«Des dossiers ont été bloqués pour des intérêts inavoués»

Benbahmed se confie sur les «défaillances listées» dans le secteur pharmaceutique

Le ministre délégué à l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a mis en avant, hier, l’engagement des entreprises locales dans la production de certains traitements destinés à combattre la pandémie du Covid-19, à l’exemple notamment de la Chloroquine, de l’hydro-psycho-chloroquine, en particulier, ayant permis de contribuer à l’endiguement de cette pathologie.

Lors de son passage à «L’Invité de la rédaction» de la chaîne III de la Radio Algérienne, le ministre délégué à l’industrie pharmaceutique a fait savoir que celles-ci avaient été au «rendez-vous en développant ces types de traitement, mais également en produisant, quoiqu’en faibles quantités, des équipements de protection contre le virus». Lotfi Benbahmed a ajouté , en outre, qu’un industriel spécialisé dans la fabrication de bandelettes de tests de glycémie est actuellement en phase de reconversion d’une partie de son activité pour la réserver à la confection de kits de test de dépistage du coronavirus. Il a précisé que celui-ci va, à partir de la mi-mai, commencer à produire 40.000 unités/jour, une cadence qui augmentera progressivement à 80.000 sur une même période.
Plus que jamais, «en encourageant la création de nouvelles entreprises, particulièrement celles maîtrisant la production de molécules obtenues par le biais des biotechnologies, l’Algérie est fermement décidée à développer une industrie pharmaceutique forte pour diminuer au plus près sa facture d’importations de produits de soins et d’économiser dans une première phase quelque 400.000 dollars», a-t-il expliqué. Il a ajouté que les deux plus grands laboratoires du monde spécialisés dans la production de l’insuline vont produire cette molécule ici en Algérie. «Nous demandons qu’ils le fassent en full process, il ne s’agit pas de mettre en place du conditionnement», a-t-il indiqué en précisant que ces unités seront uniques en Afrique et dans le monde arabe et «pour certaines unités il y a deux ou trois dans le monde». Des décrets existant jusque-là pour organiser la filière des médicaments, l’intervenant a signalé que ces derniers étaient clairement orientés vers un but d’affaiblissement de la production nationale de médicaments.
À cet effet, il a avoué son «grand étonnement», après avoir listé l’ensemble des unités de production de médicaments et leur implantation géographique, de découvrir d’importants nombres de «dossiers gelés ou mis en attente, pour des intérêts inavoués, autant pour les insulines que pour les traitements utilisés en spécialité d’oncologie». Ce sont de «pareilles situations qui ont amené à reconsidérer d’anciens décrets pour les remplacer par des textes organisant l’enregistrement, l’homologation, le contenu des cahiers de charge à l’importation, de même qu’à mieux définir ce qu’est un établissement pharmaceutique ou bien encore un produit de soins». En plus que de «lister les médicaments essentiels, les nouveaux textes doivent permettre de dégager une politique axée sur la thérapeutique de prise en charge des patients, mais également, sur l’intérêt économique, en se projetant vers l’export», a-t-il ajouté. D’autre part, le même responsable a annoncé le lancement d’unités de production pharmaceutiques spécialisées dans la conception de nouvelles thérapeutiques «lesquelles seront enregistrées de manière prioritaire». Par le passé, «il y avait énormément de blocages au niveau de l’enregistrement, empêchant de protéger les produits fabriqués localement et d’orienter les importations vers les moins chers», a-t-il conclu.
Djamila Sai