L’université algérienne, entre le renforcement de ses acquis et la pré́paration des perspectives de son évolution

Eléments de réflexion

«L’université́ n’est pas un monde clos, elle doit ê̂tre sensible à l’é́volution du monde, à̀ l’é́volution du monde des connaissances et aux exigences toujours renouvelé́es de la formation et de la recherche».

Nous entamons l’ère de l’université intelligente « Smart University », dont la stratégie est de faire des TICs un outil d’innovation au niveau de la pédagogie, de la recherche, de la gouvernance, de la diffusion des savoirs et de la communication. C’est aussi un laboratoire de la production de l’intelligence artificielle et des objets connectés, et où s’apprend la culture du numérique dans toute ses dimensions et applications. Une université sans murs à laquelle accèdent chaque jour des milliers d’apprenants à travers les formations à distance et les Moocs.

4.Plus entrepreneuriale :
L’université du 21éme siècle est appelée à participer à l’essor économique et social de son territoire et même national. Cette nouvelle activité est érigée aujourd’hui en mission. Pour la réussir, l’université doit mettre en place un écosystème de formation et de recherche qui contribue à la promotion de la créativité et de l’innovation. Les attributions de celui-ci est d’améliorer les capacités de l’université (recherche) à inventer la nouveauté, à la produire, à l’essaimer, à lui donner une reconnaissance économique et sociale. Cet écosystème doit favoriser les flux, les échanges, les transferts entre les savoirs académiques et les savoirs professionnels ou se crée bien sûr une dynamique à travers laquelle les chercheurs sont considérés comme de véritables acteurs économiques et doivent disposer de moyens pour exercer pleinement leur mission fondamentale, mais aussi engagés et solidaires des enjeux et des besoins de la société.
Devenir une université entrepreneuriale exige de la communauté universitaire, particulièrement les enseignant chercheurs de comprendre que l’entreprise est un lieu de compétences et d’intelligence ou il y’a des femmes et des hommes qui constituent son capital humain (intelligence et les facultés intellectuelles), mais aussi un lieu de débouchés pour nos diplômés, et le futur de nos étudiants. C’est aussi cette force à développer des capacités à construire une relation forte et durable avec les secteurs socio-économiques, favorisant des retombées à la fois utiles à la communauté et créatrice de richesses et d’emplois à travers la création de startups et d’entreprises. A partir de ces nouvelles exigences vis-à-vis des missions de l’université et de ses engagements sociétaux, l’organisation de l’université autour de l’entreprenariat doit désormais assumer la recherche au service de valeurs non seulement épistémiques mais aussi sociales, économiques et nécessairement éthiques.
Alors la question qui est posée aujourd’hui, comment le rôle de l’université va-t-il évoluer dans un contexte en perpétuel évolution, ou l’économie de la connaissance à pris une place prépondérante ? L’université comment va-t-elle concilier son rôle de la diffusion et de la progression de la science pour la science, par rapport à son nouveau rôle qui est celui de faire progresser la science pour l’économie ? C’est cette mutation que l’université est en train d’opérer afin de s’approprie un autre espace qui est celui de l’entreprise, pour en faire un espace de son expansion, et de là pour devenir le chef de file dans la société du savoir. Intégrer l’entrepreneuriat dans les politiques de l’enseignement supérieur, consiste à s’inscrire dans un processus de création de valeurs et renvoie ici à la promotion de l’esprit d’entreprendre à l’intérieur comme à l’extérieur de l’université.

Ce processus d’instauration de la culture entrepreneuriale est très important, même très bénéfique pour :
– Les étudiants, dont les compétences entrepreneuriales seront mises à profit dans les différents aspects de leur vie professionnelle ;
– Les enseignants chercheurs, auront à maitriser les techniques et les procédures de la valorisation des résultats de la recherche, et de la transformation de leur offre de formation en parcours plus appliqué ;
– Les départements et les facultés à les amener à proposer des programmes de formations et de recherche concertés, collaboratifs et interdisciplinaires ;
– L’université qui va s’adapter à l’économie du savoir et aux changements qui touchent le secteur de l’enseignement supérieur et la naissance de nouvelles générations ;
– Les collectivités locales et régionales, qui disposent d’un environnement comprenant des entrepreneurs bien formés pour faire démarrer les projets de création d’entreprises et autres activités économiques et sociales.
Enfin, développer l’entrepreneuriat à l’université c’est aussi une autre manière de rester en veille pour qu’elle puisse renouveler continuellement son offre de formation, sa recherche et ses capacités d’innovation afin de répondre aux défis sociétaux et de s’inscrire dans une dynamique créative.

5. Plus à l’internationalisation :
L’université algérienne depuis sa création, elle a toujours manifesté des ambitions nationales pour développer un système d’enseignement supérieur dont les missions sont de répondre à l’encadrement des différents secteurs socio-économiques. Aujourd’hui, ce système a atteint à travers son tissu d’établissements universitaire et de recherche un niveau de maturité assez important pour qu’il puisse assumer, aussi des ambitions à l’international. Il faut noter tout d’abord que l’université algérienne à toujours accueillie chaque année dans le cadre de la coopération bilatérale plusieurs centaines d’étudiants, venant de pays arabes et africains, principalement dans les formations licences, masters, ingénieurs et médicales. Aussi, elle a développé des savoirs faire pour participer dans les multiples programmes internationaux de coopération et de recherche.

La valorisation de cette expérience est une opportunité pour faire de l‘internationalisations un autre facteur de sa transformation, dont les retombées et les bénéfices sont variés sur plusieurs plans :
– Politique,
– Economique (source de financement importante),
– Echanges culturels et scientifique,
– Visibilité et lisibilité du secteur de l’ES algérien et de ses universités,
– Amélioration de l’excellence scientifique et le taux de participation des chercheurs algériens dans les programmes de recherche internationaux,
– Construction conjointe de diplômes universitaires (licences, masters), et de formations et écoles doctorales,
– Coproduction scientifique pour l’innovation et la production de connaissance,
– Classement des universités,
– Acquisition de capacités de participation et d’actions dans les consortiums et réseaux universitaires et académiques internationaux,
– Promotion de l’Assurance Qualité (AQ) et de la mise en place de système d’accréditation,
– Renforcement des capacités building des universités,
– Disponibilité et présence de capital humain représentant une main d’œuvre de recherche de qualité,
– Accès et partage de bonne pratique,
– Bénéficier des avantages proposés par les programmes internationaux de mobilité dédiés aux étudiants, aux enseignants chercheurs et aux personnels.
Investir dans l’internationalisation de l’enseignement supérieur, nécessite la mise en place d’une politique nationale prenant en considération le fait que L’IES est devenu un facteur de développement économique et de progrès scientifique. De même, cette politique d’état, elle doit prendre en charge le volet de la mobilisation de la diaspora scientifique établie à l’étranger, afin de l’intégrer dans le processus de l’IES. Par ailleurs, les universités sont aussi interpellées pour mettre en place leur stratégie à l’internationalisation, et qui devrait être accompagnée par la formation de la ressource humaine (experts), qui serait capable d’intervenir dans les différentes situations, contextes et programmes, permettant de faire évoluer nos établissements universitaires vers la sphère de L’IES. Bien sûr, une politique nationale et une stratégie du secteur de l’ES qui feront de nos universités des établissements capables de passer du statut des institutions importatrice à de véritables exportatrices de produits et prestataires de services dans le cadre d’une redynamisation de L’ISE.

En outre, dans ce domaine de l’IES, il est important que la stratégie adoptée, doit être génératrice d’un processus de transformation de nos universités, dont l’impact est appréciable par :
– Le développement de leur capacité à multiplier leurs sources de financement de la recherche par le biais des programmes internationaux de recherche (atteindre des taux de l’ordre de 30 à 40%) ;
– L’élargissement du recrutement d’étudiants étrangers dans les formations doctorales en s’appuyant sur le concours et la collaboration des centres de recherche nationaux,
– La mise en place de dispositifs de mobilité des étudiants et des enseignants dans le sens Nord-Sud et Sud-Sud,
– Le soutient de l’organisation de manifestations scientifiques internationales dans le cadre de programme d’échange, de transfert, et de partage des savoirs.
– L’investissement dans la création de réseaux universitaires thématiques à caractère régional.
– L’encouragement de l’installation de chaires académiques (types chaires Unesco). Réussir la politique de l’IES nécessite préalablement :
– La réalisation d’une analyse critique de la situation de l’IES en Algérie ;
– Le renforcement des capacités de recherche de nos universités ;
– La formation d’experts disposant de compétences dans les différents domaines et aspects de l’IES ;
– La prise en charge sur le plan de la réglementation la question des cotisations relatives à l’adhésion des universités aux réseaux et consortiums internationaux universitaires ;
– La rémunération et la motivation des enseignants chercheurs visiteurs étrangers?
– L’adaptation des textes réglementaires régissant les différents aspects de l’internationalisation de l’ES, en fonction des évolutions enregistrées dans ce domaine ;
– La mise en place d’agences d’assurance qualité et d’accréditation,
– La définition d’un programme nationale de coopération bilatérale et multilatérale avec des contenus favorisant l’internationalisation ;
– La création d’une unité centrale d’expertise et d’accompagnement de l’internationalisation des établissements, avec comme missions l’animation, conseil, aide, étude, recherche et prospective.
(A suivre)
Par Abdelhamid Djekoun