«On a décrédibilisé le football, il faut tout arrêter !»

Scandales

Il s’agit d’un scandale qui vise, une fois de plus, à changer la face du sport le plus populaire. Mais dans ce monde du ballon rond qui ne tourne plus rond, une succession de faits s’alignent, alertent et interpellent, qui de droit, pour que ce jeu cesse.

Que serait-il passé si le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi, n’avait pas porté plainte contre X ? Voici donc un nouveau cas de dérive dans «ce qu’il est désormais convenu d’appeler les affaires du football» qui, donc, augmente «de façon exponentielle». La corruption dans le football est encore vivante, malgré les faits et méfaits dénoncés, non seulement par les médias nationaux, mais également par les médias internationaux. Un phénomène qui ne surprend plus personne, puisque la corruption dans le football national est une «véritable pandémie» qui décrédibilise le football. Ce jeudi 28 mai 2020, lors de l’émission Belmekchouf diffusée sur la chaîne El Heddaf TV, les invités ont communiqué sur la diffusion de l’enregistrement audio en circulation sur les réseaux sociaux, depuis quelques semaines, mettant en cause un agent de joueur proche du président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi et le président de l’Entente de Sétif, Fahd Halfaïa. Rappelant que le MJS, Sid Ali Khaldi, n’a pas attendu les résultats de l’enquête de la FAF ou de la Ligue de football professionnel, qui risque d’être faussés pour recourir à la justice, à travers une plainte déposée contre X.
Une première qui donne espoir et qui fait surtout rêver ceux qui sont amoureux de cette balle ronde. Les témoignages qui se sont succédé tout au long de cette émission confirme que l’état de santé du football s’est dégradé et qu’il serait plus logique de tout arrêter et de reprendre la saison prochaine, le temps de procéder à un premier assainissement. L’on s’en souvient du dossier de la BBC qui avait mis en relief le fait que l’organe directeur du football mondial (FIFA) «prenne très au sérieux la question de la manipulation des matches». La Fifa encourage aussi toute personne susceptible de fournir des informations sur cette question ou sur toute autre question affectant l’intégrité du football algérien d’entrer en contact avec BKMS, sa plateforme électronique dédiée à la lutte contre la corruption dans le football. Ainsi, Nassim Ousserir, l’ex-gardien de but de l’Equipe nationale a participé à cette rencontre télévisée à travers un témoignage poignant.
Scandalisé et dégoûté, il raconte comment fonctionnait déjà, par le passé, cette mécanique footballistique. «Notre football souffre de plusieurs maux. Les présidents des clubs le savent, ils connaissent mieux que quiconque comment évolue ce sport, et ils ne sont pas les seuls puisque même les gestionnaires de l’instance nationale sont au courant des faits et méfaits du football… Aujourd’hui, personne n’en doute, il faut reconnaître que cette discipline est menacée de toute part». Il n’est pas surpris de cet enregistrement. Il explique que ce phénomène n’est pas nouveau, ces trucages se faisaient dans une discrétion la plus totale, rares étaient ceux qui le savaient, mais aujourd’hui, tout se fait au grand jour, les trucages, les négociations, le marchandage, y compris entre joueurs». Et d’ajouter tout le monde est au courant, «arrêtez de faire mine d’une personne surprise», réagissant à des questions, il confiera qu’aujourd’hui, «nous savons à l’avance qui sera champion d’Algérie comme nous savons qui sera rétrogradé». Il fera rappeler que par le passé, il y avait des scandales pourtant dénoncés, mais aucune sanction ne venait frapper ses auteurs, au contraire… les magouilles s’accélèrent et continuent de prendre forme, au vu et au su de tous».
C’est dire que dans  ce  football des gestionnaires, qui devaient être des modèles de ce football, se jettent dans la gueule de ceux qui préfèrent jouer à un autre match celui du trucage, de la combine, et de continuer à tricher quand vous n’êtes pas pris. C’est honteux !  Des buts refusés à tord,  des fautes jamais signalées… que des dirigeants dénoncent à la fin de chaque partie. Des actes plus graves secouent ce football que les médias dénoncent régulièrement. Plus loin dans son témoignage, il met au défi les présidents de clubs de le contredire, lorsqu’il évoque que tous ont trois arbitres dans leurs poches, je me rappelle que lorsque je découvre qui est l’arbitre du match, j’étais en mesure de dire si on gagne ou on perd… Il temps que les autorités au plus haut niveau prennent en main ce football avant qu’il ne dérive complètement, l’Algérie nouvelle que l’on veut concerne aussi le football».
S’agissant de l’enregistrement sonore, des déclarations des invités de l’émission éclairent un peu plus l’opinion nationale et internationale sur ce qui s’est réellement passé : les mises en causes avouent que l’enregistrement est un montage et que le contenu ne refléterait pas les dires de tout un chacun. Chacun ira de son discours pour conclure que «je ne dirai rien de plus, le dossier est entre les mains de la Justice et des instances».  Un expert disait «nous sommes dans une sorte de stade de football où tout le monde est sur le terrain et personne dans les gradins…» La question que je me pose n’est donc pas d’être optimiste ou pessimiste, mais «qu’est-ce que je dois faire pour que le monde soit meilleur ?»
H. Hichem