Mots d’origine arabe

Langage

L’arabe et le français sont des langues connues pour leurs difficultés grammaticales et lexicales. Ceux qui ont réussi à les maîtriser toutes les deux, méritent l’admiration des spécialistes en codes de communication. Ceux que nous admirons le plus ont traduit des œuvres de l’arabe au français ou inversement.

Travail d’autant plus difficile qu’il doit rendre un contenu difficile à saisir dans le texte de l’autre langue en respectant à la lettre les règles syntaxiques et lexicales, contrairement à ce que l’on a pensé, les deux langues se sont connues depuis des siècles. Les contes des Mille et Une nuits ont été traduits par Galland pour la première fois de 1704 à 1717, en pleine période classique. Les Fables de la Fontaine ont été traduites vers 1930 en arabe classique par un écrivain égyptien.

De l’arabe au français, que de mots empruntés !
Il y a près de 300 mots de la langue arabe qui ont été répertoriés en français comme ayant une origine particulièrement insoupçonnable. Beaucoup ont été pris directement au registre du lexique de l’arabe classique comme truchement signifiant terdjmane, azimut, rasard (chance en arabe), gazelle… Certains ont été empruntés au domaine scientifique comme logarithme, alcool, algèbre. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est le fait que ces emprunts ont été possibles par l’intermédiaire de la langue espagnole. Dans le lexique des hispanophones d’Espagne existent nombre de mots hérités de la période andalouse, celle d’Ibn Rochd ou d’Ibn Khafadja et de tous les écrivains andalous qui ont travaillé la langue et la littérature, comme guitare, matraque, fanfaron, alcôve et bien d’autres — dont la provenance en l’occurrence l’arabe est encore difficile à admettre. Et aussi étonnant que cela puisse paraître un nombre important de mots arabes sont passés au français par l’italien. C’est le cas du terme jupe (djeba en arabe), de sucre, d’arsenal, de chiffre et de coton.
Quant à orange, mousson, jaune, ils sont venus au français via le portugais et représentent des domaines importants d’une réalité, comme l’arboriculture (développement économique et l’équilibre alimentaire). A l’image de la jarre, qui est une référence aux provisions. En tant qu’objet d’art, il témoigne d’une histoire ancienne, au cours de laquelle il y a eu certainement des échanges commerciaux. Il en est de même du sucre et du coton. Quant à arsenal et amiral, ils font partie d’un champ spécialisé, celui de la guerre. Chaque mot passant d’une langue à une autre est une marque de l’histoire. Lorsqu’on fait l’analyse diachronique d’un lexique de n’importe quelle langue, on s’aperçoit des liens que les peuples ont entretenu avec d’autres. La langue anglaise par exemple est à 50% constituée de vocabulaire latin, bien qu’elle ait sa propre grammaire.
De même, étant répandue dans le monde comme langue internationale de la politique, de l’économie et de la science, elle a sûrement emprunté au chinois, au japonais, à l’espagnol des pays hispanophones. Et tous les pays avancés qui ont choisi la voie du progrès scientifique et technique utilisent sans le vouloir le vocabulaire spécialisé né des dernières découvertes et inventions, comme computer, désigner, enseignement virtuel, email… Des centaines de mots liés aux multiples fonctions de l’ordinateur et du portable. Et que de termes désignant des concepts, situations nouvelles sont arabisés, comme idéologie, pragmatisme, bourgeoisie. On a même fait des calques à partir d’expressions liées à l’actualité politique ou économique, du genre langue de bois. Et bien des mots sont appelés à disparaître au profit des nouvelles créations lexicales traduisant mieux la réalité parfois déterminante pour l’avenir. Ainsi, désormais l’évolution dépend des ordinateurs les plus sophistiqués rentrés partout avec son vocabulaire spécifique. Et que de changements et d’emprunts lexicaux provoqués par l’Internet ! Mais, toujours est-il que ces pays avancés, et la france en tête utilisent presque au quotidien des mots arabes comme truchement, zénith, matelas.
Abed Boumediene