L’université algérienne, entre le renforcement de ses acquis et la pré́paration des perspectives de son évolution

Eléments de réflexion

«L’université́ n’est pas un monde clos, elle doit ê̂tre sensible à l’é́volution du monde, à̀ l’é́volution du monde des connaissances et aux exigences toujours renouvelé́es de la formation et de la recherche.»

Devant cette multiplicité des activités, il est devenu nécessaire de mettre en place de nouveaux organes qui auront pour mission la prise en charge de cette nouvelle dynamique, qui se veut vitale pour l’étudiant, et pour l’université et l’entreprise. En plus de cela, pour que cette collaboration s’instaure sur des bases équitables et durables dans un esprit gagnant-gagnant, il est indispensable que ces deux acteurs s’imprègnent mutuellement des missions, des contraintes et des codes de l’autre.

III-Dialogue recherche-formation une pratique pour améliorer la formation universitaire
Actuellement, dans le milieu universitaire, l’articulation recherche-formation est devenue une préoccupation des enseignants chercheurs d’une part, et représente des programmes et des projets institutionnels d’autre part. Elle est considérée comme une activité d’innovation pédagogique à travers la conception et l’élaboration de projets tel que : – Recherche-action, – Recherche-formation, – Recherche-action-formation. Cette question est définie par ces aspects collaboratifs et participatifs, qui reposent sur l’ingénierie de la construction des parcours de formation. Elle met en exergue le rôle déterminant que doit assumer l’enseignant- chercheur dans la production des connaissances et de sa mission à les utiliser dans les enseignements constituant les formations dans lesquelles il intervient. Aussi, l’articulation de la recherche-formation se positionne comme un moyen pour évaluer la qualité de la formation universitaire.
Elle est appréciée par :
1. Le niveau de la continuité entre la recherche et la formation,
2. La valorisation de l’activité d’enseignement par le maintien d’un équilibre durable entre l’enseignement et la recherche dans la carrière des enseignants chercheurs et les missions de l’université,
3. La définition des approches et des politiques qui soutiennent l’articulation recherche-formation dans les différents cycles, particulièrement les cycles supérieurs,
4. La mise en place des moyens et de structures permettant la pratique de l’articulation de la recherche – formation accompagnés, d’un processus d’évaluation institutionnelle. Il est à noter que les objectifs, assignés à cette articulation (recherche- formation), sont différents d’un cycle de formation à l’autre.
Ainsi pour le – Premier cycle :
La recherche s’articule à la formation par la présentation des résultats de la recherche dans le cadre des cours, et par la formation à la recherche c’est-à-dire par le développement, d’habilités liées à la compétence en recherche qui sont la méthodologie, l’éthique, la rigueur et l’esprit critique. L’analyse de la recherche est conçue comme apprentissage à intégrer dans une démarche d’orientation professionnelle ; exemple la création d’entreprise ou le montage du projet professionnel de l’étudiant (PPE).

– Deuxième cycle : C’est la formation par la recherche au métier de la maîtrise. A ce niveau, il est exigé une connaissance parfaite des modes de production scientifique, transférable à un domaine pratique professionnel. En d’autres termes, l’exploitation des résultats de la recherche pour réaliser des études, ou pour concevoir une expertise, proposer des solutions ou l’élaboration et la réalisation de projets.
– Troisième cycle : L’objectif principal de l’articulation recherche-formation représente la phase de qualification au métier de chercheur. Ici l’étudiant se forme pour produire de nouvelles connaissances. Toutefois, la tendance actuelle relative au concept de la construction de la pédagogie universitaire fondée sur l’utilisation de la recherche dans la formation universitaire, montre bien dans le contexte socio-politique et économique actuel, que l’université algérienne face à cette question est engagée, pour : – Répondre aux exigences de la réforme LMD, qui a instauré l’adossement de la formation à la recherche, – Faire face aux conditions imposées par l’internationalisation de l’enseignement supérieur dans le monde.
Ou le poids de la recherche est déterminant dans la qualité des formations universitaires, et impose une forte concurrence. – Placer la recherche comme moyen et une voie de la professionnalisation de l’offre de formation en réponse à la demande sociale, pour rendre ce type de parcours plus attractif. À partir de ces faits, la déclinaison de l’offre de formation sur la base de la recherche peut s’expliquer par deux concepts différents et complémentaires : le premier propose l’apprentissage de l’étudiant sur la démarche recherche dont la finalité est de révolutionner le modèle transmissif encore en vigueur dans nos université. Une démarche pour donner à l’étudiant les outils nécessaires, afin qu’il soit un véritable acteur de sa formation. Le second considère l’utilisation de la recherche dans le processus pédagogique comme un moyen pour produire des connaissances sur le modèle enseigner-apprendre, qui est issu du concept «mettre la main à la pâte». Ce qui définit : apprendre à l’université, c’est acquérir des compétences, pour créer, produire, changer, modifier, transformer, réorganiser et aller vers des niveaux complexes et innovants. Ceci nous amène à dire que pour chaque savoir enseigner, il y a implicitement des savoirs produits et vice versa.

À partir de cette démarche, le collectif de recherche, composé de tous les acteurs doit travailler pour intégrer, observation, analyse, lecture théorique, recherche de solutions, expérimentation, évaluation formative et sommative, dialogue et confrontation d’idées, ainsi que l’éthique, dans chaque parcours de formation. Par ailleurs et au niveau des institutions, la réussite de cette démarche trouvera sans aucun doute, les ingrédients nécessaires dans le cadre d’entités organisées en unités de formation et de recherche (UFR). A cet effet, il y a lieu de signaler que le nouveau décret exécutif n°19-31 du 13 août 2019, fixant les modalités de création, d’organisation et de fonctionnement des laboratoires de recherche, qui stipule la gestion des laboratoires de recherche sous la responsabilité directe des facultés. Cette nouvelle organisation des laboratoires au sein des facultés sera un nouveau espace ou se définira et se créera, les éléments de la dynamique à mettre en place pour renforcer davantage le rôle des laboratoires de recherche en tant qu’acteurs dans le processus de formation et de développement des compétences.
À l’université, cette relation recherche –formation deviendra alors, une activité qui sera prise en charge par les équipes de formation au sein des laboratoires et unités de recherche. En plus, de ces premières structures de recherches, cette question trouvera, aussi une place importante à l’intérieur des plateaux techniques, les plate-formes technologiques et les espaces de création tel que les maisons de l’entrepreneuriat, les FabLabs, les Bureaux universitaires de transfert Technologique (BuTT), les centres de calcul, les clusters et l’organisation d’ateliers thématiques. De même le Programme recherche-formation universitaire (PRFU), instauré par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour soutenir la formation doctorale par la recherche, peut incarner la voie par laquelle les universités algériennes puissent donner une dimension importante à l’articulation recherche-formation universitaire, en s’appuyant sur la production scientifique de ce programme et de sa mobilisation dans les contenus des parcours et cursus d’enseignement des trois cycles universitaires.
Programme auquel il faut accorder une évaluation et des perspectives définissants de nouveaux rapports aux études universitaires, principalement la qualité, et l’attractivité des formations. En plus de cette dynamique, il est intéressant de préconiser l’organisation d’ateliers et des rencontres permettant le partage des expériences et des bonnes pratiques réalisées à cet effet. Ceci pourrait être une démarche pour capitaliser une grande expertise dans ce domaine d’innovation pédagogique, construite sur l’adossement des formations à l’activité de recherche. Toutefois, si cette pratique doit un jour se généraliser au sein de nos entités de formation universitaires, elle doit être une exigence professionnelle dont dispose l’enseignant-chercheur pour exercer de façon aisée cette double mission, qui consiste à être à la fois chercheur et enseignant. Une appellation dans laquelle le lien entre ces deux missions prend toute sa valeur : comment s’articulent l’enseignement et la recherche dans ce métier ? Un métier qui nécessite une formation progressive et continue.
(A suivre)
Par Abdelhamid Djekoun