Vers une confrontation blindée turco-égyptienne en Libye

Règlement de la crise en Libye

L’envoi de renforts blindés égyptiens en Cyrénaïque pour soutenir les forces du Maréchal Haftar, mises en très grande difficulté par la Turquie, risque d’aboutir à un scénario déjà vu fort intéressant. Une confrontation entre les chars Abrams M1A2 égyptiens et les chars M-60A3 turcs délivrés à Misrata n’est pas sans rappeler le choc blindé entre les unités de l’Afrikakorps du Feld-Maréchal Erwin Rommel et les unités blindées du Field Marshal Bernard Montgomery en Libye durant la Seconde guerre mondiale.

Selon les sources de Strategika 51 sur le terrain, les pertes humaines subies par les forces spéciales turques au sud de Tripoli ont galvanisé les militaires turcs déployés aux côtés des forces du Gouvernement d’entente nationale de Tripoli. Soutenues logistiquement par le Qatar, la Turquie s’est imposée comme une puissance militaire de premier ordre dans le conflit libyen infligeant de très lourdes pertes aux mercenaires du Groupe privé PMC Wagner, mais également aux miliciens tchadiens et soudanais se battant aux côtés des forces du Maréchal Khalifa Haftar. Les forces turques ont également taillé en pièce les forces de soutien égyptiennes et totalement bloqué les français qui ne s’attendaient certainement pas à ce qu’un allié de l’Otan puisse retourner ses armes contre un autre membre de cette alliance militaire.
Les drones d’attaques turcs battent tous les jours leurs propres records et se sont spécialisés dans la chasse au Pantsir S-1 et aux drones d’attaque émiratis. Afin d’inverser le moment turc, des chasseurs Mig-29 utilisés par les forces de Haftar tentent de neutraliser les drones TB2 Bayraktar. Lors d’une contre-offensive des forces orientales (Cyrénaïque), des Mig-21MF et des Mig-29 ont mené des raids sur les forces du gouvernement de Tripoli tentant de prendre d’assaut la base aérienne d’Al-Jufra, causant la mort de dizaines de miliciens du GNA. Les Mil Mi-35 des forces de Haftar tentent d’assurer un soutien aérien tactique aux unités au sol mais l’indiscipline de certains pilotes nuit gravement à la stratégie des forces de Haftar et de ses soutiens. Le Qatar met les bouchées doubles et on ne compte plus les avions-cargos militaires Qatari ou affrété par le Qatar pour maintenir les approvisionnements logistiques de l’axe Tripoli-Ankara-Doha. L’Égypte risque gros dans l’affaire libyenne.
Une éventuelle défaite du petit corps expéditionnaire égyptien face au corps expéditionnaire turc aurait un impact immense en Afrique et dans le reste du monde musulman. Cela consacrerait définitivement la résurgence de la puissance militaire turque en Méditerranée centrale et en Afrique du Nord. Qui aurait cru en 2011 que Bernard Henry-Lévy, Nicolas Sarkozy et leur clique, allaient œuvrer indirectement à la plus grande résurrection de la puissance militaire turque au Levant et en Afrique du Nord depuis la bataille de Lépante en croyant servir les «intérêts éternels d’Israël».
Mohamed El Ouahed