L’impact de la pandémie du COVID-19 sur les économies mondiales

FMI

L’épidémie du coronavirus a eu un impact considérable sur l’économie mondiale, où le monde de demain ne sera plus jamais comme avant. L’Algérie fortement connectée à l’économie mondiale via la rente des hydrocarbures comme tous les pays, subit cette crise d’où l’urgence de l’élaboration des stratégies d’adaptation. Cette contribution est une synthèse de nos deux interviews données le 23 avril à l’American Herald Tribune USA- et à la télévision France 24 – Paris (1).

La croissance mondiale est le facteur déterminant de la demande d’hydrocarbures à court terme et à moyen terme devant tenir compte des nouvelles les mutations énergétiques. Ainsi, en précisant que le taux de croissance se calcule toujours par rapport à la période antérieure T1 – To. Ainsi dans le cadre d’un scénario favorable, en précisant qu’une croissance faible en 2020, To, donne globalement une croissance relativement faible en 2021 –T1, selon le rapport du FMI du 14 avril 2020, l’économie mondiale aura moins de 3,0% de taux de croissance en 2020 et 5,0% en 2021, en moyenne, les pays avancés moins 6,1% en 2020 et 4,5% en 2021. Pour le FMI et les organises internationaux, si la pandémie ne se résorbe pas au cours du second semestre de l’année 2020 par un prolongement des mesures d’endiguement, nous assisterions à une détérioration des conditions financières et de nouvelles ruptures des chaînes d’approvisionnement mondiales et dans ce cas, le PIB mondial chuterait encore davantage : de 3 % supplémentaires en 2020 par rapport au scénario de référence, nous aurons 8 % supplémentaires en 2021. Cela a des incidences sociales et selon l’OIT organisation internationale du travail sur une population active de 3,3 millions 4 personnes sur 5 sont affectés par la fermeture totale ou partielle scénario optimiste 5,3 millions de chômeurs supplémentaires et le scénario pessimiste 25millions qui s’ajoutent au 190 millions actuellement.
La dette globale mondiale selon le FMI et l’Institue of international Finances d’avril 2020, fin 2019 est évaluée à 250.000 milliards de dollars et pourrait dépasser fin 2020 260.000 milliards de dollars 320 pour cent du PIB mondial De février et jusqu’au 15 avril 2020, le G20 a prévu 5000 milliards de dollars dont plus de 2200 milliards de dollars pour les USA et selon Elie Cohen directeur de recherches au CNRS de Paris, plus de ce montant pour l’Europe et ces montants ne sont que provisoires. C’est dans ce contexte de crise que le 20 avril 2020, le baril américain West Texas Intermediate (WTI) dégringolait d’environ 38 % à 11,04 dollars vers 11 h 55 GMT et à 20h30 fin sous zéro dollars, ( moins 37,63 dollars) son plus bas niveau depuis 1986 avec un écart historique avec le Brent rendant non rentables les gisements moyens et marginaux qui sont les plus nombreux de pétrole/gaz schistes américains. L’explication de la chute du 20/21 avril est la résultante des contrats de livraison en mai 2020 expirant le 20/04/2020 à minuit , les détenteurs doivent trouver des acheteurs physiques mais les stocks qui ont cout, énormément gonflé tant aux USA, Chine, Inde, il y a eu bradage sur les prix. Comme il fallait le prévoir, l’écart entre le Wit et le Brent s’est rétréci juste après les livraisons «en catastrophe», le cours du Wit étant coté le 24 avril 2020 14h GMT à 17,18 et le Brent à 21,70 dollars, « un écart  » du passé.
Concernant la réunion OPEP/non OPEP, après la décision de réduire de 10 millions de barils/j, le marché n’a pas réagi pour l’instant favorablement, la production avant la crise approchant 100 millions de barils/j. Car la réduction décidée qui débutera du 1er mai, jusqu’au 30 juin pour 9,7 millions de barils/jour , (la second tranche de 8 millions de barils/j du mois de juillet jusqu’à fin décembre, et une troisième, d’un volume de 6 millions de baril/jour courant du 1er janvier 2021 au 1er avril de 2022).où l’Algérie verra une réduction de 240.000 barils/jour pour la première tranche, de 193.000 barils/jour pour la seconde tranche et une réduction de 145.000 barils/jour pour la dernière tranche, repose sur l’hypothèse que la demande mondiale a baissé seulement de 10/11%, alors que l’épidémie de coronavirus a provoqué une chute drastique de la demande mondiale, de 33%, environ 30 millions de barils par jour (bpj), certains experts l’estimant à plus de 40 millions de barils/j, les gros consommateurs d’hydrocarbures dont le transport étant en hibernation. L’évolution du cours du pétrole dépendra de la durée de l’épidémie et du retour à la croissance de l’économie mondiale, avant la crise seulement pour la Chine, ses importations étaient de 11 millions de barils/j..
Cependant il ne faut pas analyser cet impact sur le court terme en termes financiers mais pose une problématique de la nécessaire transition énergétique mondiale. Face à cette crise, les grands laboratoires de prospectives mondiaux, demandent aux gouvernants d’anticiper une catastrophe pire que le coronavirus avec le risque de millions de morts notamment le réchauffement climatique avec d’importants flux migratoires dus au réchauffement climatique (sécheresse, inondation, vents violents, cyclones) avec des recompositions territoriales ( selon un rapport de l’ONU en 2025, la sécheresse frappera pendant des année l’Afrique du Nord dont l’Algérie avec des tensions sur l’eau) . D’où l’importance d’un changement notable du modèle énergétique mondial, une réorientation des investissements dans l’énergie et de définir une véritable transition énergétique ( efficacité énergétique et énergies renouvelables).Cette transition nécessaire aura des incidences , économiques, sociales , culturelles, voire politique devant assister à une nouvelle recomposition du pouvoir mondial.
(A suivre)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul