Les inquiétudes de l’ANDI s’amplifient

PLFC 2020 et double crise sanitaire et économique

L’Agence Nationale de Développement des Investissements (ANDI) est en alerte. Sa position est due au projet de loi de Finances complémentaire 2020 (PLFC). Celle-ci prévoit la révision du cadrage macroéconomique de la loi de Finances (LF) initiale en fonction des développements imposés par la double crise de la pandémie de Covid-19 et de l’effondrement des prix du pétrole.

Compte tenu de la chute drastique des cours du pétrole ces derniers mois, le prix de référence du baril de pétrole a été revu à la baisse de 50 à 30 dollars tandis que le prix de marché baisse également de 60 dollars à 35 dollars, une mesure qui entre dans le cadre du PLFC approuvé en Conseil des ministres et qui sera soumis prochainement au Parlement (APN et Conseil de la nation). Et ce n’est pas fini avec des recettes prévisionnelles du Budget pour la fin de l’année en cours qui reculent. Elles seront à 5.395,5 milliards DA contre 6.289,7 milliards de DA dans la LF initiale dont 1.394,7 milliards DA de fiscalité pétrolière et 4.001,1 milliards DA de fiscalité ordinaire. Cette situation fait la une des discussions des gestionnaires des différentes Agences nationales de développement des investissements. Ces derniers parlent d’une moyenne du prix de brut algérien établi à 51,52 dollars durant le premier trimestre tandis que les recettes des exportations du pétrole ont atteint 6,317 mds. Les mêmes sources avancent des recettes prévisionnelles du Budget pour la fin de l’année en cours reculent à 5.395,5 milliards DA contre 6.289,7 milliards de DA dans la LF initiale dont 1.394,7 milliard DA de fiscalité pétrolière et 4.001,1 milliards DA de fiscalité ordinaire.
Ce qui n’est pas pour rassurer les nombreux opérateurs économiques tentés par l’investissement industriel national. Les quelques tentatives d’hommes d’affaires qui se seraient positionnées sur le registre des projets ont été ponctués par des échecs. Plusieurs mois après le début de la pandémie du coronavirus tant au niveau de cette institution que dans ses représentations locales ANDI, rien ne semble bouger. Les registres des projets d’investissement ne sont toujours pas actualisés ou n’ont toujours pas fait l’objet d’un début d’exécution. Notamment dans le milieu industriel où de nombreux hommes d’affaires attribuent cette situation à la pandémie. Les chercheurs et autres spécialistes de l’environnement comme Rachid Bouguedah anciennement directeur général de la nouvelle ville de Draâ Errich, parlent, quant à eux, de dysfonctionnement dans la gestion des dossiers d’investissement industriel ou environnemental. «Les autorités multiplient les appels à destination des investisseurs en insistant sur la bonne qualité de l’environnement des affaires. Pandémie ou pas, je pense qu’il est temps de passer à l’offensive pour améliorer la compétitivité économique du pays. Il ne faut plus assister en spectateur à la dégradation persistante de cet environnement», dira-t-il.
Sa déclaration reflète celle d’autres opérateurs économiques intéressés par des investissements d’importance dans divers secteurs. Plusieurs d’entre-eux ont participé aux différentes et nombreuses rencontres de développement économique. Organisées par le ministère de l’Industrie et des Mines, les participants ont retenu qu’un certain nombre de difficultés se dressent face à l’investisseur. Entre autres, la complexité des procédures et les conséquences qui en découlent pour les entreprises. Pour bon nombre d’acteurs des Chambres de Commerce et d’Industrie, cette complexité anéanti les capacités de compétitivité des entreprises du secteur privé national face à la concurrence sur le marché international. «La complexité des procédures entraîne une augmentation des coûts commerciaux.
A cela s’ajoutent l’absence de transparence dans les formalités à l’import et à l’export et procédures en matière de commerce, les redevances, les impositions et pénalités, les formalités ainsi que la coopération entre les organismes présents aux frontières», souligne notre interlocuteur. De même qu’il est noté la fourniture inadéquate d’infrastructures, les restrictions sur la réglementation du travail et la faible qualité de la main-d’œuvre. C’est dire qu’au-delà de la pandémie, les ANDI au niveau national, argumentant la pandémie, peinent à se positionner dans le monde des affaires favorable aux investissements rentables. Ce qui, selon d’autres opérateurs économiques, prouve à suffisance que notre ministère de l’Industrie et des Mines aura du pain sur la planche pour créer l’environnement économique nécessaire à même d’attirer des investisseurs.
A. Djabali