Un ailier de poche extraordinaire 

Evocation : Naïm Mourad 

Naïm Mourad possédait un registre très étendu dans le domaine technique avec un style d’ailier de poche, vif, rapide mais comptant sur son dribble court ou long pour désarçonner l’adversaire.

Il a débuté le football très jeune en signant une licence dans les petites catégories où il a fait son apprentissage footballistique dans la localité de Skikda au sein de la JSMS, un club qui a donné de talentueux footballeurs, à l’image des frères Bouchache, Saheb, Aïssa Draoui, Ghechir et autres. Mourad a été pendant de nombreuses années la nouvelle coqueluche des Noir et Blanc frappés du sigle «V», signe de victoire. Ce Skikdi de pure souche, plein de talent, assoiffé de buts, intellectuel dans le football skikdi et algérien a été sollicité plus de vingt quatre fois par l’équipe nationale algérienne. Naim alors qu’il accomplissait son service national obligatoire, tout comme feu Aissa Draoui, a opté pour le Milaha d’Hussein dey où il s’épanouissait totalement comme ailier gauche. Il était talentueux au sein de la formation des Sang et Or, un club qui pratique du beau football, un football moderne, et pour cause, il ne lui était pas demandé de se cantonner sur la ligne de touche, mais de participer efficacement à l’élaboration des actions.
A vingt deux ans, Makri, le coach des Verts, le convoque pour porter le maillot national en date du 1er mai 1975, fête des travailleurs pour affronter l’équipe portugaise de Viottorio Setubal. La composante de l’équipe d’Algérie était constituée des Ouchéne, Khedis, Ighil, Madani, Boumaraf, (Iboud), Mahiouz (Safsafi), Ait Cheggou Djillali, Dergani, Guedioura Nasser, Selmi (Salhi), Naim (Larbès). Ce jour là, il y avait un vent glacial qui gênait la pratique d’un bon football et le coach Makri était sur la sellette. Dans les vestiaires de l’équipe nationale algérienne, le climat n’était pas à la joie à la fin du match. Le ressort est cassé et les Verts sont atteints psychologiquement car ils viennent de perdre 2-1, cueillis par un but surprise de Vicente à la neuvième minute, aidé par Boumaraf qui à la suite d’une glissade, laissait Ouchene seul devant l’attaquant portugais. Naim a marqué en tout et pour tout deux buts et a porté le maillot national plus de vingt quatre fois. C’était peu pour un attaquant de son envergure. Il a participé à plusieurs rencontres amicales, à plusieurs matches de tournois, à des rencontres de football aux Jeux méditerranéens de 1975, aux éliminatoires de Coupe du monde.
Sa dernière rencontre fut contre l’Albanie avec l’entraîneur Rachid Mekhloufi en date du 8 octobre 1976. Naim Mourad est un footballeur pétri de qualités. Mekhloufi lui donne la possibilité de figurer dans l’équipe qui allait être retenue pour les Jeux méditerranéens, où en finalité il remporte la médaille d’Or, le premier titre continentale acquis par les Verts, treize années après l’Indépendance de l’Algérie. Avant-centre ou ailier de poche, Naim Mourad était un technicien de premier ordre, d’une correction exemplaire. Mourad était aidé par une petite constitution physique et une bonne pointe de vitesse, c’était un avant-centre racé et un ailier provocateur dans le sens où il aimait s’infiltrer balle au pied sans avoir à recourir à des remises en une-deux, le côté individualiste l’arrangeait personnellement, mais ne faisait pas l’unanimité avec ses coéquipiers.
Naim Mourad aime la vadrouille dans la vie comme sur un terrain de football. Il pratiquait un jeu robuste, énergique et ses incessants changements de rythme, son abnégation et sa passion pour la balle ronde le font remarquer par Rachid Mekhloufi qui lui ouvre les portes grandes ouvertes avec l’équipe nationale d’Algérie. Sur un terrain de football, Naim Mourad est un battant impulsif. Il a grandi dans le sérail de la JSM Skikda, un club formateur qui a prouvé à tous les clubs d’Algérie que son école était la meilleure et qu’elle fonctionnait très bien. Naim Mourad était un footballeur taillé comme un roc, capable de faire des ravages et des débordements qui sont un plaisir pour les yeux. Que devient Naim Mourad ? S’intéresse-t-il toujours au football, certainement que oui, cependant par ce biais, nous lui souhaitons une bonne santé.
Kouider Djouab