«La résilience économique renforcée par les mesures monétaire et budgétaire », selon la BA

Recul du déficit de la balance des paiements de 57% au 1er trimestre 2020

Après trois mois de confinement imposé par les autorités pour lutter contre le nouveau coronavirus qui a paralysé la vie économique et sociale du pays, La banque d’Algérie (BA) dresse son premier bilan analysant la situation économique et financière au 1er trimestre 2020. Le gel de certaines activités après l’avènement de la crise sanitaire générant de nouvelles dépenses et la persistance de la crise pétrolière « ont doublement impacté l’activité économique », a indiqué la Banque centrale qui a précisé, néanmoins que « la capacité de résilience de l’économie nationale est renforcée par les mesures monétaire et budgétaire arrêtées par les autorités publiques ».

La mise en stand-by de l’activité économique et commerciale dans le pays a affecté le budget de l’Etat accablé, particulièrement, par de nouvelles charges induites par la crise sanitaire et financière, incitant les pouvoirs publics à prendre des mesures austères afin de gérer la situation épidémique et se préparer à l’après crise. L’arrêt des échanges commerciaux internationaux causés par la fermeture des frontières, a connu une considérable baisse du volume des importations et des exportations. Ce marasme justifie la baisse du déficit global de la balance des paiements qui s’est établi «à près de 57% durant le premier trimestre 2020 par rapport au même trimestre de 2019, passant de 5,9 milliards de dollars à 2,5 milliards de dollars», note la même source. Un recul expliqué par l’excédent «du compte capital et opérations financières de 1,623 milliard de dollars, le déficit global de la balance des paiements a baissé de 56,98%, enregistrant 2,536 milliards de dollars au premier trimestre de 2020, contre 5,896 milliards de dollars au premier trimestre de 2019». Observant l’évolution de la situation économique du pays depuis près de trois mois, les indicateurs de gouvernance et financiers ont chuté drastiquement, influençant les finances publiques en érosion permanente, malgré les mesures d’austérité prises par le gouvernement pour contenir le risque de la dépression économique, en raison de l’érosion des revenus du pays en devises et le service marchand.
Ces facteurs auront un impact «certain sur la croissance annuelle projetée», selon la nousBanque centrale, également prédit par la loi de Finances 2020 qui l’a estimée à une valeur négative (-2,63%). Evoquant dans ce contexte les perspectives pour 2020 et 2021, la BA a indiqué que « sous l’effet de la crise sanitaire et la contraction de l’activité du secteur des hydrocarbures, des services marchands et de l’industrie au 1er semestre de 2020, et de la reprise attendue de la demande mondiale au 2ème semestre suite aux mesures de déconfinement progressives confortées par les plans de relance économique annoncés ». Le retour progressif à la vie économique, la croissance « devrait rebondir en 2021 et 2022 pour s’établir autour de 3% en moyenne tirée par le dynamisme du secteur de l’agriculture et la reprise du secteur du BTP et des services marchands, notamment suite aux investissements publics annoncés par l’Etat dans le secteur de l’habitat et la réorganisation du secteur du commerce », a souligné la même source.
La reprise du marché pétrolier et le rebondissement des prix du pétrole boosteront, également, les échanges commerciaux, tout en soutenant le plan stratégique de diversification de l’activité économique ainsi renforçant les réserves de change impactées par la double crise socio-économique. « Les réserves officielles de change se sont contractées quant à elles de 3,830 milliards de dollars US à la fin du premier trimestre par rapport à fin décembre 2019 », estimant toutefois que « cette baisse est beaucoup moindre que celle enregistrée au 1er trimestre 2019 (- 7,311 milliards de dollars) ». Revenant sur le repli du déficit de la balance des paiements, la note de la banque centrale a évalué l’évolution des indicateurs de celle-ci par la baisse des importations de biens (fob) « passant de 12,578 milliards de dollars à fin mars 2019, à 9,958 milliards de dollars à la même période de l’année en cours, soit une baisse de 20,83%. Tandis que les exportations totales des hydrocarbures ont baissé, en valeur, de 29,07%, passant de 8,85 milliards de dollars au premier trimestre de 2019, à 6,277 milliards de dollars au premier trimestre 2020 ».
Dans ce dernier rapport, la Banque d’Algérie a dressé le bilan de la conjoncture économique en analysant les différents indicateurs macroéconomique et microfinance. « La masse monétaire M2 a atteint 17.039,8 milliards de dinars à fin mars 2020, contre 16.499,68 milliards de dinars à fin décembre 2019, soit une hausse de 3,27%. Alors que les crédits à l’économie, ont enregistré un léger recul durant le 1er trimestre de 2020 (-1,17%), soit 10.730,99 milliards de dinars à fin mars 2020, contre 10.857,84 milliards de dinars à fin décembre 2019». Malgré la situation économique peu confortable, la Banque d’Algérie reste optimiste quant à la mise en œuvre de nouvelles réformes financières et structurelles par la numérisation et la modernisation du réseau bancaire.
Samira Takharboucht