La France coloniale doit reconnaître ses crimes !

Pour que nul n’oublie

Suite aux assassinats de plusieurs milliers d’Algériens dans toute l’Algérie profonde, que ce soit à Kherrata, Guelma, Sétif et partout ailleurs, Kateb Yacine, écrivain algérien décrivit l’horreur abominable dans sa tendre enfance alors qu’il était lycéen (à peine vingt ans) dans la ville de Sétif. «C’est en 1945 que mon humanusterisme fut confronté pour la premiére fois au plus atroce des spectacles».

Il avait dit que le choc qu’il avait ressenti devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs musulmans, qu’il ne l’oubliera jamais et c’est là aussi que s’est cimenté son nationalisme, il disait aussi que la manifestation du 8 mai 1945 était pacifique mais il y avait des cadavres partout, dans toutes les rues, la répression française était aveugle, c’était le grand massacre, l’armée française coloniale avait planifié l’extermination de milliers d’Algériens. Les massacres de Sétif, Guelma, Kherrata étaient des repressions sanglantes qui suivirent les manifestations nationalistes independantistes et anti-coloniales qui sont survenues en mai 1945 dans le Constantinois en Algerie pendant la colonisation. Alors que la France commémorait le 8 mai 1945, cette date est, en Algerie, synonyme de massacres, la France célébrait la fin de la seconde Guerre mondiale et la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie. Et dire que beaucoup d’Algériens ont perdus la vie en combattant au côté des alliés.
De l’autre côté de la Méditerrannée, plus spécialement en Algérie, les festivités tournent au drame. Les Algériens brandissaient pacifiquement des drapeaux nationalistes et scandaient : «Vive l’Algérie indépendante !», les manifestations sont réprimées dans le sang, nous savons tous que le premier combattant durant la guerre de Libération nationale pour la noble cause algérienne à savoir la libération du pays du joug colonial afin d’acquérir la liberté, l’indépendance et aussi de croire à une meilleure justice fut le peuple algérien. C’est lui qui a souffert, qui a payé les frais lors des massacres du 8 mai 1945 où plus de 45.000 personnes ont été massacrées. C’est également lui (le peuple) qui a offert sa poitrine aux balles assassines lors de la fusillade du 11 décembre 1960 que ce soit à Alger, ou à Aïn Témouchent, sans oublier que c’est toujours ce peuple qui a répondu présent lors des manifestations de la fédération de France (banlieue parisienne) où des centaines d’Algériens ont été jetés dans la Seine sans aucune pitié, tués par balles, d’autres torturés, sans oublier le rôle joué par la population dans les maquis, les villages, les villes où nos aïeux ont procuré les soins, la prise en charge de nos vaillants combattants sans jamais rien demander en contrepartie.
Depuis 76 ans, rien n’a changé, Qui en est responsable de cette situation, à qui faut-il se plaindre ? Beaucoup sont morts connus ou anonymes que ce soit dans les douars, les dechrates, les villages, les villes, les montagnes, le Sahara, beaucoup sont tombés au champ d’honneur, toutes les cités, tous les djebels de l’Algérie profonde ont des choses à raconter sur ces vaillants combattants révolutionnaires, digne fils du peuple qui ont accepté de donner leur vie pour la reconquête de la dignité et de la liberté : le peuple algérien a beaucoup souffert et le bilan du génocide est des plus effroyables, des millions de morts, des centaines de citoyens froidement abattus, égorgés. Qu’avons-nous offert à la population algérienne ? Rien du tout, que des promesses et des mensonges. Nous devons faire des efforts pour nous améliorer et répondre effectivement à toutes les attentes de la population, il faut arrêter de se mentir et ôter cette hypocrisie qui habite en nous. Les Algériens méritent plus d’attention.
Aboubakr El Sedik, Omar Ibn Khettab, deux imminents khalifats du monde musulman, circulaient dans les ruelles et frappaient aux portes des habitants de La Médine, de La Mecque pour s’encquérir de la situation des habitants. Les souffrances de la colonisation infligée au peuple algérien, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens, c’est ce même peuple qui s’est révolté contre l’oppression avec une grande bravoure. A Sétif en date du 8 mai 1945, le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles et pour cela la vérité doit etre dite car nous avons ce sentiment, ce devoir de vérité sur la violence, les injustices, les massacres, la torture qui ont durés plus de cent trente deux ans (132 ans), le peuple algérien a été soumis à un système profondément des plus injustes et brutales qui l’a poussé à aspirer en priorité à la liberté et à la justice en prenant les armes et combattre l’oppresseur.
(A suivre)
Kouider Djouab