Le nécessaire rappel à l’ordre

Incohérences et dysfonctionnements dans le confinement

En application des directives du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a décidé d’une série de mesures permettant de mettre un terme à «certains dysfonctionnements» liés au confinement sanitaire instauré. La démarche a pour but le maintien de l’activité économique. Elle, ressemble beaucoup plus à un rappel à l’ordre.

Il est adressé aux membres du Gouvernement et aux walis à l’effet de les amener à corriger les incohérences et les dysfonctionnements relevés dans le confinement du pays contre Covid-19. Le président de la République a révélé que la situation économique en a laissé apparaître plusieurs. Ils ont affecté l’outil national de production et de réalisation. Telle qu’émise, l’instruction en question fait apparaître que ces derniers sont «parfois» aggravés par une interprétation restrictive des mesures prises par les pouvoirs publics, pour lutter contre le Coronavirus (Covid-19). Le document a, dans ce sens, rappelé que «les activités relatives à la mesure de fermeture, concernent celles accueillant le public et à forte concentration de personnes, ainsi que celles pouvant être des vecteurs de transmission du virus». Il a été précisé que «le reste des activités n’a, à aucun moment, été concerné par cette mesure». Ce que confirme la réalité du terrain où l’égalité est rompue en termes d’applicabilité de certaines mesures destinées à endiguer Covid-19. La difficulté est d’autant plus importante quand on sait que le niveau de pauvreté rend impossible tout confinement dans certaines régions du pays. Particulièrement celles où l’écrasante majorité de la population vit au jour le jour via le secteur informel.
C’est dire la rupture de l’équilibre constaté sur le terrain quant à l’applicabilité de certaines mesures pour endiguer le Covid-19. «Cette pandémie doit aussi nous faire réfléchir davantage sur nos limites et nos vulnérabilités, une fois que les masques anti-Covid tomberont, il faudra repenser l’ordre des priorités», semble vouloir dire le Premier ministre lorsqu’il dénonce l’incompréhension volontaire qui a caractérisé certains : «la mesure de mise en congé d’au moins 50 % des personnels, instaurée pour la sphère économique, ne ciblait nullement la fermeture des activités qui y sont liées. Elle visait essentiellement, la préservation de la santé des salariés. Ceux-ci doivent respecter les règles de distanciation sociale nécessaires en de pareilles circonstances». On ne peut être plus clair surtout que la même instruction précise qu’en guise de facilitation, le transport des personnels a été autorisé et un système d’autorisations de circulation des individus pour raisons professionnelles a été instauré. Tout aussi clairs sont les textes réglementaires pris et les instructions communiquées.
Ils n’ont pas mis un terme aux dysfonctionnements persistant qu’il y a lieu de lever, pour maintenir une activité économique minimale. Ce qui, selon le Premier ministère, devrait assurer la survie des entreprises et permettre la continuité de toute la chaîne logistique et commerciale qui y est liée. C’est donc pour palier à ces carences, que, conformément aux directives du président de la République, Abdelaziz Djerad a instruit les membres de son Gouvernement à l’effet de : «s’assurer du maintien de l’activité économique, chacun dans sa sphère de compétence, publique ou privée», Le même responsable a estimé utile la mise en place d’une cellule de veille au niveau de chaque département concerné. Ce dernier a pour mission d’assurer l’écoute nécessaire et transmettre à la cellule nationale de crise toutes les difficultés rencontrées». Lu entre les lignes, cette instruction du Premier ministre dénote que même si la mesure est le moyen le plus sûr et le moins cher de contenir la propagation de Covid-19, le confinement pose problème. Il est de survie pour les personnes obligées de sortir pour subvenir à leurs besoins.
La grande majorité ne dispose pas d’assez de ressources financières pour faire face au quotidien. Surtout que Covid-19 affecte les entreprises, dont la plupart sont contraintes au chômage technique ou partiel afin de réduire leurs charges en cette période de baisse, voire d’arrêt de leurs activités. Avec ce que cela suppose d’impacts sur les salariés. Pour son 2ème bilan, le Premier ministre est attendu sur la question de la réouverture ou pas des écoles, collèges, lycées et universités dont le calendrier scolaire est fortement perturbé, les transports en commun et individuel. Les acteurs de ces secteurs sont aussi impatients d’être fixés sur leur maintien à l’arrêt ou leur redémarrage après avoir été contraints de débrayer durant plusieurs semaines. Comme tous les Algériens, ils attendent une meilleure visibilité par rapport à la feuille de route tracée quand bien même le Premier ministre serait entouré d’un Conseil de guerre contre le coronavirus. Il a fait appel aux walis tenus de mettre en place un module consacré à la continuité économique.
L’activité de ce dernier sera dédiée à la facilitation en matière d’autorisations de circulations et de transport des personnels. C’est, du reste, ce que souligne la même instruction «…Plus particulièrement, l’activité agricole doit être maintenue et encouragée, et toute la chaîne économique qui y est liée maintenue en activité, en ce sens, les walis, sont tenus responsables de par les dispositions qu’ils doivent prendre en matière de délivrance diligente des autorisations de circulations y afférentes». Il est également précisé, par ailleurs, que «des précisions doivent être apportées concernant certaines mesures réglementaires, dont l’interprétation erronée a créée des dysfonctionnements qu’il y a lieu de lever. A ce titre, les walis sont interpellés pour «la continuité de l’activité au niveau des ports maritimes et des ports secs. Elle doit être impérativement assurée durant les horaires habituels de travail, liées à leur activité». Il faut dire que cette note du Premier ministre représente une véritable bouffée d’oxygène. Et pour cause, elle prévoit des autorisations de circulation à délivrer aux travailleurs exerçant au niveau de ces infrastructures et à tous les intervenants, au-delà des horaires fixés pour le confinement partiel. Comme elle prévoit, pour les activités économiques et de services, des autorisations de déplacement inter-wilayas sur lesquelles sont précisés l’itinéraire et les raisons professionnelles. Elles doivent être établies dans les circonscriptions administratives ou les daïras du siège social de l’entité économique ou administrative concernée.
A. Djabali