Cette décision offre du crédit à l’État pour repenser ses stratégies économiques

L’Algérie baissera sa production pétrolière de 200.000 barils/jour

Après plusieurs semaines de tergiversation dans le rouge, les prix des cours du brut rebondissent légèrement au lendemain de l’accord conclu entre les membres de l’Opep et non Opep, lors duquel, a été convenu d’une réduction de 10 mbj, soit 10% de l’offre mondiale. Désormais, chaque pays procédera à des coupes dans ses extractions selon le volume global de sa production.

Pour sa part, l’Algérie réduira «sa production de 200.000 barils durant les mois de mai et juin en vue de stabiliser les prix du pétrole impactés par la crise du coronavirus», a précisé le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab. Il était parmi les premiers membres du cartel à appeler à une réduction «immédiate» du volume de la production et à l’apaisement des tensions entre le duopole russo-saoudien qui a aggravé la situation des cours du brut, sans mesurer l’impact de cette guéguerre sur les pays producteurs en difficulté financière, parallèlement, à la crise sanitaire du covid-19.
Impactée sévèrement par la baisse continuelle des cours de l’or noir, atteignant un niveau historique depuis 18 ans, l’Algérie a dû face à cette situation et agir rapidement afin d’amortir le choc du marché mondial sur son marché local vulnérable et sans couverture. Mais, aussi pour lutter contre la propagation de l’épidémie du coronavirus dans le pays. Devant cette urgence, la mise en place d’un plan d’urgence était prioritaire. Ainsi la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) s’est retrouvée face à deux défis, à savoir, contribuer dans la lutte contre le covid-19 et tenter de vendre son pétrole brut dans un marché en stagnation. Tant bien même qu’elle ait baissé la valeur de son pétrole, l’Algérie peine à le vendre dans un marché inondé de brut. La réduction de 10 millions (mbj) durant deux prochains mois (mai et juin) en vue de stabiliser les prix du pétrole impactés par la pandémie du coronavirus redonne un léger espoir aux pétroliers et aux petits producteurs à l’instar de l’Algérie afin de mieux se défendre dans un marché mondial agressif et régressif.
L’année 2020 est l’année de tous les défis, et surtout de la remise en question de l’efficacité du modèle économique mondial, en particulier et des politiques internes des pays. L’Algérie fait face à l’une des crises sanitaire et économique des plus violentes. La complexité de la situation a, également, mis le pays devant ses véritables priorités, dont celles de se libérer de la rente pétrolière et la réinitialisation de son système financier et économique. Possédant une faible marge de manœuvre, le pays devra profiter de son marché variable, de son capital humain et naturel afin de bâtir une véritable industrie et éradiquer les pratiques bureaucratiques pour asseoir une économie diversifiée basée sur une industrie solide. Cependant, il faut doubler de vigilance, étant un petit producteur, la concurrence est très rude et la dualité entre Ryad et Moscou compliqueront la situation et ne feront qu’affaiblir leur position sur le marché des cours de brut.
L’accord de jeudi dernier qui prendra effet le 1er mai de l’année en cours semble remonter le moral des prix et des pays producteurs du pétrole qui se solidarisent entre eux. «Les pays de l’Opep + ont décidé également d’un second accord. Celui-ci porte sur une baisse de la production pétrolière de l’ordre de 8 millions (mbj) durant le second semestre 2020 et un troisième accord a été signé aussi par les pays de l’Opep + portant sur une réduction de la production pétrolière de l’ordre de 6 millions (mbj) et ce à partir de janvier 2021 jusqu’au mois avril 2022», explique en détail, M.Arkab, qui n’a pas caché son optimisme. Il s’est dit confiant quant au rebondissement graduel des prix et la baisse des stocks dans le marché mondial. Par ailleurs, la situation actuelle nécessite plus de prudence, l’économie mondial est entrée officiellement en récession et l’enfermement des populations en raison du covid-19 témoignent de la gravité de la situation. Il faut se préparer à affronter une crise économique sans précédent après la pandémie. Le monde entier est en alerte.
Samira Takharboucht