«L’aspect psychologique du joueur ne doit pas être négligé»

Toufik Korichi (CRB)

Dans cette seconde partie de l’interview accordée par le directeur général du CR Belouizdad, Toufik Korichi à notre confrère Compétition, un sujet à maintes fois remis sur les espaces de communication, n’a pas était occulté.

Il s’agit de l’empressement qu’affichent les joueurs pour reprendre les compétitions et surtout terminer la saison. Ce sujet lui donne l’occasion de faire passer un message qui est à ses yeux d’actualité, à savoir : «Je crois qu’on est premier à la loyale, avant que les jeux de coulisse ne commencent». Voilà qui dénonce une fois de plus ce phénomène qui semble occuper une bonne place dans la vie du football national. Un mal qui circule encore en 2020 dans les rouages des clubs ? Appelé «jeux de coulisse» personne, dira-t-il, ne peut remettre notre mérite en question ! Voilà qui est dit et bien ajusté ce qui ne lui interdit pas de cimenter une autre idée celle «je doute fort que notre équipe perde la première place si ce coronavirus ne s’est pas invité chez nous !» Et comme son parlé est souvent écouté, il ne s’empêche de jouer au pari sportif. «Je miserai même sur un écart plus important avec le second, mais, dira-t-il, ce n’est pas la question… La vraie question est celle de savoir que penseraient les 16 clubs. Intelligente chute d’idée. A la question de savoir, s’il souhaiterait un scénario à la française.
Sa réponse fut tranchante : «Pourquoi pas ! Avant de s’interroger, sommes-nous meilleurs que les Français, les Hollandais ou les Argentins ?» Mais il ne dit pas dans quelle catégorie où placera-t-il le championnat national. Le DG du CRB, lui qui ne verse pas dans l’optimisme excessif, mais plutôt dans l’alarmisme, estime que des différents scénarii de sortie de crise envisageables existent. Une certaine impatience dans la façon de faire passer ses idées, mais aussi parfois on ressent cette envie de convaincre ses collègues en utilisant un style d’une personne qui fait l’école du football, qu’il est à la hauteur, convaincu qu’il a l’esprit de la gagne, non seulement sur les terrains mais aussi sur les autres terrains de la communication montrant du doigt les dirigeants de la LFP et de la FAF. Il dira qu’«ils n’ont pas pensé à une loi qui pourrait départager les clubs en cas de catastrophe mondial, alors qu’il faut prendre des décisions qui pourraient ne pas plaire à tout le monde. Il est donc urgent de trancher sans mettre la vie des gens en danger».
Que penserait la FAF, notamment des exemples explorés par les pays cités, en attendant, pour Korichi, ce sont des décisions courageuses, parce que ces pays, dira-t-il, ont eu aussi la présence d’esprit de faire passer la vie de leurs concitoyens avant toute autre considération populiste, économique ou encore clubarde». On comprendra que les clubs sont confrontés à l’inconnu et par la même, en train d’apprendre. Non seulement cette idée mais pour lui qu’il y ait des critiques, il le comprendra parfaitement et qu’il respectera leurs auteurs. Revenant sur les cas d’exemples, il persistera dans sa façon de voir les choses «le football génère des centaines de millions d’euros dans leurs pays respectifs», non seulement, mais aussi «face à la pression des lobbies du football, des sponsors, les droits télé, la publicité, les abonnements» et finir par dire que ces clubs ont pris leurs responsabilités parce qu’ils ont fait de la résistance, tout en doutant qu’ils aillent jusqu’au bout, sauf si ce virus disparaît définitivement.

Un autre lien qui n’est jamais invisible pour les dirigeants des instances a été invité dans cette discussion. Il s’agit du financement du football. Il rappellera que celui-ci est financé par l’Etat, pire encore, aucune «entreprise ne fait de bénéfice». Il confirme cela, mais il s’interroge aussi «pourquoi doivent-elles prendre ce risque ?» Mieux encore «pourquoi gâcher l’argent et puiser dans les caisses de l’Etat en cette période délicate et difficile ?» Il finira par dire «je ne comprends pas cet entêtement à finir la saison ?» En sa qualité d’ex-DTN maîtrisant les textes et leur interprétation, Korichi se lance sur des hypothèses qui ne devraient pas faire barrage aux directives de la FAF. Qui va descendre mais aussi qui va monter ? Pour lui, les choses sont claires, pas besoin de revenir sur cette question. «Contrairement au championnat français, personne ne descend, personne ne sera sacrifié». Selon le plan FAF, le DG du CRB imagine la saison prochaine avec un championnat à 20 clubs. Il explique «faire accéder 4 clubs de la L1 et maintenir un format pyramidal jusqu’aux divisions inférieures de manière à équilibrer les divisions inférieures de manière à équilibrer chaque division».
Cette hypothèse poussera lors de la prochaine saison 2021/2022, quatre clubs à descendre et deux à accéder, et tout cela pour stabiliser le championnat de l’élite à 18 clubs, comme le prévoit la FAF. Cette hypothèse ferait sourire l’USB, le NCM, l’USMH, s’est interrogé notre confrère. Selon Korichi, il faut choisir, priver un club de titre ou d’une participation continentale que de le condamner à descendre sans lui donner la chance de se battre. S’agissant d’un championnat avec 20 clubs, soit 40 matches par saison, voilà ce qui fait surgir Korichi. La LFP et la FAF veulent cumuler les deux saisons ce qui donnerait 38 matches à mettre en route sans préparation sérieuse, non seulement puisque l’aspect psychologique du joueur ne doit pas être négligé, non, il n’est pas facile de s’entraîner en solo avec tous les risques que cela encoure. Piqué par cette réaction, il ne manquera de s’adresser aux dirigeants en des termes jugés justes «libérons-les, les joueurs sont déprimés, stressés, ils sont au bout de l’implosion». Le mercato, un autre phénomène qui trouve sa place dans cette interview. La solution est toujours accrochée à un nuage de doute puisque tel expliqué par le DG du CRB «on ne sait pas quand le championnat va reprendre et quand va-t-il se clôturer, il peut débuter… Il peut débuter en août, septembre et même en octobre.
Des périodes où les CIT peuvent ne pas passer avec certains pays». Le CRB sera touché par cette mesure puisque dans le cas où le club souhaiterait recruter, il ne pourra pas. Que faire pour rivaliser avec les Egyptiens, Marocains ou Tunisiens ? Le Chabab pourrait être intéressé par le recrutement de joueurs africains, à ces conditions, il ne pourra pas». D’autres sujets intéressants ont été abordés et qui survolent des réalités du terrain que suscitent des débats et des confrontations d’expériences, d’idées et de faits. A travers cette interview, il est aisé de comprendre que le football ne peut se construire seulement avec une équipe limitée sans la participation des experts, des professionnels, des anciens internationaux. Tout le monde n’a pas la même vision de ce qu’est ce sport. Chacun a son point de vue et peut apporter sa pierre à l’édifice. Tout le monde a du mal à s’attacher à des principes liés à un football attrayant et auxquels ils y croient. Pourquoi n’a-t-on pas souvent la même méticulosité dans l’analyse, peu importe le niveau en face. Le ballon, on domine, non seulement l’adversaire sur le terrain, mais aussi et surtout par ses idées hors terrain. Au final, ce sont les supporters qui tranchent.
Synthèse de H. Hichem