Un acte d’investissement

Football

Le football n’a jamais été une aventure. A ce jour, le monde sportif s’interroge et continuera très certainement à s’intéresser si ce football est une aventure ou attendre pour savoir si cela en est une ou pas. Ensuite, au regard de la réaction des uns et des autres, ouvrant le débat avec des démonstrations à la clé.

Une autre question balaie les esprits des techniciens, celle de savoir si le football se dirige vers la finance. Les médias spécialisés pensent que le marché hyper spéculatif des joueurs de football attire les fonds d’investissement, désireux de transformer les droits économiques de joueurs en produits financiers à fort rendement. La Fédération internationale de football, bien que contestée dans ce rôle, régule ce marché comme elle régule l’économie entière du football. Les mesures prises présentent des similitudes avec la régulation des marchés financiers car les objectifs poursuivis sont identiques : sécurité, transparence et intégrité. Le foot est donc un acte d’investissement. Le marché des transferts est entré dans une nouvelle ère. Un économiste du sport soutien qu’«aujourd’hui, on perçoit un joueur de football comme un investissement, un capital qui doit fructifier et qui doit apporter un retour sur investissement».
C’est avec ces mots que l’économiste du sport schématise la place d’un joueur de qualité au sein de son club. Le mercato est, sous d’autres cieux, de plus en plus dirigé par des investisseurs «souvent étrangers-prêts à injecter des sommes faramineuses pour s’attacher les services du joueur considéré idoine». Aujourd’hui et à la lumière des derniers marchés, osons poser une question toute simple, les comportements d’achats ont-ils été modifiés sur l’ensemble du marché ? Les prix des joueurs ont-ils augmenté ? Il y a une année exactement, le 1er mai 2019, dans son communiqué, la Fédération algérienne de football parle de «trente joueurs du championnat de Ligue 1 Mobilis qui touchent un salaire de plus de 3 millions de dinars, selon le niveau des salaires des joueurs de la saison 2018-2019 contre 24 joueurs la saison dernière, soit une évolution de 25%». Comme elle signalait dans le même communiqué que «les salaires des joueurs de Ligue 1 de cette saison oscillent entre 1 million de DA et plus de 3 millions de DA… Selon le rapport de gestion présenté à l’assemblée générale ordinaire de la LFP qui a eu lieu le 30 avril dernier, 142 joueurs (36%) de Ligue 1 touchent 1 millions DA cette saison (plus bas salaire) contre 40% lors de la saison 2017-2018, soit (-11%).
Le même rapport indiquait que «les salaires des joueurs de Ligue 1 Mobilis sont répartis en six fourchettes. 112 joueurs gagnent entre 1,5 et 2,5 millions de DA, soit 28% du nombre total de joueurs du championnat tandis que 29 joueurs (7%) touchent entre 2,5 millions de DA et 3 millions de DA contre 19 joueurs la saison dernière, soit une évolution de (52%). En championnat de Ligue 2, les plus hauts salaires varient entre 2 millions de dinars et 2,5 millions de dinars mais la majorité des salaires sont en dessous de 1 million de dinars». D’autre part, le Paradou AC a bénéficié de la somme de 10 800 000 DA d’indemnisation de formation pour 8 joueurs placés dans d’autres clubs. Des dirigeants misent, désormais beaucoup sur la notoriété des joueurs. Certains clubs très fortunés sont prêts à toutes les folies». Ce qui est aussi vraie en Algérie. «Les clubs vendeurs estiment que les nouveaux investisseurs peuvent mettre beaucoup d’argent sur la table pour un joueur. Ils leur demandent donc parfois un montant supérieur à la valeur réelle d’un joueur», décrypte un professeur d’économie à la Sports Management School, spécialiste de l’économie du sport et de l’économie du football, Pierre Rondeau.
En juin 2019, un confrère du journal en ligne «Lava» rappelait qu’en 1990, Gary Lineker, célèbre attaquant de l’équipe d’Angleterre et aujourd’hui journaliste à la BBC1, avait déclaré après la demi-finale perdue à la Coupe du monde contre l’Allemagne : «Le football est un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et, à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent toujours». En réalité, à l’heure actuelle, ce ne serait plus vrai. Il faudrait remplacer dans la citation l’Allemagne par l’argent. Enfin, le journal Figaro rapporte que trois cent millions de livres (345 M€), c’est la somme qu’un consortium emmené par le Fonds d’Investissement Public saoudien, piloté par le prince héritier Mohammed Ben Salmane, compte mettre sur la table pour acheter Newcastle United, club historique du football anglais. L’opération doit encore recevoir l’aval de l’English Premier League (EPL) qui gère le championnat d’Angleterre, une compétition confrontée, comme le reste du football mondial, à des difficultés financières en raison de la suspension des matches face à la pandémie de Covid-19. «Si le prince héritier (Mohammed Ben Salmane), en vertu de l’autorité dont il dispose sur le Fonds public d’investissement, prend le contrôle de Newcastle United, nous nous demandons comment cela pourrait être positif pour la réputation de la Premier League», a déclaré Felix Jakens, un des responsables d’Amnesty pour le Royaume-Uni.
H. Hichem