La Banque d’Algérie plaide pour «la collaboration et solidarité régionale»

Devant l’émergence d’urgences multiples dans la région Mena dues au Covid-19

Le retour à la préférence nationale en misant et encourageant le développement local et l’harmonisation des efforts régionaux pour asseoir une économie nationale forte de sa contribution et son marché variable.

C’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement afin d’amortir le choc de la crise économique, doublée d’une crise sanitaire grave. L’Etat entend profiter de cette occasion pour relever les dysfonctionnements au niveau national, mais aussi régional pour développer le marché interrégional et créer des zones franches en collaboration avec les pays voisins. Pour atteindre cet objectif, il faudrait, toutefois, comme l’a souligné le gouverneur de la Banque M. Aïmene Benabderrahmane, dans son intervention lors d’une réunion par visioconférence des ministres des Finances et Gouverneurs de la région MENA (Moyen Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan) avec la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva «renforcer la collaboration régionale pour faire face aux répercussions de la pandémie de coronavirus qui a envahi le monde entier», sous certaines conditions. «De nouveaux défis majeurs se dessinent devant la région pour la période post crise», a affirmé le gouverneur de la BA, selon le communiqué de cette dernière.
La situation économique et sociale, mais aussi sanitaire critique de plusieurs pays de la région Mena impose la mise en place de nouveaux mécanismes et plan d’action d’urgence afin de surmonter cette crise mondiale. Il faut procéder par ordre de priorité pour relancer l’économie nord-africaine en somnolence par un retour à «une croissance inclusive et pérenne permettant la création de richesse et d’emploi, la mise en place de politiques monétaires, budgétaires et de change à même de répondre progressivement et à moyen termes aux problématiques des déficits budgétaires et de balance des paiements, la mise en place de mécanismes de traitements de la dette et enfin la sauvegarde de la stabilité monétaire et financière», a recommandé M. Benabderrahmane. Pour lui, ces défis ne peuvent être relevés en absence «de collaboration régionale et la solidarité de tout un chacun».
Le renforcement des relations et concertations économiques régionales permettront d’amortir le choc de la crise économique mondiale et inciter les pays de la région à prendre leur élan et surtout à se libérer de leur dépendance aux étrangers. Difficiles, mais ce n’est pas impossible à réaliser. Il a reconnu, toutefois que «ces politiques conjoncturelles d’urgence mèneront certainement, à des creusements des déficits budgétaires, dont le financement conduira à la hausse, aussi bien de la dette publique interne que de la dette extérieure et cela pour un nombre important de pays de notre région. Aussi, l’émergence de déficits jumeaux (budgétaires et de balance de paiement) pour les pays pétroliers en contexte de chute des prix du pétrole, constituera un grand défi pour l’avenir», a prévenu M. Benabderrahmane qui demeure confiant en la solidarité et engagement des pays nord-africains de conjuguer leurs efforts mutuels pour combattre les effets néfastes de la crise économique et sanitaire actuelle.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie a, également, évoqué «la baisse de la demande et les effets du confinement conduirait à l’émergence, pour le système bancaire, de nouveaux risques à la hausse en matière de créances improductives». Des systèmes obsolètes qu’il faut, certainement, moderniser et révolutionner pour une meilleure gouvernance et gestion des instruments financiers. «Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins et cette crise nous a montré nos limites, faisant en sorte de l’affronter ensemble sans dogmatisme et pour le bien être de tous», a-t-il estimé, ajoutant que «la crise sanitaire mondiale sans précédent avait eu pour effet l’émergence d’urgences, non seulement économiques, mais aussi sociales. Des urgences qui ont nécessité la mise en place rapide de réponses associant, aussi bien des politiques monétaires et prudentielles non conventionnelles, que de politiques budgétaires expansives». En effet, tous les risques des dépenses d’urgences pour aider l’Etat à sauver les entreprises menacées de faillites, les emplois et surtout la prise en charge de la crise sanitaire dans le pays. Un lourd fardeau supporté par la Banque Centrale et le Trésor public.
Samira Takharboucht