Le grand défi

Reprise des championnats

Le football reprendra-t-il ou laissera-t-il place à une saison blanche ? Une question que de nombreux dirigeants n’aimeraient pas entendre, encore moins poser. Mais les faits sont têtus. On ose plancher sur une reprise rapide, ne serait-ce que par des opérations d’endoctrinements. Le confinement a-t-il sa place dans leur feuille de route ? Tout ce bastion de questions s’affiche au moment même ou le virus continu d’envoyer des vies humaines vers des cimetières ou vers des hôpitaux pour des soins intensifs.

Comment dribbler le virus ? L’option semble être trouvée : jouer à huis clos et éviter à ce que les personnes autorisées soit limité. Tout le monde sait que les championnats nationaux sont suspendus en raison de la propagation du coronavirus, voilà que la Ligue de football professionnel souhaiterait aller vers la fin de ses compétitions. «Même si rien n’est sûr quant au respect du chronogramme des activités footballistiques de cette année». Le premier à réagir à cette tentation est Franck Dumas, l’entraîneur du CR Belouizdad qui tire déjà la sonnette d’alarme en vue d’une éventuelle reprise de la saison en Algérie. Dans une interview accordée au média officiel du club, Dumas ne souhaite pas une reprise du championnat dans des stades clairsemés. «La saison blanche pourrait être aussi une éventualité. Puisque les lendemains de cette crise sanitaire sont incertain. Il pourrait l’accepter si cette décision venait à être prise». L’envie de défier la pandémie se fait grossir dans les rangs de certains clubs qui veulent aller au front. C’est le cas du Mouloudia d’Alger qui fait savoir que son stage initialement prévu à l’étranger aura lieu finalement à Alger, à l’Ecole supérieure de l’Hôtellerie et de la Restauration de Ain-Benian. La décision a été, selon un confrère, prise par le président du Conseil d’administration Nacer Almas, à l’issue d’une réunion avec le coordinateur du club et le Secrétaire général Mehdi Aïzel. Selon le journal Compétition, «Bien que le pays traverse des moments difficiles suite à la crise sanitaire, ils se sont réuni et ont examiné comment reprendre les entraînements. Reste, cependant la décision de la FAF quant à la reprise du championnat». L’institution nationale du football, évoque, quant à elle, l’éventuelle reprise du championnat qui se ferait «logiquement à huis clos» et cela pour des raisons purement sanitaires, a déclaré vendredi le responsable de communication de la Fédération algérienne de football, Salah-Bey Aboud. «L’objectif est de préserver la santé des joueurs et d’autrui», a-t-il indiqué sur les ondes de la radio nationale. Et de confirmer que «tout le monde est d’accord de jouer sans le public… Cette option serait également celle des champions à travers le monde» et d’ajouter qu’il ne s’agira pas seulement «d’instaurer le huis clos, mais de prendre plusieurs décisions pour diminuer au maximum la présence de personnes au niveau du stade». Les joueurs seront-ils à l’abri d’une contamination ? Les tests avant la rencontre suffiront-ils à assurer une meilleure couverture sanitaire ? Des questions, mais aussi «il va falloir trouver des solutions rapidement». Que faire de cette saison déjà bien entamée ? La reporter ? La figer telle qu’elle est ? Ou l’annuler complètement ? La réponse semble se rapprocher. A l’étranger, en ordre dispersé et avec des approches bien distinctes, les pays concernés, extrêmement dépendants de l’évolution de leur situation spécifique, tentent néanmoins de se fixer un horizon de reprise, rapporte le journal «L’Equipe». En Italie «la version optimiste des trois hypothèses de travail sur lesquels travaille la Ligue et la Fédération, soit une reprise de la Série A dès le 23 mai, apparaît de plus en plus utopique. Restent la moyenne, fixée au week-end suivant (30 mai) et la pessimiste, évoquant le 7 juin. Mais celle-ci deviendra peut-être aussi très vite optimiste, voire utopique…» Pour les Espagnoles, Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole, estime qu’une préparation de quinze jours pourrait suffire aux joueurs après la reprise de l’entraînement (ce qui induit un risque très élevé de voir les blessures se multiplier). Les trois dates possibles de reprise sont plus espacées : il s’agit du 28 mai, du 6 juin ou du… 28 juin. Cette dernière semble bien sûr la plus raisonnable. Pour les Anglais, «timidement évoqué par certains clubs, il ne semble pas pouvoir être question d’un arrêt pur et simple de la saison, les enjeux liés aux droits TV étant les plus élevés. Pas plus question d’ailleurs que dans les autres Ligues, compte tenu des menaces d’exclusion des coupes européennes par l’UEFA. Il y a encore deux semaines, certains rêvaient d’une reprise début mai. C’est bien sûr devenu irréalisable et pouvoir reprendre mi-juin, à huis clos total, bien sûr, serait déjà une excellente surprise». Enfin, l’Allemagne qui est «parmi les cinq pays concernés, le moins gravement touché par la pandémie, sera sans doute le premier à rejouer. Ainsi, les fous de football pourraient avoir à nouveau des matches à se mettre sous la dent dans moins d’un mois». Mais là encore, cela reste bien sûr suspendu à l’évolution de la situation… Au Maroc, malgré le bilan de personnes infectées au coronavirus, un membre de la Ligue nationale de football professionnel soutient que le championnat marocain devrait a priori reprendre, une fois que l’épidémie du Covid-19 aura pris fin, et quelles que soient les conditions. En cas de poursuite de l’état d’urgence sanitaire et de confinement au Maroc, rien n’exclut la reprise de la Botola durant le mois de mai, de juin ou même de juillet. Pour le responsable, la non reprise du championnat marocain aura des répercussions très graves, rapporte un journal marocain. En Tunisie, les championnats de Ligue 1 et 2 pourraient reprendre leurs droits après la fin mai, à condition que les autorités concernées acceptent la proposition de la Fédération tunisienne de football. La FTF a indiqué, dans un communiqué, que la suspension définitive de la saison 2019-2020 est un fait impossible.
H.Hichem