«L’Algérie a de grandes capacités qui nous laissent optimistes»

Abdelmadjid Tebboune s’exprime sur les sujets liés à la vie économique :

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a répondu lors d’une rencontre, organisée avant-hier, avec les responsables de médias nationaux sur plusieurs questions et préoccupations relatives de la vie économique du pays, tout en rassurant sur l’engagement et la disposition de l’Etat de prendre les mesures nécessaires pour faire face à cette situation « difficile, mais pas catastrophique».

Pas d’endettement extérieur, ni de planche à billets
Il a tranché sur la question du recours de l’Algérie au financement extérieur et l’actionnement à nouveau de la planche à billets, estimant que « l’Etat ne recourra ni à l’endettement extérieur ni à la planche à billets pour ses besoins financiers face à la chute des prix du pétrole, mais plutôt à l’emprunt auprès des citoyens », ajoutant «nous n’irons ni au Fonds monétaire international (FMI) ni à la Banque mondiale (BM) ». Il était catégorique dans sa réponse, expliquant que « l’endettement porte atteinte à la souveraineté nationale, une expérience que nous avons vécue au début des années 1990 ». M. Tebboune ne souhaite pas reproduire l’expérience périlleuse avec l’Institution de Bretton Woods. Il a également décliné l’éventualité du retour du pays à la production monétaire en raison du préjudice qu’elle cause à l’Etat. « Qui va payer cette dette au final?» s’est-il interrogé avant d’expliquer qu’une « telle démarche entrainera une hausse du taux d’inflation alors que le revenu restera stable », ajoutant que « nous préférerons emprunter aux Algériens en leur donnant toutes les garanties nécessaires ». Ces dernières seront « accordées aux propriétaires de fonds pour contribuer à l’économie nationale », a-t-il souligné, tout en précisant la disposition de l’Etat à soutenir « la demande de l’ouverture d’une banque islamique sans intérêts ». Rebondissons sur la possibilité du recours au cofinancement étranger des projets stratégique, le chef de l’Etat a limité cette option pour « les projets économiques à haute rentabilité, comme la construction d’un port commercial ». Assurant, autrement, que l’Algérie disposait de capacités matérielles et humaines « lui permettant de dépasser la crise économique et de réaliser des taux de croissance élevés dans deux ans ».

Soutien à une économie émergente
Confiant en les compétences nationales conjuguées à la détermination et engagement de l’Etat, M. Tebboune a estimé que « l’économie nationale qui est restée, pendant plus de trente ans, prisonnière des hydrocarbures a maintenant de grandes capacités qui nous laissent optimistes ». Il a évoqué les secteurs émergents et surtout à haute valeur ajoutée qui sont sur la bonne voie, en l’occurrence, celui de « l’agriculture qui génère plus de 25 milliards de dollars, soit l’équivalent des recettes pétrolières ». Il a rappelé, à ce sujet, sa décision de « porter soutien aux investisseurs souhaitant réaliser des projets basés sur des matières premières locales par des prêts bancaires allant jusqu’à 90% de la valeur du projet », saluant au passage, les efforts du ministère de l’Agriculture qui s’attèle à « l’élargissement de la culture céréalière aux régions du sud afin de réduire les importations de 20 à 30% ». Le président a estimé que la crise du coronavirus a fait sortir le génie des Algériens qui n’ont pas lésiné sur leurs moyens pour aider dans la lutte contre cette épidémie. Faisant allusions aux universitaires. Il a affirmé l’importance de soutenir la recherche universitaire dans le développement industriel.

Prise en charge des pertes financières causées par le confinement
Répondant à la question de l’impact de la crise pétrolière sur l’économie nationale, le président a indiqué que c’est « une crise très conjoncturelle et non structurelle» et s’est dit optimiste quant à la reprise progressive des prix du pétrole avec la reprise de l’activité économique mondiale. Un retour qui permettra d’enclencher les changements économiques de l’Etat interrompus suite au déclenchement de la crise sanitaire. Le président Tebboune a évoqué, à ce titre, l’annonce « de nouveaux cahiers de charges pour les industries mécaniques et manufacturières » qui a été reporté pour les raisons suscitées. Lors de cette entrevue avec des responsables de médias, le chef de l’Etat a réitéré de nouveau l’engagement de l’Etat « à prendre en charge les industriels et les commerçants ayant enregistré des pertes en raison des mesures de confinement », précisant que « le gouvernement s’attèle à l’examen d’une politique d’aide bien ficelée, notamment à travers l’allègement des impôts». De même pour les professions libérales affectées par la crise. Il a assuré, par ailleurs, que « l’Algérie regorgeait d’importantes ressources inexploitées, notamment des minéraux rares, or, diamant, uranium, cuivre et bien d’autres ».
Samira Takharboucht