L’Etat improvise des mesures exceptionnelles de soutien à l’économie

L’avant-projet de LFC-2020 obéit au contexte du Covid-19

Après plus d’un mois de confinement dû à l’épidémie du coronavirus et la mise en stand-by de tous les projets et objectifs socio-économiques de l’Etat pour l’année 2020, le gouvernement peaufine son plan de déconfinement et met en place toutes les modalités pour accompagner progressivement le retour du pays à une vie plus ou moins normale.

Conscients des dégâts qui risquent encore d’être plus grave après l’évaluation de l’impact financier du Covid-19 sur l’économie nationale, les autorités anticipent les conséquences d’une crise à effets multiples. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad a réitéré lors de l’examen de l’avant-projet de loi de Finances complémentaire (LFC) 2020, l’engagement des pouvoirs publics de soutenir les entreprises productrices et industrielles, mais aussi les start-up afin de relancer l’économie nationale. Il a, également, annoncé l’exonération des produits pharmaceutiques, et des dispositifs et équipement médicales de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les droits de douanes. Cette démarche s’inscrit dans la lutte continue contre la propagation du coronavirus dans le pays. Lors de la réunion du gouvernement par visio-conférence, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouiya a présenté les propositions et les objectifs contenus dans l’avant-projet de LFC-2020 qui devrait être rectificative de certaines mesures inscrites dans le projet de loi de Finances-2020.
Malgré l’incertitude et les préoccupations de l’Etat quant à l’ampleur des conséquences de la crise sanitaire sur l’économie dans une conjoncture angoissante, ponctuée par la baisse drastique des cours du pétrole à l’échelle mondiale impactant les marchés financiers qui craquent, l’Algérie tente de marquer un pas en soutenant la relance industrielle et aider les entreprises à s’affranchir de leurs difficultés et leur permettre de rebondir après en repartant de zéro. L’allègement et la simplification des procédures en vue d’améliorer le climat des affaires, la relance de l’investissement, de développement des start-up et de lutte contre le coronavirus, à travers la mise en place de quelques mesures d’incitations au profits des entreprises est très important, tout en continuant à contrôler la rigueur de celles-ci, mais aussi leur engagement à accompagner le gouvernement dans la concrétisation de ses objectifs, malgré la complexité de la situation. Au-delà des mesures de soutien économique, les pouvoirs-publics mettront, probablement, en place un plan d’action urgent pour affronter une crise sociale éventuelle en raison de la baisse du pouvoir d’achat des Algériens et le risque de chômage à contenir, ce qui creuserait davantage le déficit du Trésor public et augmentera la dette intérieur du pays.
Il a été prévu, à ce titre, du renforcement du pouvoir d’achat des ménages à travers la reconduction de l’abattement de 50% en matière d’IRG et d’IBS, au profit des revenus réalisés dans les régions du Sud. La charge sera importante sur le gouvernement qui devra trouver des solutions rapides pour faite face au défit important de la balance commerciale, l’érosion des réserves de change et à la crise pétrolière. Un trilemme auquel devra faire face l’Etat qui commence, d’ores et déjà, à évaluer l’ampleur des impacts économiques et financiers résultant de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 ainsi que la situation du marché international des hydrocarbures, que le ministre des Finances a présenté au Premier ministre.
Le défi peut sembler insoluble en raison de l’enchevêtrement de la situation socio-économique, mais l’Etat reste prudent et compte corriger les dysfonctionnements relevés à différents niveaux et surtout faire disparaître tous «les verrous qui empêchent l’investissement national et étranger», comme déjà été annoncé par Abdelaziz Djerad, il y a un mois. Des mesures qui seront introduites dans l’avant-projet LFC-2020 permettront de mettre un terme à tout ce qui a été fait pour bloquer les investissements et pour empêcher l’Algérie de construire une réelle économie. Parmi celles-ci la révision de la règle de l’investissement étranger 51/49% pour certaines activités. Par ailleurs, le retour à la normale confrontera l’Algérie à des vérités brutales, mais qui devront l’aider à se projeter dans une nouvelle ère.
Samira Takharboucht