Tant que ses ressources sont «suffisantes», l’Algérie tiendra le cap

Le plongeon des prix du pétrole menace le marché financier

Après une semaine dans le noir, les cours du pétrole ont rebondi à la clôture du marché, vendredi dernier, en Asie, suite à l’escalade des tensions entre l’Iran et les États-Unis. Le prix du baril de Brent, référence européenne, pour la livraison en juin a grimpé de 10 %, soit à 22,47 dollars, en hausse comparé au prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, qui a réussi à passer du négatif à 15 dollars pour livraison en juin. Toutefois, le pétrole américain demeure en territoire négatif, ce qui impacte négativement l’évolution des prix en plus de l’assèchement de la demande lié au coronavirus et la saturation du marché de l’offre.

Dans toute cette pagaille internationale, l’Algérie semble plus confiante quant à la reprise du marché pétrolier d’ici quelques mois après la maîtrise de la crise sanitaire actuelle qui a confiné environ la moitié de la population mondiale, ce qui a provoqué l’effondrement de la demande de pétrole d’environ 30 %, conduisant à la chute des cours de pétrole. Les dernières mesures prises par le gouvernement au début de l’urgence sanitaire dans le pays pour réduire l’impact de la crise pétrolière qui était antérieure à la crise mondiale actuelle lui ont permis d’avoir une certaine maîtrise, mais aussi d’adopter des mesures d’austérité pour contenir en parallèle la propagation du coronavirus dans le pays. Depuis plusieurs jours le ministre de l’Energie algérien, Mohamed Arkab multiplie les déclarations médiatiques, dans lesquelles, il a rassuré quant à la capacité de l’Algérie à surmonter la crise pétrolière mondiale et son incidence sur son économie. Dans la tourmente, plusieurs majors pétroliers sont menacés de récession en raison de la chute drastique des prix du pétrole qui ont atteint un niveau historique et exceptionnel. Surendettées et en arrêts d’activités, l’industrie pétrolière mondiale, notamment, américaine est au plus mal.
Devant cette situation d’incertitude et de crainte de récession, la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) n’est pas affectée par cette crise, selon le ministre qui a affirmé que «l’Algérie possède les ressources et les moyens suffisants pour s’en sortir », expliquant que « le prix du brut algérien s’est situé entre 12 et 14 dollars/baril avant de grimper à 20 dollars, alors que le coût moyen de production du brut algérien est de 14 dollars/baril», répondant ainsi à la polémique sur l’incapacité de l’Algérie à dépasser la crise et à celle concernant la révision constante des prix de son pétrole à la baisse pour le vendre. En effet, le ministre n’a pas nié la baisse des prix du Sahara Blend qui demeure parmi le meilleur dans le monde. Cette mesure prudentielle permet de contenir le risque de glisser dans le négatif et survivre à une crise «conjoncturelle» provoquée par la pandémie du Covid-19 et qui a impacté toute l’activité économique mondiale. En l’absence du transport international et les échanges entre les pays du globe, il est certain que l’activité économique nationale et y compris celle de la compagnie nationale des hydrocarbures, qui a assez de réserves pour surmonter cette période difficile sans recourir au cofinancement étranger.
Le ministre de l’Energie n’a pas caché son optimisme quant à la maîtrise de la situation, sachant que l’Algérie à l’instar des autres pays membres de l’Opep et non Opep s’apprête à réduire de 200 000 b/j en application de l’accord conclu entre ces deux alliés pour endiguer la chute des cours du pétrole et les remettre à leur valeur d’avant la crise sanitaire. En effet, le confinement a bridé la demande mondiale, ponctuée par la hausse des réserves américaines qui continuent de couler à flot, malgré la chute de ses prix au dessous de zéro dollar. Le plongeon des prix du pétrole américain pourrait aussi avoir une conséquence désastreuse sur la production du gaz de schiste et provoqué un krach boursier sans précédent. Cette crise permettrait à l’Algérie de revoir ses stratégies dans le secteur, notamment, en ce qui concerne l’exploitation du gaz de schiste et l’importance de s’approprier une industrie chimique moderne pour développer le secteur des énergies tout en recentrant ses efforts sur les énergies renouvelables.
Samira Takharboucht