Les contrebandiers s’enfoncent dans le trafic de tabac

Des ateliers clandestins de tabac

Le trafic de tabac ne s’arrête visiblement jamais, malgré la traque sans relâche des services de sécurité. Encore une nouvelle fois, un trafiquant de 37 ans a été arrêté, ce mois de mai 2020 par la police, sur la RN-44 en provenance de la commune de Berrahal, à bord d’un véhicule en possession d’une marchandise estimée à 900 cartouches de cigarettes et 310 sachets de tabac à chiquer.

Les éléments de la Brigade de recherches et d’investigations (BRI) de Annaba ont réussi un véritable coup de filet, ce mois d’octobre 2019, en procédant à la saisie d’une quantité très importante de tabac à priser stockée dans un atelier clandestin à Medjez Rassoul dans la commune de Aïn Berda. Agissant sur base d’informations, les policiers sous la direction de leur commissaire Brik Khaled, avaient localisé l’atelier qui servait à la mise en sachets de Chemma de contrefaçon, 106 sacs de 30 kg chacun, soit 3 tonnes et 800 kilos, 90 cartons contenant 18.000 sachets chacun de Chemma de la marque Bouna et 11 rouleaux de sachets portant la marque «SNTA», 550 cartons vides pour emballer les produits finis, ainsi qu’un carton contenant de la chaux en poudre qui était additionnée au tabac ont été saisis par la police. Le patron âgé de 65 ans et ses 4 employés âgés ont été arrêtés sur place. Ils seront présentés par devant le procureur de la République près le tribunal d’El Hadjar. Rappelons que les éléments de la Brigade Mobile de la Police judiciaire de Sidi Amar avait procédé à une saisie pareille à Hadjar Ediss, il y a quelques mois où 14 tonnes de tabac à priser avaient été saisies ainsi que des milliers de sachets et des machines à ensacher.
Le trafic continue devant lequel la brigade régionale de la Gendarmerie nationale relevant du groupement de la wilaya d’Annaba a chopé un élément d’un réseau de trafiquants de tabac activant dans la contrefaçon des cigarettes et tabac à chiquer à l’Est du pays. Celui-ci a été attrapé dans la première semaine d’avril 2018 à bord de sa camionnette immatriculée à Annaba en provenance de Sétif, remplie d’un lot contrefait de Chemma composé de 59.000 sachets prêts à commercialisés, a appris le bureau de la Nouvelle république. L’homme en question a été placé sous mandat de dépôt pour commerce illicite de tabac de fabrication clandestine. Des réseaux de contrebandiers se sont spécialisés dans la contrefaçon du tabac introduit illégalement sur le territoire algérien à travers la frontière Est pour inonder le marché régional et national. Leur objectif est de ramasser énormément d’argent rapidement et surtout facilement quand le chemin n’est pas surveillé et la vigilance des services de sécurité est en veilleuse. L’opération des policiers du 9e arrondissement de la wilaya exécutée en ce mois de janvier 2018 a porté ses fruits après une recherche qui a ciblé des buralistes de ville ayant permis à la saisie de 2.119 cartouches contrefaites et à l’arrestation de quatre trafiquants originaires de l’Est, a-t-on appris de sources policières.
En effet, l’industrie du tabac en Algérie représente le deuxième pourvoyeur de fiscalité après la grosse boite Sonatrach ou la Société nationale des tabacs et allumettes qui notamment détient le monopole sur notre marché national du tabac, celle-ci verse des milliards de dinars comme recette fiscale chaque année au trésor public. La plus grosse quantité estimée à 6 tonnes de tabac à priser a été saisie vers la fin de 2010 sans registre de commerce ni facture par la Gendarmerie nationale qui était en patrouille dans la commune de Salah Bey relevant de la wilaya de Setif. Les gendarmes ont découvert lors d’une fouille d’un fourgon de marque Peugeot J9 plus de 160 kg de tabac à chiquer et après une perquisition effectuée au domicile du chauffeur, c’est une quantité de 60 quintaux de cette marchandise qui fut retrouvée en stock chez lui destinée au marché parallèle de l’Est du pays. En 2012, les éléments de la brigade mobile de la police judicaire de la wilaya de Sétif avaient saisi lors d’une perquisition ordonnée par le procureur de la République effectuée dans un atelier clandestin situé à Ain Oulmene une grande quantité de tabac à chiquer contrefait, soit 34.600 sachets portant un faux logo imité et un lot de matériels servant à la contrefaçon avaient été trouvés par la police qui avait arrêté deux présumés auteurs, informe-t-on.

Or, la Chine représente le premier producteur de tabac dans le monde avec un taux de l’ordre de 36 % et demeure en même temps le premier pays consommateur avec environ 40% des utilisations apparentes mondiales. Ce pays qui consomme presque toute sa production exporte une moyenne de 2,5% de sa production. Les Etats-Unies qui produisent 17% occupeent la 4e place mondiale comme état producteur de feuilles de tabac à plus de 377.000 tonnes par an. D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), le secteur de l’industrie du tabac emploie près de 2 millions de personnes dans la fabrication de produits du tabac, 40 millions dans le monde cultivent et transforment les feuilles de cette matière, soit trois grandes sociétés contrôlent les deux tiers de la production mondiale de cigarettes, à savoir China National Tobacco Corporation, Philip Morris et BAT.
Dans cette vision, il est à souligner que plusieurs marchands de tabac activant à l’Est ont dénoncé à maintes reprises des défaillances constatées dans les tabacs à chiquer distribués par la SNTA de la région, certains ont évoqué la mauvaise qualité du conditionnement du tabac et d’autres ont dénoncé quelques marchandises distribuées étant impropres à la consommation. Un produit qui fait de nos jours l’objet d’un trafic de contrefaçon à grande échelle et chaque jour, dès huit heures du matin, des centaines de jeunes chômeurs envahissent la succursale de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) située sur la place de Champs de Mars à Annaba pour s’approvisionner en tabac et le revendre au marché noir. Ce dépôt de vente rassemble une foule intense de jeunes gens âgés venus de toutes les localités avoisinantes de la ville qui notamment se sont lancés dans le métier de buraliste. Ces commerçants qui travaillent au noir auprès d’un seul fournisseur. Les autres clients n’appartenant pas à cette catégorie de faux buralistes seront contraints d’attendre longtemps à l’extérieur pour pouvoir acheter leurs marchandises après que ces nombreux jeunes eussent fini leurs achats.
Ces buralistes d’un nouveau genre prennent d’assaut aussitôt les trottoirs voisins, juste en face de la société pour étaler sur des cartons les paquets de cigarettes de diverses marques avec d’autres de marques contrefaites ramenées par des africains clandestins qui sont en situation irrégulière à Annaba, dont la plupart sont logés dans la vieille ville place d’Armes. En tout état de cause, personne, même la police n’a pu les faire partir de ces lieux, et c’est là que s’entassent par dizaines les cartons de cigarettes de production algériennes et étrangères issues de la contrebande dont la majorité provient des pays voisins. A titre illustratif, le Niger, le Mali, la Libye, le Maroc et la Tunisie.
A en croire nos informateurs, les principaux fournisseurs des réseaux de contrebande de produits tabagiques sont en général des conducteurs de poids lourds, d’anciens travailleurs dans le port, des douaniers versés dans ce créneau juteux qui arrivent à faire sortir sans difficulté une quantité saisie de tabac acheminée par des marins et des africains qui activent sur le sol national, a-t-on souligné de sources proches de la douane. A ce sujet, il est à noter que la contrefaçon des cigarettes de production nationale et étrangère s’effectue au vu et au su de tout le monde et constitue un marché très florissant pour les trafiquants de la région. L’état est appelé à mettre un terme à ce trafic qui prend de l’ampleur.
Oki Faouzi