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Rapport du FMI : Impact de la crise mondiale sur l’Algérie- croissance négative, accroissement du chomage

Comparable à une guerre avec un ennemi sans visage, l’épidémie du coronavirus a un impact sur l’économie mondiale qui connaitra en 2020, trois chocs, un choc de l’offre avec la récession de l’économie mondiale, un choc de la demande du fait de la psychose des ménages, et un choc de liquidité. Cette crise, aura à l’avenir un impact sur toute l’architecture des relations internationales. Mais si les impacts de l’’épidémie du coronavirus sont un danger pour le présent, elles sont porteuses d’espoir pour l’avenir de l’humanité, une opportunité par notre capacité à innover par une autre gouvernance et pour un monde plus juste et solidaire.

Le FMI dans son rapport du 14 avril 2020 prévoit une contraction de 3 % du PIB de la planète en 2020, en prenant l’hypothèse d’une diminution de la pandémie de Covid-19 au second semestre de cette année. L’éventualité d’une chute encore plus brutale en 2021 n’est pas exclue et les conséquences économiques du « Grand Confinement », ne vont épargner aucun continent, le plus grand danger étant l’Afrique. Aussi, malgré la mobilisation de 5000 milliards de dollars par le G20, dont 2200 milliards de dollars pour les USA , plus de 2000 milliards de dollars pour la zone euro, 1000 de la BCE, 500 des institutions annexes et 500 des Etats selon le professeur Cohen l’impact pour 2020 sera limité face à l’ampleur de la crise. Même pour la Chine selon le FMI, le taux de croissance devrait fluctuer entre ½ et, les pays à faibles revenus ou émergents en Afrique, en Amérique latine et en Asie « sont à hauts risques » car au cours des deux derniers mois, les sorties de capitaux depuis les économies émergentes se sont élevées à quelque 100 milliards de dollars, soit plus du triple que pour la période équivalente de la crise financière de 2008.
L’épidémie de coronavirus a entraîné donc une crise économique irréversible pour 2020, dont les répercussions risquent de durer avec des ondes de choc pour 2021, si la maladie est circonscrite avant septembre/octobre 2020, la majorité des experts prévoyant une seconde vague, en cas où le confinement ne serait pas respecté. D’où dans l’urgence, de nombreux pays ont mis en place ou élargi les dispositifs de chômage et les aides sociales, certains économistes et politiques préconisant un revenu minimum universel. C’est que la crise actuelle de 2020 a montré toute la vulnérabilité des économies mondiales face à des chocs externes imprévisibles, surtout des pays reposant sur une ressource éphémère dont le prix dépend de facteurs exogènes échappant aux décisions internes Face à, une crise sans précédent touchant toute la planète , le monde ne sera plus jamais comme avant , la crise de 2020 préfigurant , non pas la fin de la mondialisation, mais une nouvelle architecture des relations entre l’Etat régulateur et le Marché encadré pour certains services collectifs (santé, éducation), et d’importants impacts sur les relations politiques et économiques internationales.
2- Pour l’Algérie fortement connectée à l’économie mondiale à travers sa rente d’hydrocarbures qui lui procure directement et indirectement 98% de ses ressources en devises, est fortement impactée par cette crise, devant éviter des discours contraires à la dure réalité qui provoquent une névrose collective au niveau de la population. Concernant la réunion OPEP/non OPEP, après la décision de réduire de 10 millions de barils/j, le marché n’a pas réagi pour l’instant favorablement, le Brent étant coté le 15 avril 2019 à 12h pour le Brent à 28,52 dollars et à 19,57 dollars pour le Wit , donc le marché insensible, crise la production avant la crise approchant t 100 millions de barils/j. Car la réduction décidée .qui débutera du 1er mai, jusqu’au 30 juin pour 9,7 millions de barils/jour, (la second tranche de 8 millions de barils/j du mois de juillet jusqu’à fin décembre, et une troisième, d’un volume de 6 millions de baril/jour courant du 1er janvier 2021 au 1er avril de 2022).où l’Algérie verra une réduction de 240.000 barils/jour pour la première tranche, de 193.000 barils/jour pour la seconde tranche et une réduction de 145.000 barils/jour pour la dernière tranche repose sur l’hypothèse que la demande mondiale a baissé seulement de 10/11%, alors que l’épidémie de coronavirus a provoqué une chute drastique de la demande mondiale, de 33%, environ 30 millions de barils par jour (bpj), certains experts l’estimant à plus de 40 millions de barils/j, les gros consommateurs d’hydrocarbures dont le transport étant en hibernation. L’évolution du cours du pétrole dépendra de la durée de l’épidémie et du retour à la croissance de l’économie mondiale sachant qu’avant la crise seulement pour la Chine, ses importations étaient de 11 millions de barils/j.
Par ailleurs, le cadrage macro-économique de la loi de finances 2020 a été établi sur la base d’un baril de pétrole à 50 dollars et un prix de marché à 60 dollars, un taux de change de 123 DA/dollar, un taux d’inflation de 4,08 % et un taux de croissance de 1,8%. Selon le FMI dans son rapport du 14 avril 2020, le produit intérieur brut réel (PIB) de l’Algérie devrait se contracter de 5,2% durant l’année 2020 et suite à cette baisse PIB réel devrait se redresser en 2021 de 6,2%, taux calculé en référence à l’années 2020 ( taux de croissance négatif) donnant globalement, à taux constant, un taux de croissance entre 1 et 2% termes réel pour 2021 , le FMI estimant la croissance économique à 0,7% en 2019. En plus de la baisse de son quota entre 145.000 /240.000 barils jour avec un manque à gagner en moyenne annuelle entre 3/ 4 milliards de dollars pour 2020, dans ce cas de récession économique, les prévisions de recettes de Sonatrach de 35 milliards de dollars pour 2020 ainsi que d’un montant des réserves de change de 51,6 milliards de dollars fin 2020 ne seront pas atteint qui a vu le cours de pétrole et du gaz s’effondrer de plus de 50%. Les recettes devant être au moins divisé par deux par rapport à 2019 dont les recettes ont été de 34 milliards de dollars , montant auquel il faudra soustraire les couts d’exploitation et la réduction du quota, posant la problématique de l’utilité de l’Algérie, quota initial environ 1 millions barils/j de rester ou pas dans l’OPEP. 3.-Cela a un impact négatif sur le taux de chômage, ,en raison du ralentissement du taux de croissance, dominée par l’impact de la dépense publique via la rente Sonatrach, avant la crise, prévoyait 12% de taux de chômage en 2020 , et l’estimant dans son dernier rapport d’avril à 15 ;5% pour 2020, les prévisions pour 2021 étant inchangées à 13,5% et ce sous réserve, autant pour le PIB de profondes réformes , ce taux ne tenant pas compte des emplois rente, faire et refaire les trottoirs et des sureffectifs dans l’administration.
La sphère informelle contrôle selon la banque d’Algérie plus de 33% de la masse monétaire en circulation, plus de 40/45% de l’emploi concentré dans le commerce, les services , les saisonniers dans l’agriculture, et plus de 50% de la valeur ajoutée hoirs hydrocarbures. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l’effet inverse et lorsqu’un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation social, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s’éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer reposant sur LA CONFIANCE.
A cela s’ajoute, selon certaines organisations patronales qui évoquent entre 1,5 /1,7 millions de pertes d’emplois dans la sphère réelle Et sur environ 12,5 millions de la population active sur plus de 44 millions d’habitant en mars 2020 environ 40/45% de la population active, environ 5/6 millions sont sans protection sociale rendant difficile leurs prises en charge Ils sont sans revenus pour bon nombre qui ont cessé leurs activités, sans compter que bon nombres de ménages vivent dans deux trois pièces plus de 5/8 personnes avec des impacts psychologiques avec le confinement. Et l’on devra prendre en compte, à l’avenir la réforme du système des retraites qui sera le grand défi des années à venir ; le vieillissement de la population, où la moyenne d’âge des deux sexes selon le rapport de l’ONU, 2018, est à environ 78 ans de durée de vie. Cela pose d’ailleurs la problématique des subventions qui ne profitent pas toujours aux plus défavorisées (parce généralisables à toutes les couches) rendant opaques la gestion de certaines entreprises publiques et nécessitant à l’avenir que ces subventions soient prises en charges non plus par les entreprises mais budgétisées au niveau du parlement pour plus de transparence..
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul