L’université algérienne, entre le renforcement de ses acquis et la pré́paration des perspectives de son évolution

Eléments de réflexion

«L’université́ n’est pas un monde clos, elle doit ê̂tre sensible à l’é́volution du monde, à̀ l’é́volution du monde des connaissances et aux exigences toujours renouvelé́es de la formation et de la recherche».

La réussite du PE est liée en grande partie à la place réservée à la généralisation du numérique dans la gouvernance de l’université et de ses applications dans les enseignements et la recherche.
Le projet d‘établissement, est érigé pour être un référentiel ou une charte qui encourage et valorise le travail collectif sur le travail individuel.
La démarche projet d’envergure, qui traite des aspects stratégiques et organisationnels produit sans aucun doute, plusieurs instruments liés à son élaboration et sa mise en œuvre. Ces instruments, qui sont en lien avec ces deux sujets, se présentent comme suit :
– Les acteurs qui le mènent,
– Les modalités de l’action,
– La Définition des interfaces qui, pourraient exister rentre les projections retenues par le projet et les pratiques, et les règles qui sont en vigueur.
Ces instruments sont à notre avis, les éléments qui vont soutenir la démarche à entreprendre pour élaborer et mettre en œuvre le projet. Avant, l’élaboration du projet d’établissement, la question du diagnostic reste primordiale et doit être réalisée en amont. Elle constitue la plate-forme sur laquelle il sera construit. Vient, alors un autre élément, c’est celui des acteurs qui rentrent dans le dispositif de l’élaboration. Cet aspect a été très bien élucidé dans le canevas produit par l’inspection générale de la pédagogie MESRS (méthodologie de mise en place du projet d’établissement). A ce niveau on peut dire que l’ensemble du personnel est concerné de prés ou de loin à participer. Mais, notre expérience a montré que la participation recherchée n’était pas très effective, elle s’est limitée à la participation aux réunions préparatoires du projet (aspect à évaluer et prendre en charge en responsabilisant et en motivant davantage les acteurs). On note à cet effet, que les acteurs, qui se sont le plus impliqués et manifestés, sont ceux qui sont engagés dans la gestion de l’université.
Dans le contexte algérien, qui fait qu’actuellement les recteurs et les chefs d’établissement sont nommés pour une mission, mais pas pour un mandat, cette situation, doit tenir compte de cette spécificité pour que la fin de mission de l’équipe qui gouverne l’université ne soit pas une contrainte pour la continuité du projet. Et en partant du principe que celui-ci est l’œuvre d’une communauté, le temps accordé à sa réalisation devrait être respecté. Par ailleurs, il est possible que la nouvelle équipe puisse introduire des amendements, qui seront soumis aux organes de délibération et à la commission nationale chargé du suivi des PE. En d’autres termes le périmètre temporel accordé pour la réalisation du PE ne doit pas être associé a la durée de la mission du premier responsable de l’institution.
Pour ce qui est du dispositif de mise en œuvre du PE, cette aspect nécessite en premier lieu d’engager une campagne de sensibilisation et de mobilisation des instances et des acteurs de l’université (cités dans le canevas élaboré par l’IGP- MESRS) autour de ce qu’il est attendu de chacun pour faire vivre le PE. La mise œuvre doit retenir des modalités précises de pilotage en commençant par l’installation du comité de pilotage et du suivi du projet.
Au delà de cette installation, celui-ci retient les actions et les programmes à mener tel que :
– La définition de plans d’actions prioritaires (Hiérarchisation des actions, surtout transversales)
– L’élaboration des protocoles d’actions, dont la finalité sera la prévision des instruments de pilotage du projet (Agenda, tableau de bord, guide de pilotage, parties prenantes9)
– L’établissement des contrats objectifs avec les différentes parties (Opération qui vise la création d’un partenariat renforcé autour des moyens à engager et des activités à concrétiser par les différentes parties impliquées dans le processus),
– La confection du Protocole d’évaluation du projet, qui retient deux étapes (évaluation à mi-parcours et à la fin du projet).
À la lumière de ces aspects mis en revue, il apparait clairement que le projet d’établissement en tant que contenu élaboré par une communauté, devrait s’exprimer à travers des dimensions qui sont d’ordre politique, technique et de mise en œuvre. Il privilégie, des règles et des repères permettant de guider la démarche et l’action. Ainsi, la démarche consiste à assurer le passage du projet contenu (cognitif) vers un projet réel ou chacun doit se reconnaitre et s’engager.
Par ailleurs, il faut préciser, que dans le contexte actuel caractérisant l’université algérienne, plusieurs questions sont à l’ordre du jour par rapport à cette nouvelle dynamique liée à l’introduction du PE comme instrument de gouvernance de l’université. Ces questions, on peut les résumer comme suit :
Quelle définition donner au projet d’établissement (un programme d’actions, une feuille de route avec des objectifs, un ensemble de projets définis à travers des axes retenus prioritaires à réaliser, un ensemble de chantiers à mettre en œuvre9)?
Quel ancrage juridique lui accorder ?
Quel niveau d’autonomie des universités à privilégier?
Quelle approche pédagogique utiliser pour promouvoir au sein de la communauté universitaire la culture de la gouvernance stratégique?
Une pédagogie génératrice de l’esprit d’analyse, entrepreneurial et de rationalisation.
Quelle démarche méthodologique à entreprendre pour évaluer et valider les projets proposés par les établissements universitaires ?
Quelles leçons pouvant nous tirer de cette première expérience ?
Quelles actions va-t-elle entreprendre, la commission chargée de l’accompagnement, du suivi, et de l’évaluation « du projet d’établissement » des établissements universitaires de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Arrêté n° 212, du 08 mars 2018) ?
Quels types de liens, le PE peut-il générer entre l’université et les instances de la tutelle, et les partenaires socio-économiques?
Quels moyens à mobiliser pour accompagner la mise œuvre du PE ?
La réponse à ces questions est à notre avis, se situe au niveau du débat, du dialogue et des échanges entre les instances universitaires et du secteur de l’enseignement supérieur, y compris la commission chargée de la question du PE, qui émaneront de l’appréciation et de l’évaluation des premières propositions de PE présentés par les différents établissements universitaires. Le résultat, de cette opération donnera sans doute une nouvelle dynamique, une nouvelle vision, qui vont nourrir une nouvelle évolution du PE au sein de l’université Algérienne.
Aussi, le grand chantier sur lequel la communauté universitaire doit s’atteler, c’est de mettre en concert l’ensemble des projets des établissements universitaires au service de l’amélioration de l’efficience et de l’efficacité du système de l’enseignement supérieur algérien et de la recherche scientifique, particulièrement le système LMD dans ses volets de l’offre de formation, de la recherche scientifique et du développement de la culture entrepreneuriale.
Aujourd’hui l’adoption du PE et la pratique de l’Assurance Qualité par l’université algérienne, signifient amplement du niveau de maturité de nos établissements à relever les grands défis imposés par les exigences de la mondialisation, de l’internationalisation de l’enseignement supérieure et des principes de la gouvernance des universités.
En fin, et pour conclure, on peut dire que la commission chargée du suivi et de l’évaluation du PE, comme les établissements universitaires travailleront pour que le PE, lors de sa mise œuvre s’affirme comme une construction intelligente qui définit la question de la valeur (la mesure, la norme, la référence, la concertation, et l’éthique), ce que l’on puisse valoriser (travail collectif, les idées, la création, les bonnes pratiques…), de quoi l’on peut juger (les résultats, les retombées9 ), et de la pertinence de ce qui a été envisagé et retenu comme objectifs.

VII- L’université Demain :
Un maillon de la vie professionnelle et un acteur clé de l’économie.
Préparer l’université de demain, consiste à lui conférer les moyens et la définition d’une démarche, qui lui permettent de faire face aux grands défis de ce siècle. Ces défis sont liés à l’évolution de problématiques, qui sont d’ordre :
Economique et social :
Economie des connaissances,
Economie du numérique,
Evolution et naissances de nouveaux métiers,
Santé et sécurité alimentaire,
Génération digitale natives.

Evolution de l’enseignement supérieur :
Les nouvelles missions de l’enseignement supérieur,
La Massification et diversification des cohortes estudiantines,
L’internationalisation de l’Enseignement Supérieur (ISE),
Le progrès rapide des sciences et des technologies du Numérique,
La naissance de nouveaux concepts et approches dans l’ingénierie de la formation et de l’apprentissage universitaires, et du rôle de l’enseignant,
L’évolution de l’approche pédagogique, qui c’est traduite par le passage de l’acte « enseigner » à l’acte « apprendre »,
La redéfinition des parcours de formations universitaires, devenus un processus d’apprentissage qui se fait en alternance entre l’université et le monde socio économique,
L’insertion professionnelle des diplômés et la professionnalisation de l’offre de formation universitaire.
Ecologique et environnemental : Le changement climatique, la transition énergétique, la Protection et préservation des ressources naturelles et Le développement durable, L’économie circulaire. Ce sont ici des questions qui vont transformer les comportements et les politiques de notre société, les stratégies des entreprises, notamment les missions et la vision de l’enseignement supérieur et particulièrement l’université.
(A suivre)
Par Abdelhamid Djekoun