluviales dans la région (15ml/an), selon le chercheur Chouiha. Il est situé sur le territoire de la commune d’Aïn Mguel, relevant de la wilaya de Tamanrasset, qui est partie intégrante du Parc culturel de l’Ahaggar , couvrant une superficie globale de 633 km2, de zones géographiques diverses, dont l’Ahaggar, les plateaux de Tafdast, Mertoutek, Amdagour, les monts Amdir, Ahent, Arak , et le Tideklet limitant le plateau de Tadmait. Dans son entretien avec l’APS, le président de cette association a souligné la «poursuite ultérieurement du programme de découverte des cratères d’impact météoritique en Algérie. Notre prochaine destination sera la wilaya de Tindouf, considérée parmi les quatre sites de mutations géologiques en Algérie, suite à la chutes de météorites depuis des millions d’années», a-t-il indiqué. Outre les sorties de découvertes multiples, organisées au profit des amateurs d’aventure et du camping en pleine nature, l’association «Lion de l’Atlas» de Djelfa est un acteur actif dans la préservation de l’environnement à l’échelle locale, à travers sa contribution à de nombreuses campagnes de boisement notamment. «Nous avons grand besoin d’un soutien des autorités locales pour développer nos activités en direction des jeunes, outre la promotion des sports de montagne, comme le parapente notamment», a souligné son président.
R.C.