«La Colombie a fait même l’inimaginable pour provoquer une guerre»

Venezuela : Perez Pirela, intelectuel vénézuélien

Plusieurs tentatives d’invasion, constitution de lieu d’entraînement de terroristes et d’assassins, participation au vol d’entreprises vénézuéliennes, ne sont que quelques-unes des actions exécutées par la Colombie qui pourraient déjà avoir provoqué une guerre avec le Venezuela, a déclaré le philosophe et communicant Miguel Ángel Pérez Pirela dans son émission «D’où que ce soit».

L’émission du 5 mai était consacrée exclusivement à l’analyse de l’action de l’élite dirigeante colombienne dans le contexte des tentatives incessantes des Etats-Unis pour renverser les Gouvernements d’Hugo Chávez Frías et de Nicolás Maduro Moros pendant ces 20 dernières années. L’ancrage de cette analyse dans l’actualité a été l’évidente complicité du Gouvernement et des forces paramilitaires colombiennes dans la tentative d’invasion du territoire vénézuélien survenue le week-end dernier, repoussée avec succès par les autorités vénézuéliennes et les habitants des localités côtières de Caracas et d’Aragua. «Nous sommes toujours sous le choc de cette tentative. Cela provoque et s’étend et des éléments essentiels continuent à surgir pour comprendre l’ampleur, l’importance, l’impact qu’a dû avoir ce fait sur le peuple vénézuélien tout entier.
C’est pourquoi j’envisage une réflexion sur les acteurs essentiels dans cette logique. Nous pouvons la résumer en une sorte de triangle. On peut étudier beaucoup d’autres éléments, beaucoup de causes, beaucoup de facteurs mais au dessus de tout ce qui se passe au Venezuela, il y a les Etats-Unis et plus particulièrement le Gouvernement de Donald Trump. Après, nous avons par-là Juan Guaidó (et le reste de la droite vénézuélienne : Leopoldo López, Lilian Tintori, Antonio Ledezma, Vecchio, Smolansky, etc…) qui représentent les intérêts de Trump. Et dans un autre angle, il y a la Colombie. Ce sont les éléments essentiels qui déterminent les causes des événements qui causent des problèmes au Venezuela de plusieurs façons,» a dit Pérez Pirela en montrant un dessin du triangle en question. Avant de parler de la Colombie, il est revenu sur ce qui s’est passé avec les autres c^tés du triangle concernant le plan d’incursion maritime ratée. «Trump, en 16 secondes, a dit qu’il n’avait absolument rien à voir avec cette tentative d’invasion.
Il s’est débiné. Il a lâché le paquet. Guaidó, dans un premier temps, a essayé de faire pareil. Et c’est ce qui est drôle. Il a dit qu’il s’agissait d’un cirque du Gouvernement, c’est à dire que ces mercenaires, aujourd’hui en prison, certains morts, n’existaient pas. Ironie du sort, le groupe fermé de ces mercenaires correspond au groupe fermé de ceux qui ont tenté de faire un coup d’Etat en avril 2019 à Altamira avec Guaidó, le coup d’Etat des bananes vertes. Mais le lendemain, Guaidó a dit : «Il faut respecter les droits de l’Homme de ces détenus.» Ici s’applique le principe de non-contradiction propre à la logique d’Aristote : A et Non-A ne sont pas en même temps… ou c’est A ou c’est Non-A. Ou les mercenaires n’existent pas et font partie d’un show, comme il l’a dit dimanche ou il faut respecter leurs droits de l’Homme comme il l’a dit lundi. Là, l’effronterie arrive au niveau de l’apothéose.»

Comprendre le facteur Colombie
«Si nous ne comprenons pas que la Colombie est sur un côté de cette espèce de triangle des Bermudas, nous ne comprendrons pas vers où vont les tirs et je le dis intentionnellement parce qu’ici, pendant ces dernières 48 heures, il y a eu de véritables tirs, des affrontements entre d’un côté la Force Armée Nationale Bolivarienne, la Police Nationale Bolivarienne et la Milice Bolivarienne et de l’autre, des cellules terroristes, paramilitaires, de tueurs à gages, de mercenaires. En ce moment, pendant que nous parlons, certains de ces groupuscules continuent à fuir dans les montagnes caribéennes». Pour aller au fond du problème de la Colombie en tant qu’agent de l’attaque impérialiste permanente contre le Venezuela, j’ai utilisé 2 livres à la rédaction desquels j’ai participé. «Normalement, nous terminons l’émission en recommandant des livres mais aujourd’hui, nous allons commencer avec ces 2 (L’invasion La question colombo-vénézuélienne). Le premier, intitulé «L’invasion paramilitaire», je l’ai écrit avec mon maître, Luis Britto García. Il a été publié en 2012 avec des documents déclassifiés de l’époque d’Álvaro Uribe Vélez concernant plus de 100 paramilitaires à qui Uribe a demandé de tuer le président Hugo Chávez en 2004. L’histoire n’a pas changé. Ici apparaissent les noms, les listes complètes de ces paramilitaires. Je me souviens des jours de recherches où nous étions dans les organismes de sécurité avec des caisses et des caisses de documents.
Là, nous avons trouvé tous les détails de ce qui s’est passé et nous avons même reconstitué les bagarres internes qu’il y a eues. Nous avons appris que l’un d’eux cherchait à s’échapper et que les autres l’ont tué et l’ont enterré là, dans la propriété Daktari après l’avoir mutilé. Vous vous souvenez que quand c’est arrivé, la réaction de la droite vénézuélienne a été de nier l’affaire de ces 100 paramilitaires qui se trouvaient dans une propriété tout près de Caracas. A ce moment-là, ils ont fait comme maintenant. Il sont dit que c’étaient des «para-croissants» parce qu’ils amenaient des croissants d’une boulangerie fameuse de l’Est. Au cas où ils seraient découverts, ils commençaient à relativiser les choses, à les caricaturer, à s’en moquer. Après, quand les photos et les preuves ont commencé à sortir, comme maintenant avec ces mercenaires, ils ont opté pour un silence de mort». J’ai remarqué que ce sont des réactions typiques des ennemis de la Révolution vénézuélienne, chaque fois qu’ils subissent un désastre. Ce cadre se répète aujourd’hui après les événements de Macuto et Chuao. «Trump, en 16 secondes, a dit qu’il n’avait absolument rien à voir avec cette tentative d’invasion. Guaidó aussi et la Colombie s’étonne de ce qui est arrivé. C’est à dire que ces gens étaient sortis de rien, n’étaient pas sortis de 3 camps d’entraînement qui se trouvaient par là, vers Riohacha.
Et quand le dis «par là», je le dis ironiquement parce qu’il y a des semaines que le gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela a donné des coordonnées précises, grâce au GPS, des 3 camps. Mais la première réaction est de nier les faits parce que quand on perd une bataille, ses acteurs se volatilisent. Quand on gagne, tous sont en première ligne. Quand on a perdu la bataille des mal nommées guarimbas, plus de 3 mois d’actes terroristes, de gens brûlés vifs, d’écoles brûlées, personne n’était coupable. Tous le monde a disparu et s’est tu. Il ya quelques jour,s nous commémorions le premier anniversaire du coup d’Etat de Guaidó et Leopoldo, et personne ne savait rien. Dans l’affaire de l’Opération Daktari, personne n’a voulu parler de ça. Aujourd’hui, il s’est passé la même chose.» Pour revenir au triangle que j’il a tracé au début de l’émission, le modérateur a expliqué qu’il allait approfondir le troisième côté, ce pays qui s’est consacré à être la tête de pont de l’invasion du Venezuela : la Colombie. «Nous allons envisager certains éléments. L’entreprise pétrochimique Monómeros, qui a été volée, se trouve en Colombie. Et c’est en soi un casus belli, un cas de guerre. Pour seulement un des éléments que je vais évoquer, le Venezuela aurait pu déclarer la guerre à la Colombie. Je dis quelque chose de très fort et je me rends bien compte de ce que je dis. Plus encore, ne disons pas de noms mais X au lieu de Colombie et Y au lieu de Venezuela ou pensons à la France et à l’Allemagne ou à la Chine et au Japon ou au Mexique et aux Etats-Unis.
Que se passerait-il entre ces pays si un type qui lève la main et se proclame Gouvernement parallèle s’appropriait une entreprise du pays voisin, la volait ? Voyons un autre cas : le concert bénit de Cúcuta auquel ont participé tous ces reguetoneros et les gens du monde du spectacle avec 2 doigts devant pleuraient, pleurnichaient pendant qu’une invasion se préparait avec le soutien du Gouvernement colombien, du para-militarisme colombien, de Los Rastrojos, des terroristes vénézuéliens qui sont partis par là, d’une poignée de déserteurs de l’Armée vénézuélienne avec la présence sur les lieux des présidents du Chili, du Paraguay et de la Colombie. C’était une tentative d’invasion au cours de laquelle on a utilisé des camions pleins de matériel de guerre. Déjà, avec ça, il y avait un casus belli, une raison pour déclarer la guerre à la Colombie. C’était très insolent. Il n’y a rien de pire dans la vie que quelqu’un qui est totalement coupable et ce qu’il fait pour se défendre, c’est attaquer.
La parole de ce genre de personne ne vaut rien. C’est ce qui s’est passé avec la Colombie». Il a poursuivi en énumérant des situations qu’on aurait pu considérer comme une raison pour un conflit armé. «Analysons le cas de Los Rastrojos, un groupe paramilitaire que le Gouvernement de la Colombie ne parvient pas à contrôler ou pour mieux dire et ne pas passer pour un naïf, qui est protégé par le Gouvernement colombien, par le Gouvernement paramilitaire d’Álvaro Uribe Vélez aux mains de ce pantin d’Iván Duque. Juste à cause de ce qui s’est passé dans cette affaire, il y avait des raisons pour faire la guerre parce qu’on a utilisé un groupe délictueux pour faire sortir du pays quelqu’un qui avait interdiction de quitter le pays. Et c’est l’un des groupes criminels les plus cruels de la région, des gens qui ont des maisons spécialisées dans le dépeçage de personnes».

Une nation, 3 Etats
Sur ce Point, il cite un autre livre qu’il recommande, «La question colombo-vénézuélienne» qu’il a écrit avec Eva Gollinger, Iraida Vargas, Mario Sanoja, Luis Britto García, Sergio Rodríguez dont la préface a été écrite par la sénatrice colombienne Piedad Córdoba. Il cite le chapitre de Britto García pour montrer que le para-militarisme est déjà entré au Venezuela et sert d’instrument aux tentatives d’invasion et de déstabilisation, de coups d’Etat et d’assassinat du Président de la République. «Nous devons prendre conscience de cela et nous allons finir par la Colombie. Comment cela est-il possible ? Car la Colombie est une nation, tous, là, se sentent Colombiens mais il y a 3 Etats : l’Etat bourgeois, actuellement aux mains de Duque, un para-Etat contrôlé par les guérillas et un para-Etat paramilitaire. Tous dominent le territoire et tous ont des armes. Voulons-nous cela au Venezuela ? Parce que les tentatives que Trump conduit par l’intermédiaire de Guaidó,
López, Smolansky et d’autres en créant une présidence soi-disant parallèle composée de déserteurs qui ont cherché à entrer en tant qu’envahisseurs et ont fini morts ou en prison. Ne pas réfléchir à ça, c’est favoriser la transformation du Venezuela en une autre Colombie, un pays avec plusieurs présidents, plusieurs forces armées, plusieurs mécanismes de justice, un pays paramilitaire avec des zones contrôlées par l’Etat et d’autres par la guérilla ou par les paramilitaires. Non, dans notre cas, cela n’est pas possible. Le Venezuela est un et indivisible parce que la caractéristique essentielle de l’Etat-Nation, c’est d’avoir une frontière définie, un seul Gouvernement et une seule force armée,» souligne-t-il. Il lit un extrait du chapitre de Britto García dans lequel il explique que le para-militarisme est né en Colombie dans les années 90. «Les forces armées révolutionnaires Colombiennes (FARC) ont commencé à croître et à occuper des territoires au niveau national.
Il y a eu une augmentation des enlèvements et des attaques de bases militaires et de postes de police colombiens en tant qu’expression politique contre l’augmentation de l’Etat narco-paramilitaire et la répression qui s’était intensifiée contre les paysans et les personnes déplacées.» A son avis, la cause essentielle du para-militarisme qu’ils veulent à présent imposer au Venezuela peut se situer dans l’étude de l’origine de ce phénomène dans le pays voisin. C’est pourquoi il a continué à lire le texte de Britto García : «Les trafiquants de drogues, les grands propriétaires et les mafieux de la région ont répondu avec brutalité. Bien qu’ils aient déjà commencé à former des groupes paramilitaires dans tous le pays dans les années 80. Dans les années 90, ces efforts se sont renforcés et les Autodéfenses Unies de Colombie sont nées, avec le chef paramilitaire Carlos Castaño à leur tête». Pérez Pirela pense que c’est à partir de ce moment que la fracture de l’unité de l’Etat colombien commence comme l’explique Britto García : «Les AUC ont regroupé des groupes de défense de grands propriétaires, de patrons et d’éleveurs comme les mercenaires des cartels de la drogue des années 80.
Leur objectif initial était d’éliminer les FARC et l’ELN, les 2 principales organisations de guérilla. Leurs actions sont devenues de plus en plus violentes, criminelles et barbares et à la fin des années 90, les paramilitaires étaient responsables de plus de 75% des morts et des violations des droits de l’Homme dans le pays. Ils avaient fait une campagne brutale, pleine de massacres, de déplacements et d’abus envers les droits de l’Homme des civils qui vivaient dans les zones rurales. Elles mettaient en place un état de terreur et avaient le soutien et la complicité des Forces armées Colombiennes, de la Police nationale et des personnalités politiques de droite. En quelques années, les AUC d’un groupe para-étatique de lutte contre la guérilla, sont devenues un groupe paramilitaire disposant d’un véritable pouvoir économique basé sur le trafic de drogues et la politique et d’une alliance avec le financement dans les secteurs politiques.»
(A Suivre )
Françoise Lopez pour Bolivar InfosSource en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/ …/venezuela-perez-p…/