La problématique de la gestion des déchets infectés inquiète

Coronavirus

La situation s’accélère de plus en plus dans les établissements hospitaliers du pays où se pose avec acuité la problématique de la gestion des déchets infectés. Celle-ci est aggravée par la saturation des dépotoirs publics et privés des déchets médicaux source d’inquiétude du corps médical et paramédical.

Les bacs à ordures où se mêlent équipements de désinfection usagés et ceux de lutte contre le coronavirus non enlevés et création de nouveaux sites d’accueil des malades atteints du Covid-19 figurent au nombre des inquiétudes des spécialistes de la gestion de ce type de déchets. Ils se sont exprimés avec inquiétude quant à la nocivité des déchets à la source, d’organisation du tri, de collecte, transport et du traitement des déchets. Tant de nuisances qui imposent l’élaboration dans l’urgence d’une stratégie adaptée. Aux déchets générés par le coronavirus, notamment le confinement, s’ajoutent ceux auxquels l’Algérie fait annuellement face. Les quantités énormes de déchets solides dont elle n’arrive pas à se défaire. Pourtant tant dans le domaine de la prévention, dans la réduction de la production, études, séminaires et autres forum en relation que dans la prévention et la réduction de la production, l’Algérie est toujours présente. Elle l’est aussi en ce qui concerne la valorisation des déchets dans la perspective de leur recyclage ainsi que leur traitement écologique national. D’où cette richesse malheureusement mal exploitée pour cause de mauvaise gestion de l’information. Notamment celle destinée à la sensibilisation des acteurs des structures de gestion des risques présentés par les déchets et leurs impacts sur la santé et l’environnement.
L’apparition du coronavirus a entraîné l’augmentation des quantités des déchets infectés. Il n’y a pas eu parallèlement d’initiatives porteuses de projets destinées à la préservation de l’environnement créateur de postes d’emplois. «Le bilan très faible des financements par l’état de projets de création d’entreprises de jeunes dans la gestion des déchets infectieux montre à suffisance que le choix pris par les décideurs n’est pas le bon jusqu’ici. Rien n’a été fait en termes d’économie circulaire pour la gestion des déchets infectieux et sur les centres d’enfouissement techniques» a affirmé Rachid Bouguedah, un ancien cadre de l’administration aujourd’hui à la retraite. D’autres spécialistes de la protection de l’environnement ont affirmé que : «des milliards de DA ont été engagés par l’Etat. Ils étaient en apparence liés à la gestion des déchets infectieux. Il n’en est rien sorti». Durant des années, notre interlocuteur a été, souligne-t-il, porteur d’un grand nombre d’initiatives techniques en matière de déchets hospitaliers. Leur opportunité est aujourd’hui démontrée car elles auraient pu servir de défenses efficaces contre les risques infectieux liés au corona.
Elle l’est également du fait des contaminations enregistrées pour cause de manque de gants, masques, bavettes et autres matériels et équipements utilisés pour combattre le coronavirus. Les reculades du ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement sous l’ancien système sont synonymes de surcoût de plusieurs milliards DA de préjudice au pays. Ce sont d’importantes quantités de déchets hospitaliers liés au Covid-19 qui n’ont pas été traitées. Ce n’est pas pour autant, que l’on a répondu à la question sur la finalité applicable aux déchets dangereux créés par la pandémie. D’autres cadres se sont interrogés sur la dangerosité du matériel utilisé par les professionnels de santé et livré à l’abandon, tels que les masques, draps, seringues et les mouchoirs sales ayant servi à la prise en charge des malades confinés. Il y a aussi le traitement des déchets longtemps porteurs d’agents pathogènes. C’est-à-dire de risques de contamination des professionnels de la filière de collecte et du traitement des déchets. A ce niveau de la prise en charge des déchets hospitaliers, nos multiples tentatives d’en savoir plus auprès des responsables des établissements hospitaliers, ont été vaines. Contactés, plusieurs responsables en poste ont refusé toute déclaration.
Ce sont majoritairement des Centres Hospitaliers Universitaires en charge des soins à risques infectieux car potentiellement souillés par le Covid-19. Les rares révélations enregistrées ont toutes portées sur la non saturation des centres de gestion des déchets infectieux : «les volumes des déchets infectieux traités restent sensiblement les mêmes du fait du report de nombreux actes hospitaliers», explique un ancien cadre de l’environnement. Ce qui n’a pas empêché plusieurs de ses confrères d’exprimer de sérieuses inquiétudes dues à la mauvaise gestion des déchets infectieux. «Cela signifie qu’une importante quantité de draps, des masques, des gants, des combinaisons potentiellement souillés par le coronavirus ne sont pas détruits. Ils sont livrés à l’abandon dans le circuit des déchets infectieux», dénonce le même cadre. Selon des sources qui restent à vérifier, contrairement à de nombreux pays, l’Algérie n’impose pas aux professionnels de la santé des prestations prévues pour la collecte et le traitement des déchets infectieux.
A. Djabali