Le rapatriement des crânes algériens en question

France – Association Le Grand Maghreb

L’Association Le Grand Maghreb (ALGM) relance le mouvement en faveur du rapatriement des crânes algériens entreposés au Musée de l’Homme à Paris. La complexité de l’Histoire ne doit plus empêcher la nécessaire dignité due aux valeureux soldats algériens et à leur descendance. L’Association Le Grand Maghreb est une association créée à l’initiative de Franco-Algériens, ayant vocation à rassembler les Franco-Maghrébins et fédérer les mouvements associatifs en France pour l’entraide humanitaire. Résolument tournée vers un avenir commun en promouvant l’idée du Grand Maghreb, elle porte un regard exigeant sur l’Histoire entre l’Algérie et la France tournée vers des considérations humanitaires. L’Histoire des crânes algériens : une histoire oubliée, mise en valeur par des initiatives éparses, délaissée par la complexité des relations inter-étatiques.

Les pages sombres de l’Histoire coloniale
Après 170 ans, les 800 Algériens tués le 29 novembre 1849 lors de la Bataille de Zaâtcha (au Sud de Constantine), en Algérie, sont toujours présents dans la mémoire des vivants, aujourd’hui. Les têtes de quelques résistants algériens tombés sous les balles du corps expéditionnaire français sont décapitées et envoyées en France par un médecin militaire pour y être exposées comme des trophées de guerre. C’est l’Histoire de la France sous la Monarchie de Juillet, sous la Seconde République et sous le Second Empire. C’est l’Histoire de la France en Algérie. Au XIXe, les médecins, zoologistes, scientifiques et ethnologues de la Société d’anthropologie de Paris se sont penchés sur de nombreux crânes des peuples colonisés pour mener des recherches scientifiques mais également pour répondre à une question qui les préoccupait : la race blanche est-elle supérieure aux autres ? Cédées en 1880 par des collectionneurs privés, elles font partie aujourd’hui de la collection anthropologique du Musée de l’Homme, place du Trocadéro à Paris. Affirmons-le, leur place est en Algérie.

Des tentatives issues d’initiatives citoyennes
Archéologue et historien algérien de renom, Ali Farid Belkadi a recensé, au cours de ses recherches lancées en mars 2011, au Musée de l’Homme, 68 crânes de combattants algériens, fusillés avant d’être décapités. En mai 2016, l’universitaire et écrivain algérien Brahim Senouci a lancé appel pour que soient restituées les «têtes des résistants algériens détenues par le Musée de l’homme». Confinés dans une armoire dans les sous-sols du Musée, ces crânes n’ont jamais été réclamés par l’Algérie. Ces restes humains sont aujourd’hui tombés dans l’oubli. 536, c’est le nombre de crânes de résistants algériens qui seraient conservés au Musée de l’Homme. Des crânes de résistants provenant de toutes les régions d’Algérie dont Khenchela, Oran, Batna, Skikda, El-Kala et Alger.

Qui se heurtent aux raisons d’Etat ?
La procédure de restitution est complexe qui oblige à une demande d’Etat à Etat. Elle suppose une demande officielle de la part de l’Etat Algérien, et en cas d’avis favorable de l’Etat Français, une loi spéciale votée par le parlement français. Cette procédure revêt en réalité de nombreux écueils des deux côtés de la Méditerranée. Du côté français, cette question sensible porte les enjeux de l’inéluctable mais tant repoussée de reconnaissance de crimes contre l’Humanité, de l’indemnisation des victimes et de la dimension humanitaire, la place des Historiens, les tenants d’une Histoire partisane… Du côté algérien, cette restitution obligerait nécessairement à relativiser la lecture officielle de l’Histoire, simplifiée de manière binaire, qui cache en réalité une complexité des conquêtes de l’indépendance, et la construction du mythe de l’Etat Algérien… L’Association Le Grand Maghreb a saisi officiellement les autorités des deux Etats : rapatrier les crânes de ces valeureux soldats sur le sol de leur mère- partie, leur octroyer une sépulture pour la paix de leurs âmes, apaiser leurs familles et descendances actuelles.

La saisine officielle des autorités
ALGM a saisit officiellement la Présidence algérienne pour attirer son attention sur ce sujet afin qu’elle puisse formuler officiellement une demande auprès de l’Etat français. Plus encore, ALGM a saisi officiellement l’Elysée mais aussi et plus précisément Monsieur Thomas Velter, chef de Cabinet du ministre de la Culture, département ministériel particulièrement en charge de ce dossier. ALGM met l’accent sur le nécessaire rapatriement des crânes algériens pour des considérations humanitaires.

La dignité humaine, au-dessus de toutes autres considérations
Les considérations faisant obstacles à ce rapatriement sont nombreuses. Elles expliquent l’état actuel des crânes, relégués dans les archives du musée de l’Homme. Cela suffit. Le respect des morts et une sépulture digne répondant aux raisons de la religion sont un impératif absolu. C’est un devoir moral. Il est temps d’agir : l’Histoire nous regarde, les soldats algériens le réclament pour la paix de leurs âmes. Tous, nous devons agir. Objectif de l’Association Le Grand Maghreb : bousculer les Etats par des procédures judiciaires : un combat qui ne prendra fin que par le rapatriement et l’apaisement des âmes Il est à craindre que les pétitions, les saisines officielles, les tribunes dans la presse ne suffisent plus. L’Association Le Grand Maghreb entend saisir la justice française pour contraindre par la voie judiciaire l’Etat français à rendre les crânes à leurs familles. ALGM lance un appel à ces familles, à ses descendants pour qu’ils se manifestent auprès d’elle afin qu’elle puisse se prévaloir d’un intérêt à agir auprès des tribunaux. Elle est ouverte à toute information susceptible de l’aider dans ce combat judiciaire. Et si le temps judiciaire devait bousculer celui des Etats, alors le combat mérite d’être mené. A la dignité humaine. A la mémoire de ces valeureux soldats.
Le Secrétaire Général de l’Association Le Grand Maghreb Abdelmajid Guessoum