Une technique hors-du commun

Evocation : Benkada Mohamed Habib

Benkada Mohamed Habib est né le cinq août 1950 dans la localité de Sig, une ville très charmante et même trop belle. Elle fait partie de la wilaya de Mascara, elle n’est pas trop distante d’El Bahia d’Oran.

Benkada Mohamed Habib a appris à taper au ballon dans le tas dans les petites catégories du club local Sigois. Son poste de prédilection était la pointe de l’attaque, c’est-à-dire avant-centre malgré que le joueur en lui-même est un feu follet qui occupe tous les postes de l’attaque, il est pétri de qualités, il sait prendre des risques, grâce à ses montées offensives. L’usage de ses deux pieds au service d’une clairvoyance sans limite dans le compartiment offensif ont fait de lui un élément indispensable, une pièce maitresse dans l’échiquier offensif de la formation footballistique Sigoise, c’est un buteur par excellence, doté d’un bon gabarit, d’une pointe de vitesse au dessus de la moyenne, et d’un excellent jeu plein de dribbles et de feintes du corps. Il adorait les petits ponts, les roulettes, le jeu basé sur les une-deux ainsi que les retournés acrobatiques. Benkada Mohamed Habib a débuté le football au sein de la formation de Sig dans la division régionale, c’est là qu’il a fait sa formation, cependant il a suffit qu’il fasse l’objet de son inscription au service nationale, il fut repéré par Rachid Mekhloufi entraîneur de l’équipe nationale militaire. Le brutal limogeage du sélectionneur des Verts, en l’occurrence le respectueux Makri, à quelques jours des Jeux méditerranéens d’Alger en 1975 et avec le rappel de Rachid Mekhloufi ex-entraîneur de l’équipe militaire, ce dernier donna plus de chance et de confiance à des éléments qu’ils avaient sous sa coupe à l’image des Ighili Abdelkader, Naim Mourad, des éléments qui seront propulsés dans le onze algérien. Benkada Mohamed Habib est titulaire à part entière dans le poste d’avant centre, il n’en espérait pas tant, lui l’inconnu de Sig. Le public algérien découvrit alors cette pépite d’Or aux qualités de buteur et de constructeur de jeu. Très habile dans la recherche des «Une-deux» et intelligent dans sa manière de faire circuler le ballon et qui est plus dangereux comme joueur sans ballon. Il sera l’un des artisans dans la première consécration du football algérien durant les Jeux méditerranéens avec la médaille d’Or. Benkada Mohamed Habib a porté le maillot national plus de dix neuf fois, il a participé à divers matchs amicaux, d’ailleurs sa première rencontre internationale eut lieu à l’âge de vingt cinq ans à Alger en date du 19 mai 1975 contre la formation hongroise Ujpest avec pour entraîneur Rachid Mekhloufi, sa dernière rencontre internationale fut dans la ville de Tirana en date du 8 octobre 1976 contre l’Albanie. Benkada occupe certes le poste d’avant centre, mais il est encore à se demander à quel poste il doit jouer tellement il est polyvalent. Sans le vouloir et sans se rendre compte, parfois il se retrouve au milieu de l’attaque, tantôt ailier de poche, tantot meneur de jeu, c’est un joueur qui possède d’immenses qualités footballistiques. Il a été un seigneur devant les siens à Sidi Bel-Abbès en affrontant le Werder de Brême en inscrivant un doublé dans un tournoi international organisé par la ville d’Oran avec quatre formations en lice, le partisan de Belgrade, le Servette de Genève, le Werder de Brême et l’Equipe nationale. L’objectif recherché par Rachid Mekhloufi était de redonner au football sa véritable saveur, à savoir l’offensive à outrance. Tout le monde se rappelle ces moments forts ou à Sidi-Bel Abbés, les Verts confrontés au Werder de Brême étaient parvenus à s’imposer au fil des minutes, la supériorité algérienne se manifestait et Benkada bien servi par Naim ouvrait le score à la 12e, il récidivait sur un tir tranchant à ras-de terre décoché des 18 mètres et sur lequel Burdenski le keeper n’esquissait aucun geste. 2-0, l’Equipe nationale évoluait alors en toute décontraction et dans le dernier quart d’heure elle augmentait la marque par Safsafi puis par Ighil Meziane. Mohamed Habib qui évolue tout en finesse a apporté aux Verts une dose d’inspiration et d’opportunisme. Blessé au genou, il restera longtemps éloigné des terrains de jeu et ne fit pas la carrière que l’on attendait de lui. Après un essai au Mouloudia d’Oran (nationale une) il retourne au bercail avec des souvenirs pleins la tête et une médaille d’Or.
Kouider Djouab