«L’Algérie doit travailler sur deux vitesses», selon Benkhalfa

Le deuxième semestre de 2020 s’annonce difficile

Les pays du monde entier, y compris l’Algérie se préparent à affronter la période de l’après pandémie où l’économie mondiale passera au travers des indicateurs de la bonne gouvernance. Avec la progression inexorable du Covid-19 et la durée incertaine du confinement, ce sera un coup d’arrêt irréversible à la croissance mondiale.

Comme par ailleurs dans le monde, les experts et spécialistes algériens s’interrogent sur la profondeur de la récession et sa durée après la dissipation de l’épidémie, mais surtout comment sera le nouveau visage de l’économie algérienne après cette crise qui a démontré la vulnérabilité économique du pays et a soulevé des questionnements sur sa politique ou plan alimentaire. «La crise économique mondiale va s’aggraver au deuxième semestre », a indiqué, Abderrahmane Benkhalfa expert financier et envoyé spécial de l’Union Africaine (UA). Contrairement aux précédentes crises économiques provoquées par les crises financières, cette fois-ci, c’est l’inverse engendrant une situation inconfortable et préoccupante. C’est le cas de l’Algérie qui fait face à une crise économique imminente ponctuée par la baisse des revenus pétroliers et l’érosion des réserves de change dans le pays, conjugué à la crise du Covid-19 qui impose des dépenses supplémentaires à l’Etat pour endiguer la propagation de l’épidémie. Malgré l’euphémisme de certains responsables et experts, la situation financière du pays est au bord du précipice et le risque d’un choc social n’est pas écarté dans ces conditions. Après la dissipation de l’épidémie et la stabilisation de la situation, la relance économique est certainement une impérieuse nécessité.
Ce sera différend et la mise en place d’un nouveau modèle économique est impératif aux fins d’affronter la récession et traverser la période d’après pandémie qui s’annonce difficile. « Cette nouvelle situation exige un plan de décollage économique poste coronavirus », a souligné, M. Benkhalfa lors de son intervention sur les ondes de la radio algérienne, chaîne III, sur la situation évolutive de l’économie mondiale en parallèle de la pandémie du coronavirus. Pour l’expert, « l’Algérie doit suivre l’exemple des pays qui travaillent aujourd’hui sur deux vitesses. Une vitesse conjoncturelle pour couvrir les coûts de la pandémie et en même temps l’ouverture des grands chantiers structurels pour passer aux nouveaux modèles de financement de l’économie». Le plan des pouvoirs publics s’inscrit dans l’urgence de la situation actuelle à laquelle aucun pays n’a été préparé. Une conjoncture hors du commun qui met le monde entier face à ses responsabilités et a dévoilé le manque de cohérence entre les indicateurs de la gouvernance sociale et économique.
« En plus de la crise sanitaire, l’économie ne fonctionne pas et la croissance est devenue récession», déplore Abderrahmane Benkhalfa, qui a mis en garde contre « l’aggravation de la situation au deuxième semestre de l’année 2020 ». «On parlait de taux de croissance de 1 à 3% dans certains pays, mais on considère que le deuxième semestre va connaitre une récession qui va atteindre les 4 à 5% en négatif», a-t-il soutenu. Avec un taux de croissance faible de 1,8% selon les dernières statistiques en date, l’Algérie risque d’être secouée par une crise économique importante en raison du fléchissement des cours du pétrole, du repli des investissements et de la production dus au confinement qui dure depuis plus d’un mois. Le retour à la préférence nationale est plus que nécessaire pour se libérer de l’économie de la rente et relancer le secteur industriel et agricole au même titre que celui des nouvelles technologies et des énergies renouvelables.
Samira Takharboucht