Adieu Cardinal !

Chanson kabyle : Idir tire sa révérence

On savait qu’il était malade mais de là à nous quitter si vite ce n’était pas prévisible. Lors d’un concert donné à la salle André-Malraux de Sarcelles, dans la banlieue parisienne, à la fin de l’année dernière, il nous avait promis de nous accorder une interview exclusive chez lui à Vauréal (95). Le hasard a voulu que notre ténor de la chanson algérienne et plus particulièrement kabyle tombe gravement malade …

En effet, le Cardinal Hamid Cheriet, plus connu sous le nom artistique Idir, s’en est allé avant hier vendredi après la rupture du jeûne soit vers 21h30 à l’hôpital Bichât de Paris à l’âge de 70 ans. Installé depuis plusieurs années en France et plus précisément dans l’agglomération de Cergy-Pontoise, l’auteur- compositeur s’est d’abord fait connaître avec son titre «Avava Inouva» (Mon papa à moi), enregistrée dans les années 70 et qui devient rapidement le tube planétaire. Cette chanson, faut-il le rappeler, a été interprétée par plusieurs grands (es) artistes et en plusieurs langues SVP ! C’était le premier tube qui venait de l’Afrique du Nord et qui a été accueilli à bras ouverts dans le monde entier, ce qui a permis à la critique musicale mondiale de lui attribuer le titre, voire le statut de précurseur de la World music. Le défunt Idir s’est éclipsé de la scène artistique durant presque une quinzaine d’années suite à un différend avec son producteur français, il relance sa carrière artistique en 1991, quatre ans après il monte sur la scène du Zénith de Paris avec cheb Khaled, invités à l’occasion par l’association «L’Algérie, la vie» dans le cadre d’un concert au profit de la paix et la liberté en Algérie qui vivait le terrorisme aveugle des islamistes… Ce jour-là, tout le monde parlait ici, en France, d’une inédite rencontre entre le raï «contestataire» et la poésie contestataire kabyle… Il est à signaler que le 28 septembre 2019 alors que l’auteur d’Ayarrach Negh (A nos enfants) était hospitalisé à Bichât pour une petite intervention chirurgicale, une rumeur sur sa mort a circulé sur les réseaux sociaux. Il a fallu l’intervention d’Idir en personne sur sa page officielle de Facebook pour démentir la rumeur infondée. Hamid Chriet ou Idir pour les mélomanes est originaire de Tizi-Ouzou il est né au village Aït Lahcen le 25 octobre 1949 de père berger et de mère poétesse.

Les œuvres d’Idir
A Vava Inouva (1976), Ay Arrach Negh (1979), Récital à l’Olympia (1980), reprise Avava Inouva (1991), Les Chasseurs de lumières (1993), Identités (1999), Deux rives, un rêve (2002), Entre scène et terre (2005), La France des couleurs(2007), Adrar Inu (2013) et son dernier Opus Ici et ailleurs (2017). Pour rappel, hormis Aït Menguellet et Matoub en live au Zénith, feu Idir avait fait plusieurs duos enregistrés avec de grands artistes de renommée mondiale entre autres, Charles Aznavour, Patrick Bruel, Francis Cabrel, Bernard Lavilliers, Tryo, Maxime Le Forestier, Gerard Lenorman, Henri Salvador, Grand Corps Malade et bien d’autres légendes Avec la conjoncture actuelle du Covid-19 et à l’heure où nous mettons sous presse nous ne savons pas encore si le corps de l’ambassadeur de la chanson algérienne et kabyle sera rapatrié en Algérie. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions. Repose en paix l’artiste, on ne t’oubliera jamais !
De Paris, Hadj Hamiani