Le montage industriel pointé du doigt

Difficultés financières des entreprises locales

Pour asseoir une véritable industrie mécanique et manufacturière, l’Etat entend entamer une véritable révolution et remise à niveau afin de pallier aux dysfonctionnements qui ont ralenti le décollage de l’activité industrielle en Algérie. La nouvelle stratégie du secteur vise à asseoir un système d’investissement avantageux aux investisseurs, sans entraves.

La promotion de l’industrie automobile dont le taux d’intégration ne dépassant pas les 5% a causé des pertes colossales aux caisses de l’Etat et a porté préjudice aux entreprises locales, dont la plupart sont en détresse financière. Un projet voué à l’échec dès son lancement en raison de la dépendance des investisseurs de ce secteur de l’importation des pièces détachées qui ont augmenté la facture des importations à coup de milliards de dollars. Lors de son intervention devant les députés à l’APN, mercredi dernier, le ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Ait Ali Braham, a évoqué ce sujet afin d’apporter des précisions et expliqué les nouvelles mesures prises par son département afin d’asseoir une véritable industrie mécanique solide et rentable. Il a répondu, particulièrement, sur les préoccupations des députés concernant les nouvelles dispositions fiscales introduites dans le PLFC 2020 relatives à son secteur, notamment, la taxation des véhicules neufs.
Il a estimé que « ces dispositions sont en adéquation avec la stratégie du ministère de l’Industrie et des Mines, visant à asseoir un système d’investissement clair qui permet aux investisseurs désireux de produire en Algérie de travailler sans entraves afin de parvenir à un réel produit local », expliquant que «les usines actuelles d’assemblage de véhicules n’ont même pas atteint 5% de taux d’intégration malgré le fait qu’elles ont bénéficié de tous les avantages douaniers et fiscaux et sans payer les droits et taxes ». Le ministre de l’Industrie a fustigé la politique des investisseurs dans ce secteur qui n’ont apporté que préjudice aux caisses de l’Etat, qualifiant l’activité de ces usines d’assemblage d’une opération d’«importation déguisée». Pour mettre un terme à cette anarchie, le ministre a annoncé la mise en place de nouvelles consignes devant s’adapter remédier à la situation et amorcer une nouvelle époque de l’industrie mécanique.
M. Ferhat Ait Ali a estimé, dans ce sens, que « la facture de l’importation de véhicules «n’atteindra pas les deux milliards de dollars que consomment les usines d’assemblage », pointant du doigt les dégâts provoqués par les usines de montage automobile, estimant que « le modèle industriel basé sur l’assemblage des véhicules et des composants électroniques et électroménagers, a fait perdre à l’Etat des milliards de dollars et à mis en difficulté des entreprises nationales à l’instar de l’ENI et l’ENIEM, et ce, sans atteindre un taux d’intégration respectable». La solution désormais est contenue dans les nouveaux cahiers de charges qui « permettront aux opérateurs étrangers en partenariat avec les opérateurs nationaux de lancer des investissements avec leurs propres fonds et avec un taux d’intégration national dés le démarrage de leurs projets ». Pour rappel, le ministre de l’Industrie avait promis d’éradiquer toutes les pratiques bureaucratiques et asseoir une véritable industrie diversifiée à un haut taux d’intégration.
Samira Takharboucht