Pour les passionnés de fantastique

Contes orientaux

Jadis réservés à un public en mal de récits merveilleux, ces contes orientaux intéressent aujourd’hui tous les artistes : cinéastes, peintres, auteurs de bandes dessinées, etc.

Du temps où il n’y avait ni télévision, ni radio ou autres médias pour sortir du chromo quotidien, on avait pour s’évader, la lecture des contes particulièrement ceux de grands-mères quand on en avait une en état de marier, sinon les Mille et une Nuits que l’aîné de la famille ou le grand frère lisait avec le plaisir de faire rêver toute la famille, surtout pendant les longues soirées hivernales. Des contes qui remontent à des siècles, voire à plus d’un millénaire, puisqu’on y parle de Haroun El Rachid mais qui sont toujours d’actualité.

Une œuvre de tous les temps et traduite dans toutes les langues
On n’a jamais daté la période de reconstitution écrite en version arabe qu’un traducteur étranger, Galland a jugé utile de le faire passer au français pour la mettre à la portée d’un public européen intéressé par les textes de littérature arabe et composés dans quelques précisions sur les origines exactes de ces contes au professeur Bencheikh, spécialiste en traduction, s’il était encore vivant. Avant de disparaître, il a pris soin de refaire la traduction parce que la seule qui ait été faite sur les origines est celle de Galland. Quant à nous, lecteurs avertis, nous savons tout juste que ces contes ont servi de thérapie à un roi sanguinaire qui tuait chaque matin la femme qu’il prenait comme épouse d’une nuit, grâce à Chehrazad qui les lui a racontés pendant mille et une nuits au terme desquelles, la narratrice au don magique, s’est rendu compte que le roi était guéri. Quel miracle avait-elle accompli ! Les contes qui ont fait leur apparition sous forme manuscrite, n’ont pas tardé à franchir les frontières.
De l’état de manuscrit qui passait de main en main au Moyen-Orient, l’œuvre s’est retrouvée partout dans le monde, pour avoir été traduite dans les langues les plus importantes : anglais, français, espagnol, japonais, chinois, allemande. Les «Mille et une Nuits» ont aussi fait l’objet d’une parfaite adaptation au cinéma. Vous devez avoir vu au moins une fois «Ali Baba et les quarante voleurs» avec comme acteur principal Fernandel, c’est une œuvre cinématographique réussie à merveille sous le prétexte qu’elle a su actualiser un texte fictif en lui donnant l’illusion du réel. C’est de cette façon que le public d’enfants connaît «Sindbad». Les mêmes contes ont suscité de l’intérêt dans un autre domaine d’expression, la bande dessinée. Des bandes dessinées destinées aux enfants ont vu le jour sous forme de recueil et dans différentes langues, des bandes dessinées éditées officiellement pour des jeunes. On a vu ces contes adaptés à l’opéra, au théâtre. Ce qui nous fait dire que depuis des siècles, ces contes merveilleux ont eu cette capacité de répondre à une dynamique de diversité de forme ou de modes d’expression, bien qu’ils aient été de même origine qui remonte à la période ayant précédé celle des Abassides en Irak qui, à l’époque avait été le creuset des civilisations, comme celle des sumériens qui avaient inventé les premiers signes d’écriture et les chiffres, découvert les métaux sème le blé pour la première fois au monde. Ce qui a permis à ces contes de connaître le succès.
On peut même parler de consécration, y compris dans les pays d’adoption et parlant d’autres langues. Ce qui fait leur beauté, c’est leur aspect de récit fantastique qui procure du plaisir. Les origines remontent pour quelques chercheurs au temps de Bidpâi, ancêtre indou des fabulistes du monde entier. On y trouve beaucoup de légendes anciennes que la reine Schérazad a su peut-être mettre bout à bout ces récits populaires qui faisaient rêver ou donnaient à voir des perspectives d’un monde futur, meilleur que celui dans lequel on vit. Toujours est-il, qu’entre la période où ils ont été racontés pour servir la cause des femmes qui se faisaient tuer pour le plaisir d’un roi et le vingtième siècle, les contes ont été perpétués grâce à des copistes ou à des scribes qui les ont entendus passer de bouche à oreille, en suscitant auprès des exploiteurs en littérature, l’envoie d’en faire une étude thématique, lexicale, grammaticale et auprès des traducteurs celle de les faire connaître dans la langue de leur pays. Nous avons appris qu’au fil des siècles, ces récits considérés comme faisant partie des Mille et une nuits, les contes ayant été éparpillés dans divers pays, ont fait l’objet d’une reconstitution.
C’est le travail que l’on fait dans tous les genres populaires véhiculés par l’oralité. Divers ouvrages nous rapportent des informations parfois concordantes sur les résultats d’un long voyage des manuscrits d’un pays à un autre. Les conteurs en ont peut-être fait un moyen de subsistance en les transmettant à une diversité de public à majorité illettré mais intéressé par des histoires fictives qui procurent de l’émotion, du bonheur au cours de périodes où les défoulements à vocation thérapeutiques étaient inexistants. Des masses d’ouvriers de gens ignorant la lecture et l’écriture réservées de leurs temps à de rares privilégiés devaient attendre patiemment ces conteurs comme les Grecs de l’Antiquité attendaient sur les places publiques qu’arrivât Homère qui racontait des légendes comme celles d’Ulysse. Mais il a dû arriver à «Alef lila wa lisa» ce qui est arrivé à la poésie qui à force d’être récitée, a fini par attribuer à des productions poétiques des noms d’auteurs qui, en réalité ne le sont pas. Qui peut prouver qu’aujourd’hui que tous les contes réunis des «Mille et une Nuits» sont sortis de la bouche de la reine au profit de son maître qui la menaçait de mort ? Quant à la mise en forme en langue arabe, les spécialistes de la langue classique, trouvent que les «Mille et une nuits» sont loin de constituer une référence en tout point de vue : lexical, sémantique, syntaxique. Allez comprendre !
Abed Boumediene