Un véritable maestro dans la défense 

Evocation : Keddou Djamel

Keddou Mustapha, plus connu par Djamel, était un footballeur qui savait prendre des risques grâce à ses montées offensives. Il était doté d’un excellent jeu de tête.

C’était un organisateur défensif, il avait la promptitude dans les interventions pour la conquête du ballon et non le tacle sévère. Il était devenu un véritable patron au sein de la formation de l’USM Alger, son seul club. C’est Rachid Mekhloufi qui le sollicite pour lui donner le commandement du compartiment défensif des Verts. Il s’acquitte fort bien de sa tâche. Keddou Djamel s’impose si bien que les supporters le comparent à l’excellent Belbekri dont il possède la détente et Oulkhiar, le tacle rigoureux qui donne à réfléchir aux attaquants adverses, mais les supporters voyaient en lui le Beckenbauer algérien. Il était âgé de vingt cinq ans lorsque Saïd Amara, l’ex-joueur de l’équipe de la Liberté et coach des Rouge et Noir de Soustara lui confie la tâche de diriger la défense des Verts. Keddou s’acquittera de cette nouvelle besogne durant cinq longues années avec beaucoup de sobriété et cette confiance lui sera renouvelée par le stratège Rachid Mekhloufi qui le garde dans la composante algérienne.
Sa première rencontre internationale s’est déroulée le 30 juillet 1973 contre la sélection Soviétique de Riga avec l’entraîneur Saïd Amara. Keddou Djamel est l’un des seuls défenseurs qui, la trentaine passée, porte le maillot national. Il inspirait la confiance et le sérieux au sein de la défense algérienne ainsi que l’USMA. Il était le capitaine d’équipe des Rouge et Noir. Il a beaucoup donné au football algérien, malheureusement il a dû s’incliner maintes fois en finale de la Coupe d’Algérie. Il vaincra le signe indien en remportant enfin la Coupe d’Algérie une fois dans sa carrière de footballeur en 1981 et une autre fois comme entraîneur. Keddou Djamel avait l’usage de ses deux pieds, au service d’une clairvoyance sans limite au milieu de la défense et qui ont fait de lui un élément indispensable, que ce soit avec l’USMA ou les Verts. C’est un joueur élégant dans un terrain de football, il était infatigable, d’une grande vitalité sur le terrain, un équipier modèle, énergique, solide, consciencieux qui avait de la présence et de la personnalité, très élancé.
C’est le joueur qui ne sait pas perdre et qui ne veut pas perdre, car il se défonce durant quatre vingt dix minutes. Sur corner, il était très dangereux au premier poteau. Il n’avait pas besoin de détente car il était longiligne, il surgit à chaque fois, à point nommé pour reprendre de la tête le superbe cuir. Keddou Djamel fait partie de l’histoire de la grande formation des Rouge et Noir, lui l’enfant originaire de Oued Aïssa dans la commune de Sidi-Daoud (ex-Abbo), dépendant de la daïra de Dellys. Certes, Djamel a vu le jour dans une région historique, touristique et dont la présence de la dynastie Ottomane existe toujours, mais il a grandi à Alger, et c’est là qu’il a appris à jouer au football. Il a marqué de son empreinte le football algérien. Doté d’un grand gabarit et imbattable dans les duels aériens, Djamel a débuté son apprentissage footballistique à l’école de Soustara située dans le grand Bab el-Oued. Il était d’un calme à toute épreuve et d’une gentillesse inégalable sur le terrain de jeu. Il a été un modèle de joueur le plus doué de sa génération, tout ses coéquipiers l’adoraient et même ses adversaires.
C’est un personnage d’une grande valeur morale. Il possédait une omniprésence, une clairvoyance et un volume de jeu très développé qui lui ont valu le respect du public. Très athlétique, c’est le joueur qui préférait plutôt la finesse dans le jeu que le physique. D’ailleurs c’est pour cela qu’il devient la pièce maîtresse de l’équipe algéroise. Il a eu le privilège de remporter le premier titre continentale, médaille d’Or aux Jeux méditerranéens de 1975 aux côtés de Cerbah, Menguelti, Maâziz, Ali Messaoud, Iguili, Safsafi, Betrouni, Griche, Benkada, Draoui, Naim, Kaoua, Rabet, Boumaraf, Teldja, Chaouch… C’était le début des «One-two-three viva l’Algérie». Keddou Djamel ou Mustapha, comme vous voulez, a fait partie du premier sacre officiel pour le football algérien, contre la France. Cette médaille symbolise les efforts consentis par un pays qui venait tout juste d’acquérir son indépendance. Keddou en fait partie, cependant il est parti trop tôt vers l’au-delà, alors qu’il pouvait encore donner pour le football algérien.
Kouider Djouab