L’université algérienne, entre le renforcement de ses acquis et la pré́paration des perspectives de son évolution

Eléments de réflexion

«L’université n’est pas un monde clos, elle doit être sensible à l’évolution du monde, à l’évolution du monde des connaissances et aux exigences toujours renouvelées de la formation et de la recherche».

Cet ensemble d’éléments explique bien que l’internationalisation est considérée comme un facteur d’innovation universitaire et un processus de transformation institutionnelle et de création d’avantages pour l’économie, la formation et la recherche, et reste un aspect déterminant dans la progression et les choix des partenariats stratégiques pour bâtir le capital humain, l’excellence scientifique et le positionnement de nos universités. Elle devient aussi un facteur qui peut influer sur l’élaboration des politiques de l’enseignement supérieur. C’est un espace qui a ses normes, ses références, ses structures, ses pratiques, ses règles qu’il faut maîtriser pour élargir davantage les horizons de nos établissements universitaires et de recherche.

6.Plus citoyenne et écologique :
L’évolution de l’économie des connaissances et la société des savoirs dans un monde mondialisé imposent à l’université d’assumer d’autres rôles et missions, définissant ainsi ses responsabilités vis-à-vis de la société, l’obligeant à être plus citoyenne, par son ouverture sur son environnement, par sa communication, par sa médiation scientifique, par sa capacité à apporter les solutions aux problèmes que rencontre la société, et par les liens qu’elle peut tisser avec les acteurs socio-économiques. Ces multiples responsabilités citoyennes l’interpellent pour mettre en place des dispositifs et des actions actives et participatives, qui mettent l’accent sur la promotion de valeurs, qui expriment son engagement et ceux de la communauté universitaire, par l’échange, le partage et les débats qu’elle organise à l’intérieur comme à l’extérieur. Une université citoyenne est un point de rencontre où chacun est respecté dans ses choix et ses capacités, où il puisse s’accomplir et donner de lui-même. Encourageant à travers sa production scientifique, les débats qui stimulent la créativité, l’initiative, l’esprit critique et la responsabilité de ses membres. Aussi, elle doit se doter d’espaces, où s’exprime la liberté académique et où se forge la démocratie participative.
L’université citoyenne doit incarner le modèle type de la cohésion sociale et de la solidarité, et la plateforme indispensable pour le vivre ensemble. Dans sa dynamique citoyenne, elle est appelée à assurer l’épanouissement et la réussite individuelle et collective, à pratiquer l’interaction avec les acteurs dans ses territoires et à mobiliser et vulgariser sa production scientifique au profit du progrès social. Cette université citoyenne doit être un champ expérimental pour diffuser les concepts et la culture de la transition écologique, de comprendre leurs enjeux contemporains environnementaux, et appliquer ses principes dans la gestion des besoins du campus. La valorisation de cette démarche représente la voie par laquelle, on peut aussi, définir et cerner l’ensemble des métiers concernant la transition écologique, et pourrait être une source pour l’élaboration de contenus relatifs aux parcours de formations dans différents domaines, tels que le domaine des énergies renouvelables, du bâtiment, du changement climatique, du développement durable, et de la valorisation des déchets, de la préservation et la protection des ressources naturelles. L’engagement de la communauté universitaire dans cette voie signifie que l’université est mobilisée pour être un acteur clé de la transition écologique. Une mission qui s’appuie sur les compétences, l’interdisciplinarité et les avancées du numérique. Aussi, l’université dans son rôle d’institution citoyenne et écologique, doit œuvrer pour que chaque étudiant soit doter des outils indispensables à la compréhension des grands enjeux environnementaux, sociaux et économiques dans notre pays et dans le monde.

Conclusion :
L’université de demain est confrontée à de grands enjeux, du 21e siècle qui sont : l’évolution des connaissances cognitives, les progrès de la communication et de ses outils, l’émergence de nouvelles technologies, la croissance économique, la mondialisation des échanges, la coopération internationale, la rareté des ressources et le développement durable, le réchauffement climatique, la désertification, la sécurité alimentaire, la mutation des populations et l’urbanisation rapide, la reconfiguration des territoires et les dynamiques nationales internationales. Des enjeux qui génèrent de nouveaux métiers, des besoins en formation des citoyens et des programmes de recherche, et lui imposent en plus d’entreprendre une nouvelle révolution dans la pédagogie et dans l’offre de formation, du fait que l’université est devenue un maillon de la vie professionnelle. Une révolution construite sur le principe «Apprendre à apprendre», pour découvrir de nouveaux savoirs et pour ouvrir de nouvelles frontières de connaissances.
Le passage d’une frontière à une autre présente des défis à maîtriser, des compétences à acquérir dans le cadre d’une démarche interdisciplinaire, reposant sur des outils d’apprentissage qui utilisent le numérique. L’université de demain est aussi le lieu où l’on apprend à poser les questions, pour entreprendre une dynamique de recherche et d’innovation qui s’appuie sur la réflexion collaborative et l’intelligence collective, afin de résoudre les problèmes de la société, de proposer de nouvelles solutions et de pousser les frontières pour aller vers d’autres horizons scientifiques et technologiques, qui sont nécessaires à la construction de la fertilisation croisée des savoirs pour explorer les changements et poser les questions sur des problèmes qui n’ont jamais été abordés. Tous ces aspects liés à la formation et à la recherche, interpellent la communauté universitaire à se placer dans une posture d’apprendre à s’organiser pour se remettre en cause, pour faire évoluer les pratiques de la gouvernance et de la gestion, mais aussi pour créer un climat d’échange de partage, de collaboration, d’expérimentation, de prototypage d’innovation, de diffusion et de transfert, pour travailler sur les grands défis de notre société.
(Suite et fin)
Par Abdelhamid Djekoun