Les membres de l’Opep et Opep+ réduiront leur production de 10 mbj, dès le 1er mai

Malgré la vigilance, la paix précaire entre Ryad et Moscou et l’incertitude :

Le président américain, Donald Trump a réussi à convaincre Moscou et Ryad de mettre fin à leur différend et se réunir afin de parvenir à un accord commun pour enrayer la chute des prix sur le marché mondial.

Une coupe de production de 10 millions barils par jour, soit 10% du marché de l’offre mondiale a été, par la suite, décidé jeudi dernier, lors de la rencontre visioconférence l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés Opep+, dont la Russie. Cette nouvelle réduction des extractions intervient dans une conjoncture exceptionnelle, bien que la crise du secteur pétrolier soit antérieure à cette crise sanitaire qui n’a fait qu’aggraver la situation. Désormais, de nombreux pétroliers réduiront davantage la valeur de leurs réserves face à l’abondante du brut sur le marché, ce qui impacté les prix de l’or noir ces dernières semaines en raison de la baisse de la demande due au confinement de la moitié du monde globale.
Cet accord entrera en vigueur à compter du 1er mai dans l’espoir d’amortir le choc de la baisse drastique des cours du brut ces dernière semaines et surtout permettre aux petits producteurs qui ont salué cette décision de reprendre instantanément leur souffle. La mise de côté de la rivalité russo-saoudienne, qui est à l’origine de la situation chaotique du marché mondial du pétrole serait une occasion pour les autres pays producteurs de se réorganiser, car nul n’est certain de l’application de cet accord et le respect des quotas de réduction. Les deux grands producteurs ont déjà enfreint à la règle et triché sur le volume de leurs extractions, par le passé. L’installation d’une commission pour veiller et surveiller l’application de cette entente est certes importante, mais il faut également s’assurer de l’impartialité et la transparence de ses membres vis-à-vis de l’évolution du marché pétrolier et financier.
Le monde traverse aujourd’hui une crise multidimensionnelle provoquée par la pandémie du coronavirus qui a démontré la limite de certains systèmes et modèles économiques qui prendront après la dissipation de cette maladie une autre trajectoire et redéfiniront le nouvel ordre mondial. La vigilance est de mise dans de telle circonstance minée par des tentions latentes et surtout des intentions différentes. Chaque pays lutte pour sa survie dans un marché qui se dirige vers une récession. Certains, dont les pays déjà en austérité, paieront les conséquences, à des niveaux différents. Se rapprocher d’un équilibre sur le marché pétrolier est une promesse difficile à tenir pour de multiples raisons qu’ont soulevées les spécialistes du secteur. Pour redresser les cours du brut, il faudrait, au préalable, convaincre les Etats-Unis de réduire leur extraction, ce qui ne peut se faire en raison de leur réglementation qui interdit à l’Etat d’imposer aux majors pétroliers une telle décision, ce qui attisent les craintes des petits producteurs qui ne peuvent pas réagir ou agir à l’inondation du marché.
Conséquemment, le déséquilibre se creusera, et tant que les populations resteront confinées pour une période indéfinie ou même avec un déconfinement progressif, le marché de la demande restera sensiblement bas. Cette décroissance et repli des investissements s’abattent sur la valeur du marché boursier qui traverse la pire crise de son histoire, depuis des années, ce qui provoquerait un choc social insoutenable. Pour amortir le choc pétrolier et le krach boursier, il sera recommandable, quelque soit la raison de cet accord, une baisse volontaires de production en raison de la faible rentabilité de l’extraction et de la baisse des cape, « si rien n’est fait par les autorités américaines, les stocks seront pleins dans deux mois. Alors, le monde devra couper 30 mbj de sa production», a déclaré un spécialiste du domaine aux médias internationaux. Pour cet expert et d’autres, le monde sera contraint d’ici quelques mois à réduire de plus de 20 mbj ses extractions. Pour rappel, l’accord scellé entre l’Opep et Opep+ a été adopté jeudi dernier, en mode visioconférence, dans l’objectif d’arrêter la chute libre des prix du pétrole.
Samira Takharboucht