«Les sens de l’Etat par son absence»
Mascara : Non-respect des mesures et absence des autorités
La démultiplication des cas issus de la transmission collective va sans doute donner du fil à retordre aux autorités en charge de la lutte contre le Covid-19. Les mesures déjà adoptées pour prendre ce prblème à bras-le-corps peinent à montrer toute leur efficience tant le bilan quotidien des cas positifs devient inquiétant.
Dans ce lot d’inquiétudes, il y a la question de la mobilisation dans les dairates et autres communes où certains donnent l’air de zones totalement abandonnées à elles-mêmes. Pourtant, ces localités ne sont pas inintéressantes dans cette lutte même si elles sont refoulées au second plan par les quartiers qui enregistrent tous les cas issus de la transmission communautaire. Bottom-up ou top-down, la sélection de la méthode, quelle qu’elle soit, ne peut porter des résultats si les dairates et communes de la wilaya de Mascara ne bénéficient pas de toute l’attention qu’il leur faut pour remporter cette guerre. Malheureusement, dans cette wilaya qui mérite mieux, c’est le sens de l’Etat par son absence ! Faute d’une communication institutionnelle fiable, on ne sait pas s’il y a de cas positif déclaré dans ces dairates et communes de la wilaya.
L’interdiction de circulation entre les régions, qui demeure peu ou proue respectée. Mais cela ne doit pas endormir les acteurs, populations et autorités confondues, pour ce qui est du sort de ces localités. Voilà des lieux qui apparaissent comme des points stratégiques dans la cartographie du Covid-19 pour ce qu’ils représentent comme des zones sûres et à risques. Sûres parce que jusque-là, la situation n’est pas totalement sous contrôle, contrairement à ce qu’on évalue, mais à risque parce qu’un seul cas implique une explosion difficilement gérable. De la même manière, des barrages y seraient dressés en temps d’invasion militaire, il faut tout mettre en œuvre pour barrer la route à cet ennemi invisible et dont la force de frappe est inestimable.
Non-respect des mesures et absence des autorités
Le mode de vie dans la majorité des dairates y compris le chef-lieu rime très mal avec les mesures édictées par les autorités sanitaires, peut-être plus que dans les villes mêmes. Les regroupements, les palabres, les chaînes dangereuses devant les guichets des postes et autres banques sont légions et font toujours partie du décor quotidien de certaines dairates et communes, par exemple, où les populations continuent de vaquer à leurs occupations, l’esprit tranquille. Ce n’est pas parce que ces populations, pas comme les autres, ignorent tout du virus, loin de là. Cette attitude, qui n’a rien à voir avec la condescendance ou le «je-m’en-foutisme», est surtout provoquée par l’absence de l’Etat, dans tous ses démembrements et qui devrait accompagner les résidents de ces villages dans le changement de comportement radical que la Covid-19 devrait nous imposer tous, sans exception. Pour qui connaît ces dairates de l’Algérie profonde, qui devraient être en plein dans le combat contre la Covid-19, la distanciation sociale n’est jamais respectée malgré les campagnes de sensibilisation diffusées dans les médias.
Le premier responsable de la wilaya, y compris les maires, pas tous, ont complètement disparus. Une véritable démission du fait de leur absence permanente de ces foyers à risques. En vérité, un tour dans la plupart des communes de la wilaya permettra de savoir qu’aucune disposition allant dans le sens de permettre le respect scrupuleux des mesures de prévention du coronavirus n’est prise. Dans les principales villes de la wilaya de Mascara, la commune de Tighennif, un exemple parmi tant d’autres daïras, les populations continuent de renouer avec leurs attitudes pré-Covid-19 : il n’y a ni masques, ni gels hydro-alcooliques, encore moins les autres produits liés dans la lutte contre la Covid-19. Les prix affichés par des pseudos pharmaciens, des commerçants avant tout, demeurent incompréhensibles, et ce, vu qu’ils ne sont jamais inquietés par des contrôleurs des prix. Les populations sont livrées à elles-mêmes en ces temps d’alerte maximale. Même le couvre-feu n’y est pas respecté à la lettre du fait de la présence peu ressentie de l’autorité administrative qui n’est presque jamais dans les parages.
A 20h, on continue de circuler ; c’est l’homme qui a peur, sinon il n’y a rien, pensent beaucoup. Pour ce qui est de l’aide alimentaire d’ailleurs, aucune graine n’est perçue à ce jour. L’enclavement : un bien et un mal pour la progression du virus L’absence des villages sur la cartographie des localités atteintes du Covid-19, sans les designer, est à chercher du côté de leur enclavement. Ce qui est un handicap en temps normal, la difficulté d’accès en l’occurrence, est leur atout le plus apparent en temps de pandémie où le salut réside dans le repli sur soi, l’auto-isolement. Les entrées et sorties ne sont pas filtrées ou réduites par les mesures suggérées, mais par le fait que ces villages ne soient pas le point de ralliement de beaucoup de monde. Longeant la route, ou isolés dans des zones perdues de la campagne, ils peuvent servir souvent de zones d’ombres ou aucun des walis qui a foulés le sol de la wilaya n’a mis les pieds. Mieux vaut donc agir en amont, et empêcher le virus de séjourner en milieu rural, que de le faire en aval et tenter de sauver des vies là où il n’y a aucune structure sanitaire adéquate pour ce genre de prise en charge. «À qui tu vas raconter tes Psaumes, ô David ?».
Manseur Si Mohamed