S’impose pour l’Algérie la solidarité nationale et l’urgence d’une loi de Finances 2020 complémentaire

Avec la chute du cours des hydrocarbures

La loi de Finances 2020 élaborée en décembre 2019 avant crise économique qui a vu le cours des hydrocarbures (pétrole et gaz) divisé par deux doit être repensée tant pour limiter la baisse des réserves de change que limiter le déficit budgétaire et l’Algérie devra en tirer les leçons pour ne pas dépendre éternellement d’une rente éphémère.

Le niveau des réserves de change a été calculé avec l’hypothèse d’un accroissement des recettes de Sonatrach et d’un niveau des importations de biens, de 38,6 milliards de dollars en 2020,devant te ir compte des services, souvent oubliés entre 911 milliards de dollars par an entre 2010/2019. Comment dès sans verser dans le nihilisme de l’action de l’actuel gouvernement, la crise actuelle inattendue touchant tous les pays sans exception, (la priorité étant la vie humaine qui n’a pas de prix), il s’agit pourtant d’expliquer clairement les impacts économiques et sociaux de la baisse sensible des importations de biens et services, et comment combler l’écart entre la demande et l’offre globale. Une explication s’impose sachant que le taux d’intégration tant des entreprises publiques que privées ne dépasse pas 15% en moyenne, une restriction draconiennes risquant d’étouffer comme au Venezuela, le peu d‘unités productives existantes. Des ministres doivent cesser leurs déclarations euphoriques qui provoquent une névrose collective au niveau des citoyens, qui est consciente de la gravité de la situation, d’où l’urgence d’un langage de la vérité, rien que la vérité sur la situation économique du pays car pour la situation sanitaire, devant rendre hommage à ce corps malgré la faiblesse des moyens, il faut le reconnaitre fait de son mieux. Car, comment avec une entrée en devises de plus de 1000 milliards de dollars (sans compter les dépenses en dinars) entre 2000/2019 dont pour Sonatrach avec ses dérivées 98% et une sorties de devises concernant les biens et les services (entre 9/11 milliards de dollars/an entre 2010/2019), ayant dépassé 935 milliards de dollars n’ont permis qu’un taux de croissance, moyenne annuelle, entre 2,5 et 3% montrant un divorce entre la dépense et les impacts économiques et sociaux : mauvaise gestion ou corruption ou les deux à la fois. L’Algérie a besoin d’une vision stratégique qui fait cruellement défaut où selon les rapports internationaux, le pays risque de connaître une profonde crise économique avec des répercussions sociales, voire politiques, si elle continue dans l’actuelle trajectoire. Comme en témoigne le taux de croissance lié au climat des affaires où l’Algérie selon le dernier rapport de la banque mondiale 2019 est classée 157ème sur 190 pays, renvoyant à la mauvaise gouvernance, bureaucratie, corruption, système financier et système socio-éducatif non adapté , étant classée parmi les derniers pour l’innovation. Comment dès lors créer entre 350.000/400.000 empois par an entre 2020/2025, qui s’ajoutent au taux de chômage actuel nécessitant un taux de croissance de 8/9% par an pour éviter de vives tensions sociales ? Cela a un impact négatif sur le taux de chômage avec une population de 44 millions d’habitants au 01 janvier 2020, une population active d’environ 12,5 millions où selon le FMI, en raison du ralentissement du taux de croissance, dominée par l’impact de la dépense publique via la rente Sonatrach, avant la crise, prévoyait 12% de taux de chômage en 2020 et 13,5% en 2021, ce taux ne tenant pas compte des emplois rente, faire et refaire les trottoirs. Et l’on devra prendre en compte que d’ici dix ans en attendant la réforme du système des retraites qui sera le grand défi des années à venir ; le vieillissement de la population, où la moyenne d’âge des deux sexes selon le rapport de l’ONU, 2018, est à environ 78 ans de durée de vie. C’est la gouvernance actuelle pose problème n’ayant pas de vison stratégique des réformes à mener n’étant ni dans une économie étatisée, ni une véritable économie de marché concurrentielle avec le rôle de l’Etat régulateur, étant toujours dans cette interminable transition depuis des décennies, produit de rapports de forces politiques et sociaux qui se neutralisent. Cela rend difficile une véritable régulation centrale et locale comme facteur d’adaptation aux nouvelles mutations mondiales, fondée sur le savoir, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, vivant encore de l’utopie de l’ère matérielle des années 1970/1980, du fait du blocage culturel. La crise actuelle de 2020 a donc montré toute la vulnérabilité des économies rentières, où face à l’impact de l’épidémie du coronavirus, comparable à une guerre planétaire, et devant la gérer en tant que telle, où l’économie mondiale connait, trois chocs, un choc de l’offre avec la récession de l’économie mondiale, un choc de la demande. En résumé, face à, une crise sans précédent touchant toute la planète , le monde ne sera plus jamais comme avant, la crise de 2020 préfigurant, non pas la fin de la mondialisation, mais une nouvelle architecture des relations entre l’Etat régulateur et le Marché encadré pour certains services collectifs (santé, éducation), et d’importants impacts sur les relations politiques et économiques internationales. Pour l’Algérie s’impose la solidarité nationale la revalorisation des compétences, ce savoir dans tous les domaines, souvent oublié, ayant pour la majorité des nominations, favorisé les relations de clientèles – acte de soumission alors qu’en période de crise s’impose une autonomie relative dans les actes de décisions – et surtout une moralité sans faille des dirigeants. Ce n’est qu’une première épreuve, l’Algérie étant indissociable de l’évolution du monde. Le XXIème siècle sera confronté à de profonds bouleversements et à relever de nombreux défis imposant une nouvelle gouvernance locale et mondiale, liées à la pression démographique, (l’Afrique le quart de la population mondiale horizon 2040/2050 avec 2,4 milliards sur 9,7, ) : la guerre de l’eau liée à la guerre alimentaire, la guerre biologique, la guerre numérique et la guerre écologique, avec d’importants flux migratoires due au réchauffement climatique (sécheresse, inondation, vents violents, cyclones) avec des recompositions territoriales, ces quatre guerres, ayant des incidences sanitaires, économiques et sécuritaires. L’on devra penser à l’inévitable transition énergétique mondiale, éviter des calculs micro-économique étroits de l’entreprise appliqués sans tenir compte du contexte social, aux services collectifs et donc réhabiliter la fonction de bien-être collectif. Les mesures conjoncturelles énoncées précédemment, certes ont un impact sur le niveau des réserves de change, mais devraient ralentir la croissance qui est tirée essentiellement par la dépense publique via la rente des hydrocarbures en baisse. L’Algérie dont la production ne dépasse pas un million de barils jour en 2020, étant très marginale au sein de l’Opep, doit donc se préparer à de nombreux défis en ces moments difficiles avec les tensions internes inévitables sur les réserves de change (moins de 60 milliards de dollars fin mars 2020) et budgétaires entre 2020/2022. Les différentes composantes de notre société doivent transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que nos glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu pour eux.
Dr Abderrahmane Mebtoul expert international