Une tradition remise au goût du jour

Rituel du jeûne des enfants

Le rituel du jeûne des enfants qui consiste à les faire monter sur le toit ou la terrasse de la maison à l’occasion de leur premier jour du jeûne, est une ancienne tradition remise au goût du jour, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Hier, vendredi, était un jour qui restera gravé dans la mémoire de nombreux enfants qui ont observé leur premier jour de jeûne.

Dans plusieurs localités des quatre coins de la wilaya telle que Tadmait, Tizi Ntlata, Assi Youcef, Ouadhias, Tizi-Rached, Ouaguenoune, Illilten, Idjeur, Ouacifs, Bouzguene, Azazga, Aghribs, et même dans la commune du chef-lieu de wilaya, de nombreuses familles ont observé ce rituel ancestral. Après une journée épuisante de jeûne pour l’enfant, passé sous l’œil vigilant de la maman pour s’assurer que l’abstinence de manger et de boire ne nuit pas à sa santé, la famille se prépare à accueillir ce nouveau jeûneur par un rituel particulier destiné à le récompenser pour son effort et à l’honorer, selon plusieurs témoignages recueillis auprès de familles qui ont observé ce rituel. A la rupture du jeûne, traditionnellement ont fait monter l’enfant sur le toit ou la clôture, ou actuellement sur la terrasse, et on lui sert généralement trois œufs durs, un pain traditionnel à base de semoule et d’huile d’olive et un pot en terre cuite rempli d’eau et dans lequel on aura discrètement glissé une pièce de monnaie pour le garçon, ou un bijoux en argent pour la fille.
Une maman de 45 ans de Tadmait a marqué ce rituel, hier vendredi, pour son garçon âgé de 8 ans. «Mon petit Yanis a essayé de jeûner l’an dernier, mais il n’a pas pu aller au bout de la journée, cette année il a réussi à tenir jusqu’au moment de la rupture du jeûne et était pressé de monter sur la terrasse et montrer fièrement qu’il a réussi son premier jour de jeûne. Il a eu ainsi droit à des dattes et un œuf dur, puis il est descendu et a pris son repas avec nous», a-t-elle dit. Yanis qui entame ce samedi son deuxième jour de jeûne, a affirmé qu’il a jeûné pour pouvoir monter sur le «toit». «J’avais soif et faim mais je l’ai pas signalé à ma mère, j’ai regardé la télé et on m’a laissé faire tout ce que je voulais, c’était merveilleux de monter sur la terrasse», a-t-il dit.
Ceux qui ont vécu cette expérience s’en souviennent encore comme si c’était hier. C’est le cas pour Sabrina, jeune maman qui se rappelle : «En fait, j’ai surtout jeûné ce jour là pour monter sur le toit, c’était le toit d’une belle maison traditionnelle avec des tuiles rouges. On m’a servi de la chorba, un pilon de poulet et de la zlabiya», se souvient-elle. Je me sentais grande et capable, j’étais fière et je me souviens aussi de la fierté et de la joie de ma famille d’autant que je suis la cadette d’une famille nombreuse, c’était plein d’émotion et c’est un souvenir magnifique, l’un des meilleurs de mon enfance», a-t-elle souligné. Beaucoup d’adultes, qui ont vécu cette tradition, ont gardé de bons souvenirs, selon plusieurs témoignages recueillis par l’APS. Devenus parents, ils tiennent à faire vivre ce moment à leur progéniture, pour perpétuer la tradition mais aussi pour lui offrir un beau souvenir.
R. C.