«C’est la politique pétrolière de l’ex-président Hugo Chavez qui est en cause»

Venezuela

L’Iran a dû envoyer cinq tankers remplis de carburant au Venezuela, frappé par une pénurie d’essence qui a atteint la capitale, Caracas. De plus de 3 millions de barils par jour, sa production est tombée à 620 000, rappelle Jean-Michel Bezat, journaliste économique au Monde.

La situation est ubuesque : le Venezuela, détenteur des premières réserves mondiales d’or noir, a reçu, lundi 25 mai, une cargaison de carburant et des équipements de raffinage en provenance d’Iran. La République islamique vole au secours d’un régime bolivarien en proie – entre autres fléaux – à une pénurie d’essence qui touche désormais la capitale, Caracas. Au nez et à la barbe du président américain, Donald Trump, qui a décrété des sanctions contre les deux pays «dictatoriaux». Le Fortune sera suivi de quatre autres tankers. «Nous sommes deux nations révolutionnaires qui ne s’agenouilleront jamais devant l’impérialisme américain», a prévenu le président vénézuélien. Les rodomontades de Nicolas Maduro n’y font rien, c’est la politique pétrolière de son prédécesseur et mentor, Hugo Chavez, qui est aujourd’hui en cause.
Fin 2002, Petróleos de Venezuela SA (PDVSA), qui pompe alors 3 millions de barils par jour, est secoué par une grève : le Président licencie des milliers d’employés qualifiés. Et, puisque «le pétrole appartient aux Vénézuéliens», il rompt en 2007 avec les majors (Total, BP, ExxonMobil…) exploitant le brut extra-lourd de l’Orénoque. La production tombe à 1,5 million de barils en 2018. Jusqu’à ce que Washington interdise à PDVSA d’utiliser le dollar et oblige sa riche filiale américaine Citgo à verser ses revenus sur un compte bloqué aux Etats-Unis. Prise à la gorge, la société ne peut entretenir ni puit ni raffinerie, et la production s’effondre à 620 000 barils. La faute à Trump ? Il n’a fait que donner le coup de grâce, sans avoir à ce jour mobilisé sa flotte pour bloquer ces livraisons.
R. I.