L’Irak et le Nigeria pointés du doigt pour le non-respect de l’accord

La réduction des extractions du groupe n’a atteint que 8,6 mbj, en mai

Pour un troisième mois successif, l’Organisation des pays producteurs du pétrole (Opep) et leurs principaux alliés conduits par la Russie s’astreignent à réduire drastiquement leur volume de production afin de réguler les prix du marché pétrolier qui subissent, toujours, les conséquences de la déprime de la demande provoquée par la Covid-19.

Après avoir convenu de baisser leur quota d’extraction quotidienne de 9,7 mbj pour le mois de juin, ils ont décidé de prolonger ces coupes jusqu’à la fin du mois de juillet, à l’exception du Mexique qui a apposé son véto. La 11ème réunion ministérielle Opep+ organisée, simultanément, avec la 179ème réunion de la Conférence ministérielle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP ) s’est, également, soldée par l’adoption d’une panoplie de mesures visant à « stabiliser le marché pétrolier », a indiqué un communiqué du ministère de l’Energie. Toutes les décisions émanant de cette rencontre et approuvées par les deux poids lourds du marché pétrolier, en l’occurrence, la Russie et l’Arabie Saoudite, tendent à instaurer un certain équilibre entre l’offre et la demande et profiter du retour progressif de l’activité économique internationale, après plusieurs mois de paralysie commerciale.
Lors de l’examen et de l’évaluation de l’évolution du marché pétrolier durant le mois précédent lors duquel les pays signataires se sont conformés aux décisions de l’accord Opep+ de réduction de production signé le 12 avril dernier, il s’est avéré que « le groupe n’a réduit sa production que de 8,6%, soit 11% de moins que le volume prévu », selon le calcul du fournisseur de données Kpler, relayé par les médias. Une différence expliquée par le manquement de certains pays à leurs engagements, à savoir l’Irak et le Nigéria, souvent pointés du doigt pour leur négligence. Désormais, ces « pays n’ayant pas respecté leurs engagements en mai et juin, devront non seulement s’y conformer mais limiter leurs productions entre juillet et septembre », a stipulé l’accord Opep+ reconduit avant-hier. Pour le suivi de la conformité de tous les signataires à l’exécution de cet accord, les pays de l’Opep et non Opep se sont entendus sur la tenue d’une réunion ministérielle à Vienne le 1er décembre 2020, tandis que le Comité ministériel mixte de suivi (JMMC) a fixé la date de sa prochaine réunion au 18 juin de l’année en cours.
A quelques jours de la tenue de cette réunion cruciale, plusieurs pays signataires de la Déclaration de coopération ont tablé sur une prolongation de l’accord de deux à trois mois, ce qui n’a pas été approuvé par Ryad et Moscou qui ont décidé de le reconduire pour un mois de plus avant d’établir leur prochaine évaluation. Optimistes quand même quant à la reprise de la demande mondiale avec le déconfinement et le redressement des prix du pétrole sous l’effet de la recrudescence des tensions régionales et le retour de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. C’était, également, une occasion, pour mettre en place une nouvelle stratégie pour gérer la crise pétrolière et encourager le retour à l’investissement tout en restant prudent. En plus de la décision de la réduction de la production pétrolière de l’ordre de 9.7 millions de barils par jour (mb/ j) durant le mois de juin 2020, d’une baisse de 9,6 mb / j durant juillet 2020 ainsi que d’une coupe de 7,7 mb / j devait intervenir du 1er août à fin décembre 2020, les participants ont décidé aussi « de réduire la production de 5,8 mb/j du 1er janvier 2021 à avril 2022 », a fait savoir la même source.
Il a été, également, approuvé la surveillance régulière de la conformité des pays à l’application de cet accord par Comité ministériel mixte de suivi (JMMC) qui devra se réunir tous les mois. Afin de stabiliser le marché, les participants ont incité tous les pays à respecter les décisions de l’accord d’ajustement de la production pour poursuivre leurs efforts d’absorption de la demande et le surplus du brut, estimant, toutefois, que « la demande mondiale de pétrole devrait encore se contracter d’environ 9 mb / j pour l’ensemble de 2020 ». Depuis l’exécution des extractions, les cours de l’or noir se sont redressés légèrement après avoir franchi la barre de zéro dollar pour le pétrole américain. Dans l’espoir de remonter les prix à plus de 50 dollars, tous les pays « signataires devront appliquer les baisse » afin de soutenir leur économie, notamment, celle des pays dépendant de la rente pétrolière.
Samira Takharboucht