Des soldats égyptiens impliqués militairement aux côtés des forces de Khalifa Haftar

Crise en Libye

Plongée dans le chaos depuis 2011, la Libye est divisée en deux camps rivaux entre le Gouvernement d’entente nationale (GEN) dirigé par Fayez el-Sarraj, qui siège à Tripoli, étant reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement parallèle soutenu par le Maréchal Khalifa Haftar, dans l’Est du pays. Des militaires égyptiens en opération en Libye ont commencé à publier leurs photographies sur les réseaux sociaux.

Un fait normalement interdit dans la plupart des forces armées des Etats. Plusieurs pays savent déjà l’implication militaire directe de l’Égypte en Libye. L’armée égyptienne se bat en Libye aux côtés du Maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de la Cyrénaïque, qui veut occuper la Tripolitaine et le Fezzan par la force des armes. Les soldats égyptiens se sont heurtés à différentes reprises avec les soldats turcs appuyant les forces de Fayez al-Serraj de Tripoli et les pertes militaires égyptiennes sont systématiquement comptabilisées en Égypte comme résultant d’opérations anti-terroristes en cours au Sinaï. Depuis le début de la guerre, Le Caire cache son implication directe en Libye, même s’il reconnaît que son aviation de combat et notamment les Dassaults et Rafales qu’il a obtenu de la France mènent fréquemment des raids aériens en Libye.
L’Égypte du Maréchal Abdel-Fettah al-Sissi se retrouve impliquée dans un conflit à l’Est et à l’Ouest car le terrorisme dans la péninsule du Sinaï fait rage. A ces deux conflits s’ajoutent une très forte tension géopolitique permanente avec la Soudan sur fond de revendications territoriales et plus encore avec l’Éthiopie en raison de la construction d’un barrage risquant d’affecter en amont le Nil, véritable poumon historique de L’Égypte. L’intervention militaire turque en Tripolitaine en soutien au Gouvernement d’entente nationale de Tripoli a fortement mécontenté Le Caire et ses soutiens des pays du Golfe. Les soldats égyptiens ne sont pas les seuls à se battre en Libye.
Le plus gros contingent est fourni par l’armée régulière soudanaise dont des centaines de soldats ont péri jusqu’ici dans ce conflit en cours. Les forces turques soutiennent les forces du Gouvernement d’entente nationale de Tripoli et les milices alliées de Misrata, tandis que les forces égyptiennes, soudanaises, émiraties se battent aux côtés des forces de Haftar. Des commandos et des agents de liaison de l’Otan et plus particulièrement ceux de Grande-Bretagne, de Grèce, de France et des États-Unis sont présents sur le terrain où ils offrent des services au Maréchal Haftar. Dans le camp opposé, seule l’Italie soutient directement Tripoli, surtout au niveau du renseignement.

Le Président égyptien veut un cessez-le-feu en Libye
Le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a annoncé, le samedi 6 juin, 2020 une nouvelle proposition de règlement politique de la crise en Libye, laquelle comprend l’instauration d’un cessez-le-feu ainsi que l’adoption d’une déclaration constitutionnelle. Cette nouvelle initiative politique visant à mettre fin à la crise libyenne avancée par le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, durant une conférence de presse au Caire suite à une réunion avec le Maréchal Khalifa Haftar et Aguila Salah, chef de la Chambre des représentants siégeant dans l’est de la Libye. L’initiative prévoit, semble-t-il, un cessez-le-feu à partir du 8 juin prochain. «Notre réunion a conduit à un accord sur le soutien du Caire à l’initiative de cessez-le-feu entre les Libyens à partir de 6.00 heures du matin, le 8 juin 2020», a déclaré le dirigeant égyptien. Elle comprend également une représentation équitable des trois régions au Conseil présidentiel, la fusion des institutions de l’État libyen et l’adoption d’une déclaration constitutionnelle. « Nous mettons en garde toute partie en Libye contre toute intention de poursuivre une solution militaire à la crise du pays», a conclu Abdel Fattah al-Sissi.
OKI FAOUZI