Grande ferveur religieuse, mais aussi situations insolites

Principes de bonne conduite durant le Ramadhan

Les pratiquants ont des manières différentes de vivre le Ramadhan, c’est selon le tempérament, les moyens financiers, le temps qu’il fait.

A ces conditions, chacun a ses réactions. Les habitués du tabac à chiquer ou à fumer ont souvent des comportements violents et imprévisibles. Ils sont capables de vous saisir au collet sans explication, s’il vous arrive d’avoir l’audace de les contrarier. D’autres sans se soucier du qu’en-dira-t-on, continuent de perpétuer leur langage ordurier et ce, en dépit des recommandations données par les bons pratiquants, les textes sacrés, concernant les relations avec autrui, la propreté et l’éducation irréprochables.

Ce que l’on doit faire pour, dans les normes exigées
Avec un rien, on peut contribuer au bonheur de soi et des autres en s’imposant une discipline dans ses relations autour de soi avec les gens, ses manières de parler ou de les aborder ou de les traiter. Tout d’abord, la générosité est un principe de base sans lequel on n’a rien à attendre du bon Dieu qui ne nous oublie pas lorsque nous ne l’oublions jamais. Ce que dit cette « aya » : « Si des gens t’interrogent à mon sujet, qu’ils sachent que je suis plus près d’eux qu’ils ne le pensent. Je réponds à l’appel de ceux qui m’invoquent. Qu’ils m’obéissent et qu’ils croient en moi, peut être seront-ils bien dirigés ». Ainsi, craindre Dieu, c’est accomplir de bonnes actions et être sur la voie droite pas uniquement pendant le mois de Ramadhan, mais tout le temps, toute sa vie et partout. Est-il difficile d’être honnête, propre moralement, conciliant, altruiste, généreux, prêt à partager ne serait-ce qu’une galette avec un pauvre affamé, poli, compatissant ? Toutes ces qualités peuvent être réunies avec des efforts dans le sens du bien et qui nous rapprochent de Dieu.
Un étranger venu d’Europe vers la fin du 19e siècle, s’est présenté accompagné d’un interprète devant ce qu’on peut appeler un saint, réunissant toutes les qualités morales évoquées ci-dessus et ayant toujours oeuvré pour le bien des autres. Après quelques échanges de salutations, d’informations réciproques sur la vie, le niveau de connaissances, l’étranger en arriva à cette question qui devait être le but de sa visite, adressée en ces termes clairs à l’intention de notre sait marabout: «Quelle est la meilleure des religions, la nôtre ou la vôtre ?» L’autre lui répondit tout de go : «Notre religion est la plus parfaite par rapport à la vôtre, mais vous avez une façon plus efficace de gérer la vie dans tous ses états ». Pourtant, lorsqu’on lit le Coran avec le maximum de concentration pour mieux le comprendre, on en tire des principes de conduite qui conduisent à la réussite dans tous les domaines : du travail, du progrès scientifique, des relations humaines, comme le respect d’autrui, la propreté des lieux de vie, l’esprit de responsabilité dans la gestion de la famille et des affaires professionnelles, le respect de la justice symbolisée dans les sourates par la balance, comme dans la sourate «Rahmane».
Par apport aux non musulmans qui ont réussi dans l’industrie, l’agriculture, les inventions et découvertes, le développement agricole, les vrais musulmans ont des qualités que n’ont pas les premiers, comme la bonté de coeur, la générosité, la croyance en Dieu. Croire en Dieu en le craignant partout et en toute circonstance, c’est par exemple donner à boire à un voyageur qui a soif parce qu’il est venu de loin, offrir ce que l’on peut à un vrai mendiant pour le soulager. On dit vrai mendiant parce qu’on assiste, surtout pendant le Ramadhan de chaque année à une prolifération de faux mendiants qui cherchent l’enrichissement rapide. Ces derniers savent bien que pendant le mois du jeûne, les vrais musulmans donnent généreusement et les mendiants profitent. Dans les grandes villes où personne ne les connait, certains sont pourris d’argent.

Savoir faire la distinction entre le bien et le mal pour se rapprocher de Dieu
L’idée de se rapprocher de Dieu par sa propreté morale parfaite, ses prières quotidiennes, ses actes qui font gagner la bonté et la générosité de Dieu, des anciens l’avaient bien, avant l’avènement des religions monothéistes. On veut dire par ancien, les grands penseurs et détenteurs de la sagesse populaire comme Socrate qui avait dit à des gens qui étaient venus le voir alors qu’il se trouvait comme à son habitude dans l’atelier d’un forgeron : « Approchez-vous, approchez-vous, Dieu est plus près de vous que nous ne le pensez ! » Qu’on le veuille ou non, cette citation rappelle la «aya» du Coran qui dit : «Nous avons créé l’homme et nous savons tout ce qui agite son cœur, alors que nous sommes plus près de lui que la veine de son cou », sourate El Qaf, aya 16). Nous revenons à la crainte de Dieu : «Craignez Dieu», répété dans un grand nombre de sourates pour essayer de faire comprendre à ceux qui n’ont pas encor e compris que l’homme a intérêt à bien se conduire par des actes de bonté, de générosité, de sacrifice vis-à-vis des autres.
Est-il bon de tuer quelqu’un pour jalousie ou pour le voler ? Peut-on attribuer à quelqu’un un poste de travail qu’il ne mérite pas, au détriment d’un méritant ? A-t-on le courage de détruire un dossier d’examen d’une personne sous le prétexte qu’elle a toutes les chances de réussir et de se voir attribuer une place au soleil ? Peut-on se considérer comme un bon musulman osant accomplir toutes les prières comme celles du vendredi ou du «tarawih», alors qu’on a été injuste vis-à-vis d’un public dont on a la responsabilité ? Et la liste est si longue qu’il y a de quoi remplir des millions de pages. Nos anciens maîtres, détenteurs de la morale universelle, enseignaient à des petits enfants les bonnes règles de conduites énoncées sous la forme de principes philosophiques moyennant des légendes, anecdotes d’un vécu collectif pour être concret dans leur enseignement et aider les enfants à mieux assimiler pour devenir plus tard de bons parents, conscients de leurs responsabilités familiales et de bon citoyens capables d’apporter un plus considérable à l’organisation de la société et à son bien-être.
A titre indicatif, en voici une. Le maître raconte qu’un jour, un arabe musulman a vu en songe un diable (que Dieu le maudisse) qui lui a ordonné d’accomplir l’une de ces trois actions, au choix : frapper son père, tuer sa soeur ou boire du vin. «Frapper son père est un sacrilège», dit le bon croyant, «tuer sa soeur» et un crime affreux», alors, je boirai du vin. Mais en buvant du vin, il frappa son père et tua sa soeur. Et comme toutes les légendes que racontait le maître pour faire comprendre des principes abstraits, celle-ci permet d’attirer l’attention sur les dangers de l’alcool. On peut en faire autant sur les dangers de la drogue et d’autres fléaux. Certains adultes, quelquefois même des parents, agissent par jalousie vis-à-vis d’un des leurs qui se trouvent sur le point de conclure un contrat comme le contrat de mariage, le mauvais conseiller sait que c’est là le meilleur choix qui ferait le bonheur du partenaire et d’un foyer à fonder.
Abed Boumediene