Les commerçants face au nouveau contexte sanitaire

Déconfinement

C’est avec prudence et sans précipitation, que les commerçants ont commencé à rouvrir leurs magasins depuis dimanche. A Alger, le constat est vite fait devant le spectacle de rideaux encore fermés ou à moitié baissés, côtoyant des vitrines enfin visibles. Certes, les commerçants ont exprimé leur satisfaction après la décision du gouvernement de les autoriser à reprendre leurs activités. Mais, ils savent qu’on en est à la première phase de la reprise des activités économiques et commerciales.

Cette reprise s’est faite dans un contexte où la demande en produits n’est pas appuyée sur des opportunités créées par les fêtes religieuses ou autres. Les déplacements en transports en commun et par taxis sont toujours suspendus, ce qui empêche la grosse clientèle des cités et quartiers résidentiels d’arriver jusqu’aux espaces commerciaux. L’arrêt des activités de transport pénalise d’une autre manière les commerçants en privant leurs employés des moyens de rejoindre leurs lieux de travail. A ce propos, le Secrétaire général de la Fédaration nationale des travailleurs des transports (FNTT), Seddik Berrama, a déclaré à l’APS que les entreprises de transport public, à l’instar de l’ETUSA, le métro et le tramway d’Alger ainsi que les trains, ont pris les mesures nécessaires concernant la lutte contre la propagation du coronavirus, en garantissant les appareils de désinfection et de protection et en formant leur personnel.
Mais, s’agissant des transporteurs privés, secteur qui comprend des segments qui ont tendance à s’écarter de la loi, des mesures préventives strictes devraient être prises, selon ce même responsable de la FNTT, affiliée à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Il a mis en garde contre le risque de contamination que pourrait représenter la reprise des activités des transporteurs privés, notamment ceux qui ne respectent pas les lois en termes de nombre de passagers autorisés, de distanciation physique, de désinfection et de prévention. «Jusqu’à présent aucun plan n’a été élaboré pour les autobus privés concernés par le travail par système de vacation, ni pour les taxis», a-t-il poursuivi, soulignant que ces mesures «doivent être accompagnées d’un contrôle rigoureux, de mesures pointilleuses et du strict respect de la loi». Alors, de nombreux commerçants semblent avoir choisi de temporiser encore et en profitent pour redonner un coup de neuf à leurs locaux, après plusieurs semaines d’arrêt. La réouverture qui a duré quelques jours à la fin du mois d’avril dernier a laissé un mauvais souvenir à cause de la non- observation des mesures barrières, ce qui avait contraint les pouvoirs publics à décider à nouveau la fermeture de ces activités.
Beaucoup de commerçants sont maintenant conscients qu’il y a beaucoup à faire avant de se lancer dans le contexte totalement nouveau imposé par la cohabitation forcée de leur commerce avec le coronavirus dont les spécialistes avouent qu’ils ne savent rien de son évolution et ne cessent d’appeler à la prudence. Les plus attendus par la clientèle sont certainement les coiffeurs qui seront astreints à des modalités d’exercice draconiennes, puisque leurs salons ne pourront pas accueillir plus de deux personnes à la fois et l’attente se fait à l’extérieur contrairement aux habitudes. Il y a une rupture avec la fonction sociale du salon de coiffure considéré comme un lieu de discussions et d’échanges, animés par les coiffeurs eux-mêmes. Dans tous les cas, les commerçants et leurs clients aussi vont devoir s’habituer aux mesures barrières. D’abord la bavette, obligatoire et sans laquelle, personne ne peut ni accéder au local commercial ni même se faire servir.
Ensuite, l’exigence de la distanciation sociale qui sera matérialisée par des marquages au sol indiquant aussi bien les «itinéraires» à suivre pour ne pas se croiser que les positions fixes à ne pas dépasser. Enfin, élément aussi important dans ce dispositif : les mesures d’hygiène qui consistent tout simplement en le nettoyage et la désinfection systématiques des lieux et des ustensiles et de tous les objets qui risquent d’être contaminés et de constituer un vecteur de propagation du virus pour peu que la main se pose dessus. Est-ce que ce dispositif est respecté partout? Les premières observations indiquent le long chemin qui reste à faire pour ancrer dans la société un nouveau comportement très exigeant en discipline. Les services chargés de faire appliquer la loi dans ce domaine, auront fort à faire dans ce nouveau champ social.
Lakhdar A.