Fort Polignac, témoin matériel de la cruauté du colonialisme français

Illizi

Le fort d’Illizi, ex «Fort-Polignac», demeure un témoin matériel inscrivant dans l’Histoire les pratiques des plus cruelles du colonialisme français contre aussi bien les moudjahidine que la population sans défense dans cette région du Tassili.

Le fort, qui avait servi de centre de détention et de torture, est le témoin de la pure et indescriptible brutalité de l’occupant français à l’encontre de la population, une brutalité exercée entre les murs du fort, ses geôles et salles d’exaction, contre des hommes défendant leur patrie, selon des témoignages conservés par le bureau de la conservation du patrimoine culturel et historique à la direction des Moudjahidine de la wilaya d’Illizi. Rencontré par l’APS, le moudjahid Hadj Djeriri Saïd a relaté avec une grande amertume l’atrocité des tortures physiques et psychologiques «inhumaines» que les forces coloniales ont fait subir dans ce lieu sinistre aux populations locales refusant la soumission.
L’immense étendue du Sahara et ses reliefs difficiles a amené les autorités coloniales à édifier des tours de contrôle afin de dominer la région et d’observer le mouvement des moudjahidine, pour en faire des centres stratégiques de contrôle et d’observation de tout mouvement ou offensive des populations locales dans le Tassili, a soutenu M. Djeriri, qui avait rejoint la Révolution à l’âge de 17 ans. Dressé sur une surface globale de 2.764 m2 sur un monticule, de forme rectangulaire et avec des matériaux locaux, le fort a été édifié par les autorités coloniales en deux phases, la première entre 1908 et 1914, et la seconde de 1914 à 1926, pour servir également de site d’observation, avec des tours à ses quatre coins et deux grandes tours métalliques en façade avant.
Renfermant des galeries souterraines utilisées comme issues de secours durant la seconde guerre mondiale, le fort a servi aussi de centre de liaison avec les zones de Bordj Omar-Driss, Bordj El-Haouès et Djanet, avant d’être transformé en siège de commandement des positions militaires coloniales déployées dans la région, puis en centre de détention et de torture d’un grand nombre de moudjahidine et de militants. Après l’indépendance, le centre a été exploité comme caserne militaire jusqu’à 1992, avant d’être confié, en 1996, au ministère de la Culture qui lui a consacré une étude de restauration. En 2010, le fort a été classé monument historique national.
R. R.