Reprise de l’activité judiciaire et d’enquêtes sur le terrain

Détournement du foncier et des biens de l’Etat

De nouveaux éléments sont apparus dans le dossier des élus de Annaba impliqués dans différentes affaires de détournements de terrains fonciers du secteur public. Ce que confirme la sortie, de lundi dernier, d’une commission d’enquête sur le terrain. Présidée par un inspecteur dépêché expressément par le ministère de la Justice, elle a pour mission de déterminer avec exactitude le préjudice commis au détriment de la commune de Annaba chef-lieu.

Ses membres représentent différentes institutions de l’Etat dont la justice, la sûreté nationale, la Gendarmerie, l’urbanisme, les domaines et autres spécialistes du foncier. Ils se sont arrêtés sur un terrain dont l’attributaire est connu pour ses accointances avec le député Baha Edine Tliba. Ce dernier est lui-même incriminé dans le dossier. Les enquêteurs ont procédé au contrôle de la conformité de l’activité du lieu d’implantation par rapport au dossier d’agrément. Ils se sont intéressés au moindre détail allant jusqu’à relever le jeu d’influence appliqué par le bénéficiaire mis en cause par les services judiciaires objet du déplacement des membres de la commission. Il s’est avéré que, sous l’impulsion du député emprisonné, le sieur a changé son activité pour s’investir dans une centrale à béton dont la production est plus lucrative. Le dossier est lourd. Il comporte des noms d’anciens décideurs, députés à l’influence certaine sur la gestion des affaires du pays. Ils ont été mis en cause par la justice depuis septembre 2019. Il leur est reproché des actes de détournements fonciers à Oued Forcha (Annaba).
Certains ont été convoqués sur le site par la commission d’enquête. Composée de magistrats, de fonctionnaires de différentes administrations de l’Etat, de gendarmes et de policiers, celle-ci est appelée à déterminer avec exactitude leur degré de participation dans la mise à sac du patrimoine foncier de la commune chef-lieu de Annaba. Selon des sources proches de l’enquête, les documents en possession de la commission laissent apparaître qu’un des terrains en question devait servir initialement d’assiette d’implantation d’un centre commercial. Au lieu et place, c’est une centrale à béton qui a été érigée malgré les protestations des riverains. C’est que la zone en question est située en bordure de la RN 44. Là où les constructions et établissements socio-économiques poussent comme des champignons. C’est-à-dire exploitation d’importantes quantités de béton. Y sont implantés, entre-autres, la nouvelle ville de Draâ Erich avec quelques 50.000 logements sociaux et locaux commerciaux et du côté de Berrahal, le pôle urbain de Kalitoussa prévu pour 7.000 unités. C’est cette perspective qui intéressait l’investisseur.
Ce que, avec l’influence du député, il se proposait de réaliser illégalement sur une assiette de 1 ha située dans une zone écologiquement sous protection. Et c’est ce qu’il a fait malgré les protestations des habitants des cités et quartiers du voisinage avec la bénédiction de l’APC chef-lieu de wilaya Annaba sous l’influence de l’ex-député de Annaba. Il a été le premier mis en cause à être convoqué par la commission après les élus de la commune. D’où la satisfaction générale qui a suivi la décision du ministère de la Justice de reprendre le dossier Baha EddineTliba L’enquête judiciaire qui avait été suspendue pour cause de pandémie du Covid-19 a donc repris sur le terrain ce dernier lundi. Nos sources indiquent que plusieurs victimes des agissements de l’ex-député ont été auditionnés y compris des représentant de start-ups.
Intéressés par une assiette de terrain à même de leur permettre de matérialiser leur projet, ils avaient vainement multiplié les démarches auprès de la commune de Annaba. Cette reprise des dossiers judiciaires a fait grand bruit dans la wilaya de Annaba. Et même dans le pays de par ce qu’ils comportent comme actes d’atteinte à l’économie nationale. Ils sont synonymes de piétinement du droit et de la légalité. Des actes commis au vu et su de tous sous l’ancien système. Reprise attendue d’autant plus qu’elle intervient après les déclarations du ministère de la Justice sur la reprise des audiences dans les Cours et tribunaux. Satisfaction unanime donc relevée dans le milieu populaire qui, au niveau des institutions judiciaires, attend parfois avec impatience la comparution de certains apparatchiks de l’ancien système afin qu’ils répondent de leurs actes. En tout état de cause la sortie ce dernier lundi d’une commission d’enquête riche de plusieurs membres spécialistes de la justice, des services de sûreté, des communes, wilaya, des domaines et bien d’autres services, n’est pas passé inaperçue. Elle est amplement discutée par le commun des citoyens de par ce qu’elle représente comme retour de la crédibilité de l’Etat.
A. Djabali