«L’harmonie ne vient pas naturellement, il faut aller la chercher»
Djaffer Aït-Mouloud (ex-président de la FAHB) :

Djaffer Aït-Mouloud, ex- président de la Fédération algérienne de handball (2009-2013), est aujourd’hui directeur technique sportif, section handball de la JS Kabylie. Il se confie à notre journal et explique, malgré les insuffisances, le soutien de la FAHB qui leur permet de concrétiser leurs différents projets.
La Nouvelle République : Tout comme le football ou autres secteurs sportifs et économiques, la pandémie a eu raison de la saison de handball ? Djaffer Aït Mouloud : Tout d’abord, je suis ravi de vous accueillir et de parler un peu de cette discipline qui n’occupe pas la même scène médiatique comme le football, malgré sa quote-part. Pour répondre à votre question, oui, on est vraiment peinés. Nul n’est épargné. Une situation qui a pratiquement remis en cause toutes nos stratégies de développement. La Fédération et les Ligues sont à l’arrêt. C’est la suspension de tout le championnat qui s’est finalement imposée devant l’ampleur de la pandémie du Covid-19. Enfin, si cela venait à durer plus longtemps, ce serait impossible de reprendre. J’ajouterai, si vous le permettez, les conséquences économiques de l’arrêt de tous les championnats auront de sérieuses répercussions sur les clubs, ce qui inquiète nombre d’acteurs sportifs.
Le président de la Fédération, Labane déclarait récemment «je refuse que les championnats soient décalés au-delà des dates que j’ai avancées, car cela risque de perturber le calendrier de l’équipe nationale, déjà tracé pour l’année 2021». Qu’en pensez-vous ?
Espérons que cette épidémie n’est que passagère (trois à quatre mois). Oui, Labane veut éviter une saison blanche, et c’est tout à fait normal. On ne peut pas entamer une nouvelle saison sportive sans avoir terminé la précédente. Il faut désigner les champions qui représenteront l’Algérie aux compétitions internationales. Il y a les équipes qui rétrogradent en division inférieure. Ce ne sera pas chose facile pour gérer une situation pareille.
Disons à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles…
En effet… On croit savoir que la reprise du championnat 2019/2020 serait en septembre. Les clubs entameraient leurs préparations en juillet/août.
Vous semblez être optimiste malgré les dégâts financiers que vous évoquez il y a quelques secondes ?
L’optimisme est le sens même de ce qui caractérise un sportif. Malgré mon optimisme, la situation sera, enfin, elle est déjà très difficile à surmonter. Aujourd’hui les clubs sont confrontés à un gros problème, notamment pour les clubs amateurs malgré les subventions qu’ils reçoivent de l’Etat, l’APW, l’APC, de la direction de la jeunesse et des sports, et de quelques sponsors.
Ne pensez-vous pas que ces clubs doivent penser à prendre des initiatives pour éviter le pire ?
Vous avez parfaitement raison. Il est temps que ces clubs s’organisent et se structurent en mettant en place des cellules de communication et de marketing (chose qui n’existe pas au niveau de la majorité des Fédérations, Ligues, associations sportives et culturelles). Ce dont nous souffrons aujourd’hui, c’est le manque de communication qui est, comme vous le savez, une valeur, une aspiration, mais aussi une véritable industrie capable de confirmer l’évolution de ce sport qui exige de nouvelles mentalités, non seulement, mais aussi et surtout des idées neuves.
Facile à concrétiser ou pas ?
Dès l’instant que nous avons une formidable jeunesse qui maîtrise les nouvelles technologies. C’est ce que nous consommons quotidiennement que ce soit au travail, à la maison, ou encore dans nos pratiques sportives. Le digital lui-même a bouleversé le monde du sport. Une avancée qui permet d’ailleurs aux moins expérimentés de s’intéresser de près à la discipline.
Vous êtes un Monsieur Com ?
Non pas du tout, mais je considère la communication comme une véritable industrie. La Fédération ou encore les clubs doivent avoir des agences conseils en com. Cela fait partie des nouvelles techniques de gestion.
Et l’innovation pour vous, c’est quoi ?
C’est d’abord ces actions qui passent par la diversification de l’activité comme le handball des quartiers, Le handball féminin, Le handball inter-villages qui est une spécificité de notre région (kabylie). Le beach-hand durant la période estivale (Tigzirt/Azzefoun), baby-hand (6/7) ans, la création des écoles de handball (7/8/9/10/11/12/13 ans).
Tout ça est possible ou pas ?
Rien n’est impossible. Ce qui me passionne, c’est ce que le sport peut représenter comme vecteur de mieux-vivre et de mieux-faire ensemble. Je dis que rien n’est impossible, tout se construit. Mais dans l’immédiat, ce qui intéresse les joueurs, ce ne sont pas les titres mais comment préparer psychologiquement et physiquement ces titres. L’insuffisance des subventions allouées par l’Etat à ces associations sportives sont tellement limite-limite qu’elles ne peuvent malheureusement permettre à ces dernières de produire ce qui est attendu d’elles. Dans notre cas, CSA JSK, nous ne pouvons rassembler les meilleurs athlètes de la région. Il faut beaucoup de moyens, mise en place d’une cellule de Com’ au niveau de l’organigramme de chaque association en l’occurrence du marketing et du sponsoring. C’est comme ça que l’on pourra fournir des athlètes de bon niveau pour représenter la région et les équipes nationales. J’ajouterai enfin que l’harmonie ne vient pas naturellement, il faut aller la chercher.
Propos recueillis par H. Hichem