L’Opep craint un effondrement brutal de la demande mondiale

Confinement de la population et surplus de l’offre de brut

Une semaine après avoir paraphé l’accord d’urgence de réduire jusqu’à 10 mbj, soit 10% de l’offre mondiale par les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole et leurs alliés, dont la Russie, baptisée communément (Opep+), les prix ont légèrement repris des couleurs, mais le marché évolue en ordre dispersé sous la référence européenne stable et la référence américaine volatile.

Il est difficile de rétablir de l’équilibre de l’offre et la demande dans un climat morose, plombé par le repli de la croissance chinoise et la surproduction américaine qui inonde le marché de brut. La mission ou l’objectif des pays producteurs du pétrole et membres de l’Opep+ est de parvenir à absorber progressivement cette offre et endiguer la chute des prix qui ont enregistrés ces dernières semaines des niveaux historiques. L’impact a été ressenti particulièrement par les petits producteurs dont l’économie dépend directement des exportations des hydrocarbures, à l’image de l’Algérie. L’évolution du marché sur une note partagée entre la référence européenne stable et américaine volatile incitent les pays producteurs à redoubler d’efforts, mais surtout de prudence dans la gestion de cette crise. Dans son dernier rapport annuel, l’Organisation des pays producteurs du pétrole (Opep) a réitéré son engagement à poursuivre «ses efforts conjoints dans le cadre de la coopération Opep et Non-Opep visant à rétablir l’équilibre du marché mondial du pétrole qui subit actuellement un choc historique brutal». Confrontés à une vulnérabilité économique sans précédent, les pays producteurs de pétrole tentent de s’adapter à la conjoncture actuelle et faire face à la crise sanitaire du Covid-19 doublée d’une crise financière importante ponctuée par l’instabilité des prix du pétrole et la baisse de la valeur de l’or sur le marché mondial. Piégé par leur dépendance à la politique rentière et au marché chinois, les pays producteurs du pétrole subissent de plein fouet les conséquences de cette crise les incitant à baisser leur volume de production au risque de réduire leurs recettes en devises et éroder les réserves de change, ce qui conduirait ces pays, faute de perspective et d’industrie solide et diversifiée, à un choc social et humain sans précédent. Un plan d’urgence d’action interne devrait être mis en place afin de parer à ces manques et traverser cette zone de turbulence à effet durable. L’Algérie fait partie de cette catégorie qui vit une multi-crise et qui s’apprête à relever des défis à haut risque. La déprime continue du marché et la décroissance mondiale complique la mission des pays membres du cartel qui, d’après certains experts du domaine pétrolier, notamment américain, la réduction du volume des extractions de 10 mbj est insuffisant pour absorber le surplus du brut. Cette baisse aura un effet à court terme avant de plonger le monde dans une nouvelle crise, car les Américains dont les producteurs ne sont soumis à aucune réglementation, continuent à alimenter et inonder le marché avec leur pétrole provoquant la saturation à  nouveau du marché. Pour ces experts, la baisse des quotas de production devrait être fixée à 20%, soit le double de ceux qui a été décidé dans l’accord validé récemment par l’Opep+. Cependant, si les Etats-Unis ne se joignent pas à cette initiative comme l’a fait le Canada, il sera toujours difficile de maîtriser les prix et équilibrer l’offre et la demande à cause de la propagation du Covid-19 qui a poussé le monde au confinement.

«Les mesures de confinement mises en œuvre par divers gouvernements ont inclus des interdictions de grande envergure, des restrictions de voyage et des exigences de distanciation sociale, qui affectent actuellement plus de 40% de la population mondiale. Jusqu’à présent, ces restrictions ont entraîné une chute de la consommation de carburant, au milieu de la constitution des stocks de produits, endommageant gravement les marchés de kérosène. Ainsi la gravité de l’effondrement devrait entraîner une contraction plus forte de la demande de pétrole, en particulier au cours du 2ème trimestre 2020 (2T20), s’étendant au 3ème trimestre et au 4ème trimestre de l’année en cours», explique le même rapport. Quant à l’évaluation de ce dernier, son rapport indique que «le creux saisonnier typique des raffineurs, à la fin du premier trimestre de chaque année, est exacerbé par une destruction sans précédent de la demande de pétrole en raison de la propagation mondiale du Covid-19», expliquant que pour contenir ce repli «la demande de pétrole au 2ème trimestre de l’année en cours a été révisée à la baisse de près de 12 mbj en glissement annuel, avec 60% des pertes provenant des carburants de transport, principalement de l’essence et du carburéacteur.
Samira Takharboucht