Aucun média ne doit être financé de l’étranger

La loi enfin appliquée

L’Algérie récupère son droit dans son paysage médiatique, longtemps abandonné à toutes sortes d’interventions extérieures sans rapport avec l’intérêt national, parfois même contraires et même hostiles.

Le ministère de la Communication vient d’appeler, dimanche, la presse nationale au «strict respect» du droit en matière de financements étrangers. Les observateurs de la scène médiatique ont vite compris de quoi il en retourne. Pour les télévisions et les radios hertziennes ou satellitaires et les WebTV et les Web-radios, la loi 14-04 du 24 février 2014 est claire : «stricte obligation de justifier de l’exclusivité nationale du capital social, ainsi que de l’origine des fonds investis». Le ministère de la Communication fait remarquer que le non-respect de ces différentes dispositions «exposera nécessairement leurs auteurs éventuels aux sanctions prévues par les textes ad hoc», précisant que «Radio M est dans cette catégorie». «Cette radio a été lancée grâce notamment à des fonds en provenance de l’étranger, par le canal d’organismes se donnant pour vocation affichée de renforcer les processus dits de +modernisation+ et de +démocratisation+ », souligne le ministère de la Communication. «Il s’agit, comme on le comprend bien, d’un élément du soft power étranger, du bras armé culturel et médiatique de diplomaties étrangères qui interviennent dans ces processus appelés de +démocratisation+ dans les pays du Sud en encourageant des acteurs triés sur le volet et considérés comme étant des agents d’influence réels ou potentiels à encourager et à soutenir», conclut le ministère. En effet, tout le monde sait ou a fini par savoir que cette radio a bénéficié de financements étrangers aussi généreux que douteux sachant qu’ils ne sont jamais innocents, à moins d’être complètement crédules. A la bonne heure, est-on tenté de dire, le ministère a bien fait de rappeler que «les financements étrangers de la presse nationale (tous supports confondus), de quelque nature que ce soit et de quelque provenance que ce soit, sont absolument interdits». «Ces financements sont prohibés en vertu de la loi organique 12-05 du 1er janvier 2012 relative à l’Information et de la loi 14-04 du 24 février 2014 inhérente à l’activité audiovisuelle», note le ministère, ajoutant que l’article 29 de la loi sur l’Information souligne, de manière claire et précise, que «l’aide matérielle directe et indirecte de toute partie étrangère est interdite». Le même article oblige tous les médias écrits et audiovisuels à «déclarer ou à justifier l’origine des fonds constituants leur capital social et ceux nécessaires à leur gestion, conformément à la législation en vigueur», poursuit le ministère qui prévoit la remise à plat des textes législatifs et réglementaires régissant le secteur de la presse et de la communication, sur la base de la future Constitution et en prenant en compte un contexte en perpétuelle et rapide mutation dans le secteur.
L. A.